Juillet 2025 :
"Ne vous inquiétez de rien,
Mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière
ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un coeur reconnaissant."
Philippiens 4.6
NOUVEAU
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Les jeunes nés en 2014, ou avant, qui souhaitent commencer leur cursus de catéchisme en septembre 2025, en vue de la confirmation en 2028, peuvent contacter la pasteure par mail : lauriane.kuhm@uepal.fr
Une réunion d'informations aura lieu le jeudi 26 juin à 19h à la salle paroissiale de Furchhausen.
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LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.
Autour de notre fête nationale, la « fraternité » dans la Bible nous questionne : nos deux premiers frères sont Caïn et Abel. À leur propos, un enfant écrit une lettre à Dieu : « Cher Dieu. Peut-être que Caïn n’aurait pas tué Abel s’ils avaient eu chacun leur chambre. Avec mon frère, ça marche » (Jules, Lettres à Dieu, Bayard, 1998, page 48 cité in Anne-Laure Zwilling : Frères et sœurs dans la Bible, Cerf, 2010)
Autrement dit : peut-on avoir un frère sans avoir envie de le tuer ? Les récits bibliques de frères n’ont rien de paisible mais abordent cette relation par leur face obscure : Ésaü et Jacob, Joseph et ses frères … on y trouve de l’envie, de la rivalité voire de la haine.
Dès l’« origine » les deux frères sont proches et différents : Caïn est l’aîné, Abel le cadet, Caïn est désiré, accueilli, il a sa place dans la parole de sa mère, Abel non ! Caïn a une généalogie, il est situé par rapport à Dieu, Abel non ! Le nom Caïn vient du verbe acquérir, il a été acquis, il a de la valeur ! Le nom Abel veut dire fumée, vapeur. Il s’évapore, il ne vaut rien !
Genèse 4 raconte ainsi que les gens naissent dans un contexte avec des places et des attentes déjà posées, des inégalités de naissance, de famille et de société. Mais que faisons-nous de cette inégalité ? Pourquoi, dans le début du récit, Caïn le privilégié et Abel le défavorisé ne réagissent-il pas ? Et pourquoi quand Abel devient « privilégié » ne réagit-il pas ? L’éternel second victime silencieux devient le premier toujours silencieux ! Ayant perdu en statut, Genèse 4 ne dit pas comment Caïn aurait pu réagir bien, mais montre l’impasse de Caïn, pour que le lecteur n’y aille pas.
Et Dieu, l’instance de référence, l’autorité ? Serait-il comme nous avec des préférences, carnivore plus que végétarien ? Ou bien Dieu ferait de la discrimination positive : comme Caïn a la première place et toutes les faveurs et qu’Abel n’est « rien », Dieu compense cette inégalité en donnant une reconnaissance au cadet Abel ; le Dieu biblique porte souvent un regard favorable sur celles et ceux qui sont « petits » aux yeux du monde ! Une autre interprétation serait : Dieu teste les humains, il expérimente : Caïn est-il capable de ne plus être le grand premier ? Que cela fait-il si on inverse les rôles ? Et comment le lecteur – vous, moi – va-t-il réagir, comprendre, interpréter ? Et ce qui ne s’exprime pas par la parole va s’imprimer dans le corps.
Puis Dieu intervient comme un tiers qui avertit Caïn que cette inégalité vécue comme une injustice peut se transformer en colère et en violence « comme une bête tapie qui va prendre le dessus sur toi ». Les problèmes sont posés sans que des solutions soient proposées.
Le récit ne s’arrête pas au meurtre. Dieu conduit Caïn à reconnaître sa faute et va lui permettre de vivre avec ce souvenir du frère assassiné. Abel absent restera pour toujours présent et sera la condition de l’humanité de Caïn : l’histoire du frère survivant est l’histoire du frère mort. Et Dieu donne le signe qui rappellera le frère absent mais qui dira aussi la présence de Dieu auprès de Caïn pour l’avenir.
Dans la famille biblique, comme dans nos familles humaines, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. La Bible n’est pas un manuel de bonnes paroles pour enfants sages, mais des récits qui placent notre histoire, celles aussi tragique et sombre que Genèse 4, sous le regard de Dieu.
Les récits bibliques disent les difficultés, permettent alors de mieux voir et donc d’avancer ; ils évoquent une relation fraternelle en devenir, en possible, et avertissent sur les impasses, comme se débarrasser de celui qui me gênerait.
Fraternité… que des hommes en rivalité et en mal de faire de la place à autre que soi-même. Et les sœurs ? Le récit de Léa et Rachel (Genèse 29-31) montre qu’elles sont d’abord filles de, épouses de, maman de…: dans cette rivalité sociale, patriarcale, les deux sœurs arriveront à construire un espace de négociation qui donnera à chacune de construire un avenir propre. Mais ce serait un autre édito.
Après la lettre de Jules, voici celle de Matthieu : « Cher Dieu. Je pense que ça doit être dur pour toi d’aimer les gens du monde entier. On est quatre dans la famille, et je n’y arrive pas » (op. cit. p. 48).
Pour écouter le message entier : c’est ICI
(Culte UEPAL à l'occasion de la Fête nationale).
Pierre Magne de la Croix : Pasteur, vice-président de l’Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine, président de l'Église protestante réformée d'Alsace et de Lorraine.