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Actualités

Vivre l’essentiel
Nourrir les membres de nos communautés de l’essentiel, à savoir l’étude de la Bible, la prière, la célébration des cultes et sacrements, l’accompagnement des personnes. Inviter chacune et chacun à approfondir la foi chrétienne pour mieux témoigner dans le monde.
En cohérence avec la résolution de l’Assemblée de l’Union de 2021 sur l’évangélisation, oser proposer l’Évangile à celles et ceux qui ne le connaissent pas. Élaborer une catéchèse d’adultes pour commençants, recommençants, construire un chemin vers le baptême à tout âge.

Une Église engagée pour la préservation de la planète et le vivre ensemble
Face à l’urgence climatique et démocratique, s’unir devant les défis contemporains de survie et de justice fondamentales. L’engagement dans « Église verte » devrait être visible de tous, dans nos bâtiments, fêtes, choix de menus etc. Faire connaître et vivre notre culture du débat, de la controverse, du dialogue comme contribution à la préservation de la démocratie.

Être courageux et communiquer
Être une Église courageuse, profilée, dont le message soit lisible et audible de l’intérieur et de l’extérieur. Investir dans la communication : le numérique, les réseaux, faire connaître qui nous sommes, là où se trouvent les gens. Communiquer, dans un langage simple, audible des jeunes, sur nos spécificités, nos positions éthiques : la place des femmes, l’accompagnement des personnes victimes de violence, la lutte contre les extrémismes, l’accueil inconditionnel, nos placements financiers etc.

Un langage commun
Le sentiment d’appartenance à une même Église s’acquiert et se renforce à travers l’exercice d’un langage commun. De nouvelles liturgies sont expérimentées qui nous donnent un cadre commun. Hymnologie et liturgie font l’objet d’un travail commun avec l’Église Protestante Unie de France.

L’art (musique, théâtre, danse, peinture, valorisation du patrimoine, utiliser nos lieux pour faire connaître le protestantisme)
Notre héritage est considérable. La Réforme a donné au chant et à la musique une place privilégiée. Pratiquer le chant ensemble et redonner voix au peuple. Tradition et création se côtoient pour nourrir la foi. L’animation culturelle est une passerelle à ne pas négliger pour inviter chez nous et nous aider à sortir de l’entre-soi.

Faire place aux jeunes
Aller vers les jeunes, écouter leurs souhaits et suggestions, les aider à trouver leur place et prendre des responsabilités dans notre Église. Intégrer leur revendication d’une horizontalité et d’un mode participatif accrus. Groupes de jeunes, voyages, grands rassemblements, actions solidaires, formation à la prise de parole, prise de décision, les intégrer dans nos réflexions en musique, liturgie, sur la masculinité, les sujets sociétaux etc.

Vivre l’Église universelle
Nous ne sommes qu’un fragment d’Église. Renforcer le sentiment d’appartenir à une même famille au niveau national, international, interconfessionnel. L’œcuménisme et les collaborations multiples ne sont pas optionnelles. S appuyer sur nos partenaires au loin (Action Chrétienne en Orient, CEVAA, DEFAP, Mission 21) et au près (Communion Protestante Luthéro-Réformée, Fédération Protestante de France, Communion des Églises Protestantes en Europe - Concorde de Leuenberg, Communion Mondiale des Églises Réformées, Fédération Luthérienne Mondiale) pour élargir notre horizon, travailler la théologie et être solidaires.

Prendre soin des petits
La diaconie c’est l’espérance en action. Elle draine bien au-delà de nos cercles habituels. Être là pour d’autres est le cœur de la mission de l’Église. Le témoignage est perçu. Œuvres sociales, mouvements et aumôneries sont au travail. Vestiaire solidaire, soutien alimentaire et financier, formation pour résorber la fracture numérique, accueil des migrants, accompagnement des malades et de leurs proches. Ces réalités devraient s’incarner dans chaque consistoire. Il apparaît pertinent que chaque communauté ou secteur porte et soutienne un projet particulier dans le souci de ne pas déconnecter le terrain des missions fondamentales extra-paroissiales.

Accompagner le changement – Formation continue
Dans dix ans, notre Église sera plus petite et comptera beaucoup moins de pasteurs, elle prendra un nouveau visage. Ensemble, il nous faut redessiner la carte de notre présence d’Église. Milieu rural et villes n’opteront pas forcément pour les mêmes priorités. Où mettre nos forces, comment les équipes pastorales et les différents ministères se répartiront-ils les tâches ? Faut-il imaginer des paroisses profilées, des pôles thématiques ? Tout peut être imaginé. Le principal enjeu est d’offrir accompagnement et sens. Pour réussir cette mutation, il nous faut construire l’adhésion.
A côté des ministres reconnus (pasteur·e·s, diacres, animatrices et animateurs communautaires, aumôniers, évangélistes), les laïques auront de plus en plus de responsabilités. Une formation continue pour les outiller apparaît indispensable.

Mutualisation et soutien
Une Assemblée Générale Extraordinaire de l’ESP (Entraide et Solidarité Protestantes) sera convoquée en 2025 pour explorer trois nouvelles pistes de mutualisation et soutien pour la gestion de l’immobilier, la gestion des terres d’Église, l’animation et gestion financière des paroisses et CIOM (Communauté, Institution, Œuvre, Mouvement). Ce virage, pris par les paroisses ou CIOM qui le souhaitent, permettra de répondre à la demande d’être déchargé des questions matérielles, à optimiser le patrimoine, le préserver dans un souci économique et écologique et en confier la gestion à des professionnels face aux normes qui se complexifient.

Dégagez, parmi tous ces chantiers, ceux qui vous semblent prioritaires. Merci de nous faire parvenir vos remarques, priorités, interpellations ou questions en prenant contact avec un·e Conseiller·ère presbytéral.

Une femme d’Eglise interpelle publiquement en chair Donald Trump sur les migrants et les homosexuels. Cette femme s’appelle Marianne Edgar Budde. Elle est de confession épiscopalienne. Et elle est évêque de Washington.

Mardi 21 janvier, pendant le service religieux célébré dans la cathédrale, pour l’entrée en fonction du nouveau président des Etats-Unis, elle a prononcé un sermon qui fera date.
En effet, devant Donald Trump et sa famille, et les représentants de la nouvelle administration américaine, elle a interpellé directement le nouveau chef de la Maison blanche sur le respect dû aux migrants et aux personnes homosexuelles et transgenres.

D’une voix ferme et non dénuée d’émotion, mais aussi de courage, elle a déclaré :
« Permettez-moi une dernière prière, Monsieur le président.
Des millions de personnes ont placé leur confiance en vous et, comme vous l'avez dit hier à la nation, vous avez senti sur vous la main providentielle d'un Dieu aimant.
Au nom de notre Dieu, je vous demande d’avoir de la miséricorde pour les habitants de notre pays qui sont à présent terrifiés.
Il y a des enfants et des jeunes gays, lesbiennes et transgenres dans des familles démocrates, républicaines et indépendantes. Et certains parmi eux craignent désormais pour leur vie.
Et puis il y a des personnes... ces personnes qui cueillent nos récoltes, qui nettoient nos immeubles de bureaux, qui travaillent dans les élevages de volaille et les usines de conditionnement de la viande, qui lavent la vaisselle après nos repas dans les restaurants et qui travaillent de nuit dans les hôpitaux... Peut-être ne sont-ils pas des citoyens en règle, avec les papiers adéquats. Mais la grande majorité des immigrants ne sont pas des criminels. Ils paient des impôts et sont de bons voisins. Ils sont des membres fidèles de nos églises, mosquées, synagogues, gurdwaras (lieux de culte des Sikhs) et temples.
Je vous demande d’avoir de la miséricorde, Monsieur le Président, pour les membres de nos communautés dont les enfants craignent que leurs parents leur soient enlevés, et d’aider ceux qui fuient les zones de guerre et les persécutions dans leur propre pays à trouver ici, en Amérique, compassion et accueil.
Notre Dieu nous enseigne que nous devons être miséricordieux pour l’étranger, car nous avons tous été un jour des étrangers dans ce pays.
Que Dieu nous donne la force et le courage d’honorer la dignité de chaque être humain, de nous parler les uns aux autres en vérité dans l’amour et de marcher humblement les uns avec les autres et avec notre Dieu, pour le bien de tout notre peuple, pour notre bien à tous, peuples de cette nation et du monde. Amen. »

Donald Trump a qualifié l’évêque de « radicale de gauche » et a estimé que ses propos étaient non seulement malvenus, mais aussi manquaient de pertinence. Selon lui, elle avait « ramené son église dans le monde politique » d’une manière qui était « désagréable et peu inspirante ». En outre, il a déploré que l’évêque n’ait pas évoqué les questions graves liées à l’immigration illégale, telles que la criminalité, et a estimé qu’elle devait des excuses publiques à la communauté.

Commentaire de Tribune Chrétienne :
« Dès lors, la question demeure : l’évêque Marianne Edgar Budde doit-elle s’excuser auprès de Donald Trump pour avoir politisé un moment de prière et pour avoir fait abstraction des préoccupations sécuritaires et des tensions sociales que soulève la question de l’immigration illégale, des droits des gays et des transgenres ?
Ou, au contraire, ses propos reflètent-ils une position morale légitime dans le cadre de son engagement en faveur des plus vulnérables ? Ce débat soulève des interrogations importantes sur le rôle des figures religieuses dans les discussions politiques et sociales actuelles. »

Commentaire de Michel Cool-Tadel :
« Puisse le courage de cette femme, de cette évêque, de cette chrétienne nous rappeler que la vocation chrétienne dans une société, n’est pas de s’écraser devant les puissants, politiques ou commentateurs en vogue, ou les majorités circonstancielles de l’opinion. Elle n'est pas non plus de prendre pour argent comptant la récupération idéologique qui peut être faite de la religion, de la foi même. Au contraire, à l'exemple de Marianne Edgar Budde on peut respectueusement, mais sans tergiverser, contredire et remettre à sa place un pouvoir, une politique, une idéologie même et surtout quand ceux-ci sont au zénith, jouissent de la gloire et de la popularité.
C'est l'honneur chrétien de faire entendre la liberté chrétienne quand la dignité humaine est menacée ou bafouée. 
Les réalités de notre temps dur, dangereux et difficile ne souffrent plus la naïveté, ni l’indifférence ou l’"aquoibonisme » (« à quoi bon ? ») fustigé naguère par Bernanos. L’heure est à la clairvoyance et au courage.
Pour reprendre la judicieuse métaphore de la truite, qu’employait souvent feu le cardinal Godfried Danneels (ancien archevêque de Malines-Bruxelles), le chrétien est appelé à nager souvent à contre-courant. Et que pour ce faire, il lui faut puiser de l'audace, de la liberté et de l'intelligence dans le seul trésor qu’il possède : l’Evangile, rien que l’Evangile, ni plus, ni moins. »

2024 se termine. Une année qui a été riche en évènements joyeux, dynamiques, douloureux, ou déstabilisants… Beaucoup d’entre nous se posent une question importante : où allons-nous ?

Et si la réponse était : « À Bethléem » ? En effet, dans la nuit de Noël, dans cette localité, un signe nous est donné : « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Luc 2, 12). La nuit appelle le jour. Pour le bébé, il y a la promesse d’une croissance, d’une liberté qui s’épanouit.

Une charité active
Parmi les grands textes bibliques médités pendant l’Avent, le prophète Isaïe (40, 1) transmet ce cri de Dieu : « Consolez, consolez mon peuple… » Nous avons entendu pleurer bien des personnes, bien des peuples, bien des nations au cours de cette année.

Parmi les grâces de Noël, il y a la compassion, cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent. Portons dans nos cœurs les peuples qui connaissent la guerre, la grande pauvreté, les déplacements, l’insécurité… Les personnes pour qui Noël n’est pas un jour de fête car isolées ou malades, marquées par toutes sortes de précarités.

C’est vers eux que nous pousse ce temps de Noël ! Il n’y aura pas de Noël sans une charité active !

Visage de Dieu
Dans son ouvrage « L’ami de Dieu », le pape François commente : « Même l’incarnation, le fait que Dieu assume de prendre un corps humain, a voulu signifier que Dieu Lui-même ne pouvait rester amour sans devenir visage… L’amour demande, réclame un visage, et quiconque connaît l’Écriture le sait : qui cherche Dieu cherche un visage. »

On devient humain dans un vis-à-vis ; c’est l’expérience humaine fondamentale. En ce jour de Noël que Dieu bénisse chacune de nos familles, nos amis, nos collègues… Que Dieu bénisse nos relations interpersonnelles qui nous permettent de grandir dans l’Amour !

Soyons des visages de Dieu qui veut faire de tous les êtres humains ses enfants ! Plus nous serons humains les uns avec les autres, plus nous serons divins, rayonnant le visage de Dieu !

Rencontre
Bethléem, finalement, c’est la terre de la rencontre, de la nouveauté, de l’agir, d’un avenir désormais possible !

Invités à accueillir le visage de Dieu, mettons-nous en route les uns vers les autres, en particulier vers celles et ceux qui souffrent ! Ouvrons ensemble les chemins d’espérance !

Joyeux et profond Noël 2024. Nous marcherons ensemble sur les chemins de Dieu et de l’humanité en 2025 !

Mme Isabelle Gerber, présidente de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine
Mgr Philippe Ballot, évêque de Metz
Mgr Pascal Delannoy, archevêque de Strasbourg

A l’occasion de la fête de Yom Kippour, le 12 octobre cette année, le rabbin Olivier Kaufmann et le théologien Antoine Nouis confrontent leurs traditions et échangent sur cette fête, considérée comme une des plus saintes dans le judaïsme. Yom Kippour cristallise beaucoup de malentendus et de divergences entre juifs et chrétiens, autour de la culpabilité, de l’expiation et du pardon. Nous reprenons ci-après les principaux éléments de ce dialogue.

De nombreuses personnes pensent que célébrer Yom Kippour efface les fautes d’un coup de baguette magique, mais c’est très réducteur. Cette fête est précédée d’un temps d’expiation, 40 jours de préparation au cours desquels les offices adoptent un rituel particulier.

Le rabbin Olivier Kaufmann souligne que Yom Kippour s’inscrit dans notre relation à Dieu. Cette fête s’enracine dans le moment historique où Moïse redescend de la montagne avec des nouvelles tables de la loi et annonce - et c’est une révolution au sein du peuple d’Israël - que l’annulation des fautes, l’expiation, le pardon, sont possibles. Mais il est important de faire une distinction entre les fautes commises envers son prochain et les fautes commises envers Dieu. A Yom Kippour on ne parle que des fautes commises envers Dieu. Les fautes commises à l’égard des humains doivent se réparer entre humains, Dieu n’y peut rien.

Il n’en va pas de même dans le christianisme. Antoine Nouis rappelle que, si les deux commandements « tu aimeras ton prochain comme toi-même » et « tu aimeras Dieu », sont énoncés de manière dissociée, ils sont articulés entre eux, reliés, parce que pécher contre son prochain c’est pécher contre Dieu.

Un point particulier de la tradition chrétienne demeure étrange et peut être mal compris pour les juifs : Jésus rachète toutes les fautes, y compris celles commises entre humains, elles sont donc effacées sans actions humaines.

Antoine Nouis répond qu’on est là au cœur de la foi chrétienne. Le pardon a été donné, ce qui change notre conception de la justice. Luther disait « je ne suis pas juste parce que j’accomplis des actes de justice mais c’est parce que je suis juste en Jésus-Christ que je peux accomplir des actes de justice. » Donc les actes de réconciliation ne sont pas la cause du pardon mais la conséquence du pardon qui a été donné.

Mais on peut alors objecter : si le pardon a été donné par Jésus Christ, pourquoi agir ?

Antoine Nouis dénonce cette dérive du christianisme, et rappelle que le théologien D. Bonhoeffer l’appelait « la grâce à bon marché ». Si je suis pardonné, je peux vivre comme je l’entends ! Le pardon est une brûlure et si on entend le prix, le coût, la réalité de ce pardon, cela doit changer quelque chose en nous et dans notre rapport au prochain.

Le rabbin Olivier Kaufman identifie là quelque chose qui sépare juifs et chrétiens. Pour les juifs, il y a une responsabilisation de chacun et c’est pourquoi on a cette période avant Yom Kippour, où chacun est appelé à aller à la recherche de l’autre. Il va lui demander pardon une fois, deux fois, et si la troisième fois le pardon n‘est pas donné, la faute aura changé de camp. Certes on dit que Dieu est en bas dans les champs et qu’il attend notre retour, mais comment prétendre parler à Dieu si auparavant on n’a pas fait ce travail ? Dans ce travail actif, qui est une démarche de séduction, de reconquête du cœur, Dieu n’intervient pas.

Pour les chrétiens, l’approche diffère subtilement. En particulier, pour les protestants, rappelons que selon la première des 95 thèses de Luther, il nous faut tous les jours faire repentance, retourner vers Dieu pour entendre que nous sommes pardonnés. Cet exercice quotidien travaille notre rapport au prochain.

Dans la tradition juive, ce travail de repentance est mis en gestes et en verbe autour d’une notion centrale, celle de vidouï, confession ou plutôt formulation des fautes, comme dans une psychanalyse. Le croyant est invité à énoncer clairement « j’ai fait telle faute ».

Antoine Nouis remarque un parallèle dans le fait que dans les cultes dominicaux protestants, il y a un moment qui se nomme confession des péchés où l’on nomme la faute.

Dans la liturgie juive on va formuler les fautes en se frappant la poitrine, en se plaçant devant Dieu, même pour les fautes interpersonnelles. Il y a un travail d’introspection, de formulation mais toujours devant Dieu. Même dans la faute chacun reste relié à Dieu. Il est vrai que selon certains rabbins, la faute nous éloigne de Dieu, mais elle n’a pas le dernier mot. Cette fête est pleine de paradoxes. Elle comprend un temps de mortification, notamment un jeûne. Mais c’est aussi un jour de joie. Dans certaines liturgies, même la formulation de fautes est chantée dans un rythme joyeux.

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Communiqué de Presse Conférence des Responsables de Culte en France (CRCF*)

Le 9 octobre 2023, responsables religieux catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et bouddhistes, nous exprimions ensemble notre effroi et notre profonde tristesse face à la barbarie du Hamas.
En ce 7 octobre 2024, nous peinons à prendre la mesure des traumatismes, sans précédent pour notre génération, engendrés par ces actes terroristes mais aussi par les populations civiles, victimes collatérales de la réponse militaire israélienne. Elles emportent tragiquement plusieurs milliers de victimes. Nous nous inclinons devant l’immense souffrance de celles et de ceux qui ont perdu un être cher dans des conditions atroces, celle des otages et de ceux qui, parents d’otages, ont traversé tant de mois dans l’incertitude et l’angoisse. Nous portons aussi dans notre cœur et notre chair l’immense souffrance des civils israéliens, palestiniens et libanais, des familles meurtries, des existences anéanties, livrées à la terreur et aux ravages que produit la guerre. Nous réprouvons les exactions commises en Cisjordanie. Nous nous inquiétons vivement des conséquences durables de tant de violences, terroristes ou militaires, chez ceux et celles qui les subissent et ceux et celles qui les exécutent.
Nous mesurons combien les événements au Proche-Orient pèsent sur la société française. Pour les juifs et pour les musulmans, les blessures sont vives et douloureuses.
La haine et les discriminations antimusulmanes se multiplient de manière inquiétante et les actes antisémites ont encore augmenté de manière exponentielle. Alors que, dans notre société profondément polarisée, le dialogue est plus important que jamais, même les relations interreligieuses sont mises à l’épreuve, voire gelées. L’expérience heureuse de l’aumônerie au centre multiconfessionnel du village olympique et la fraternité vécue dans le cadre du programme de formation EMOUNA (formation interreligieuse portée par Sciences Po) montrent pourtant que la fraternité demeure possible. La solidarité interreligieuse vécue après les attaques des synagogues de Rouen et de la Grande Motte en ont fourni une nouvelle preuve. Il tient à nous de ne pas importer en France ce conflit.
Aussi nous, responsables religieux catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et bouddhistes, appelons à la libération de tous les otages, à un cessez le feu et réaffirmons ensemble nos valeurs communes.
Nous réprouvons la violence sous toutes ses formes, et déplorons le nombre insupportable de victimes civiles. Nous condamnons la prise d’otages civils ou militaires et appelons à leur libération immédiate. Nous condamnons tout discours appelant à la haine et à la destruction.
Nous appelons à la prière pour le peuple israélien, pour le peuple palestinien, pour le peuple libanais et pour le peuple iranien qui se trouvent aujourd’hui pris dans une logique de guerre, pour ceux et celles qui sont endeuillés, pour ceux et celles qui ont été pris comme otages ou vivent l’angoisse d’un proche kidnappé, pour tous ceux qui sont déplacés, et dont les moyens de subsistance sont précaires. Nous exprimons notre gratitude pour les organisations qui travaillent à maintenir soins médicaux et approvisionnement.
Nous invitons les forces politiques, religieuses, culturelles, du monde entier à agir pour qu’une paix juste et durable puisse se construire dans toute la région. Nous demandons aux responsables politiques de notre pays à travailler pour une action concertée de la communauté internationale et à rappeler aux belligérants la nécessité du respect du droit international humanitaire.
Nous appelons nos concitoyens, croyants ou non, à préserver et cultiver les relations fraternelles qui lient les uns aux autres dans le respect et l’attention mutuelle ; à rejeter fermement tout antisémitisme, toute haine antimusulmane, tout racisme, tout mépris ou discours de haine et de mort, toute stigmatisation de tout ordre ; à rechercher inlassablement la vérité et la justice en vue de la paix. Nous nous engageons à agir toujours en ce sens.
Plus de 30 ans après la dernière initiative de paix qui avait été portée par les accords d’Oslo, il est grand temps de comprendre qu’une politique prétendant utiliser la violence à son profit ne peut aboutir et que la recherche de la paix est indispensable. Les responsables politiques en ont le grave devoir. Les armes doivent se taire et la fraternité revenir. Le droit international, si imparfait soit-il, doit redevenir le socle du processus à ouvrir.

*La CRCF regroupe des responsables représentant les instances du bouddhisme, des Églises chrétiennes (catholique, orthodoxe et protestante), de l’islam et du judaïsme.

Pasteur Christian Krieger, Président de la Fédération protestante de France
Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France
Monseigneur Dimitrios, Président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France
Monsieur Haïm Korsia, Grand Rabbin de France
Maître Chems-Eddine Hafiz, Recteur de la Grande Mosquée de Paris
Monsieur Antony Boussemart, Président de l’Union bouddhiste de France

Lors d’une récente veillée de Carême, l’une des célébrantes a évoqué le « Carême du monde » : le chemin vers Vendredi saint et Pâques est certes une démarche spirituelle et intérieure, mais nous ne saurions nous recueillir en fermant les yeux sur le monde. Un monde dans lequel la Passion du Christ est partagée par les millions de personnes qui souffrent des passions mortifères qui conduisent à la violence et à la guerre. Parmi les situations qui interpellent notre conscience, celle d’Israël-Gaza, sur la terre-même où Jésus a vécu, a souffert et a été crucifié, nous bouleverse tout particulièrement.

Les massacres d’octobre perpétrés par le Hamas nous ont toutes et tous horrifiés par leur sauvagerie. Et la terrible répression israélienne que le pasteur Sani Ibrahim Azar, évêque luthérien palestinien, craignait dès les premiers jours, n’a pas manqué de se produire. Dans cet engrenage et cette situation terriblement complexe, il faut distinguer entre la dimension politique et les aspects religieux. Disant cela, je reste persuadé que nos convictions religieuses peuvent et doivent interpeller de manière critique les décisions politiques, mais qu’il faut se garder de toute confusion entre les deux sphères. Une de ces confusions vient précisément de la notion de Terre Sainte. Dès lors qu’un peuple revendique un droit sur une terre ou un lieu parce que Dieu l’habiterait ou le lui aurait donné, le conflit est en germe. Pour les protestants, il n’y pas de terre sainte ou de lieu saint : Dieu seul est saint, et la terre appartient à tous les vivants, qui ont une égale dignité. « Il n’y a pas d’étrangers sur cette terre » nous rappelle La Cimade dans l’une de ses devises.

Il n’en reste pas moins que tous les humains ont le droit d’avoir un lieu où résider en sécurité. C’est le prophète Michée (4,4) qui en exprime la conviction : « Chacun cultivera en paix sa vigne et ses figuiers sans que personne l’inquiète. C’est le Seigneur de l’univers lui-même qui parle ». Mais cette espérance n’est pas un droit des uns au détriment des autres, elle ne peut se concrétiser que dans le respect d’autrui et de la loi commune. Et en termes politiques modernes, dans le respect du droit international. Il est évident que la barbarie dont a fait preuve le Hamas, qui se réclame de l’islam, est un blasphème du nom de Dieu qu’il pense honorer. Mais la violence inouïe exercé par l’État d’Israël, qui se réclame de la foi juive (En 2018, le parlement a défini Israël comme « État-nation du peuple juif »), en répression de ces actes barbares, est-elle pour autant justifiée ?

Les arguments souvent entendus à ce sujet estiment qu’Israël est un pays démocratique dont l’armée régulière se défend contre des terroristes qui en veulent à son existence-même. Qu’un pays attaqué puisse légitimement se défendre est incontestable (qui contesterait aux Ukrainiens de se défendre contre la folle agression russe ?), mais le caractère démocratique d’un État ne justifie pas qu’il puisse délibérément violer le droit international (comme c’est le cas des colonies juives en Cisjordanie) et encore moins qu’il utilise des moyens disproportionnés pour se défendre : la France démocratique a fait un usage injustifié de la torture en Algérie et les États-Unis démocratiques ont largué des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. La mort atroce et la prise en otage de centaines de civils justifie-t-elle des dizaines de milliers de morts palestiniens dans des conditions non moins terribles ? Autant d’enfants tués en 5 mois que durant 4 ans dans le monde entier ? Quand le président Macron affirme qu’« une vie palestinienne vaut une vie française, qui vaut une vie israélienne », il énonce une vérité profonde, expression de l’héritage judéo-chrétien dans lequel l’islam se reconnaît également (« Qui tue un être humain tue toute l’humanité » Le Coran). Mais elle se heurte à la macabre arithmétique de ce conflit, qui est qu’une vie israélienne vaut 30 vies palestiniennes. On rappelle aussi dans maints débats que le terrorisme islamiste est une hydre sans cesse renaissante qui a frappé de nombreux pays, jusqu’au marché de Noël de Strasbourg. S’il appartient de combattre sans faiblesse cette monstrueuse volonté d’imposer par la violence une vision du monde rétrograde, on ne saurait oublier que la rhétorique mortifère du terrorisme islamique s’alimente, entre autres, du conflit israélo-palestinien non résolu depuis des décennies.

Avant tout, comme le répète Élie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, la guerre ne peut se justifier (si guerre juste il y a !) que par un projet politique de paix, qui manque à chacun des deux protagonistes : la seule solution est donc la guerre pour la guerre, la guerre à outrance. Que celle-ci soit l’option suicidaire du Hamas, qui ne représente que lui-même, est vraisemblable, avec sa conception morbide du martyre propre à l’islamisme radical. Que cette absence de vision d’avenir et de paix soit partagée par un gouvernement israélien se réclamant du judaïsme est profondément choquant « Moi, je parle de paix, eux, ils choisissent la guerre » Psaume 120,7. Malheureusement, seule une solution imposée par les États-Unis, estime Élie Barnavi, permettra de mettre fin à la guerre.

Dans le domaine religieux, nous constatons une dégradation sans précédent du dialogue inter religieux dans notre pays. En fait, ce constat est fait partout en Europe, comme cela a été confirmé lors d’une récente rencontre de la Communion d’Églises Protestantes en Europe (CEPE). Ce blocage se traduit notamment par l’impossibilité de déclarations communes appelant à la modération et au dialogue, comme nous en avons fait la triste expérience au Comité Inter religieux de la Région, mais aussi au conseil de la CEPE qui n’a pas osé risquer une parole sur le conflit. Dès que l’on s’exprime, on est en effet sommé de prendre parti. Combien de fois n’avons-nous pas entendu l’interdiction du « oui, mais », qui est pourtant le fondement de toute pensée critique dialogique ? Comme le disait un membre du conseil de la CEPE, on ne peut que constater que deux vérités irréconciliables s’affrontent.

En ce temps où nous nous remémorons la passion du Christ, je ne peux m’empêcher de penser à la célèbre question de Ponce Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? » Pilate s’est retranché derrière sa question pour n’avoir pas à se mêler de cette histoire intra juive, mais celle-ci peut être comprise dans une perspective positive : personne ne peut dire qu’il détient seul la vérité, et ce simple constat devrait permettre de renouer le dialogue. Les juifs de France se sont sentis incompris et abandonnés, et subissent de surcroît une recrudescence d’actes antisémites. Mais les musulmans se sentent tout autant méprisés et suspectés. Pour les chrétiens, qui n’ont pas non plus brillé dans leur histoire par leur tolérance et leur souci de paix, la vérité n’est pas un concept, une idéologie, ni même une conviction religieuse, mais une personne, le Christ : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Reconnaître la vérité dans Jésus le Christ mort et ressuscité, ce n’est pas adhérer à une doctrine ou une morale qui serait supérieure aux autres, c’est affirmer que Dieu lui-même n’est pas monologue, mais dialogue, qu’il n’advient que dans sa rencontre avec les humains ou dans la rencontre des humains entre eux, non dans des doctrines religieuses ou politiques, qui ne sont que les faux nez des intérêts de ceux qui les défendent.

Prions donc pour que l’esprit de rencontre et de dialogue du Christ inspire et libère tous les prisonniers de la violence. Alors la vie sera plus forte que la mort, comme au matin de Pâques !

Christian Albecker
Président de l'UEPAL, président de l'Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine, président de la Conférence des Églises riveraines du Rhin.

Voici une prière de la professeure Rula Khoury Mansour,  avocate et théologienne protestante palestinienne, citoyenne israélienne, habitant à Nazareth.

Prière pour la paix en Israël et Palestine

Seigneur Dieu, au cœur de la tragédie en Israël et Palestine, nous voulons faire confiance à ta souveraineté, à ta bonté, à ta présence au cœur même des souffrances que nous traversons. Tu es un Dieu de justice et tu nous invites à être acteurs de justice et de paix même dans les pires moments.

Nous prions pour l’arrêt total de cette guerre et pour que les vies innocentes des citoyens soient protégées à Gaza, en Israël et dans l’ensemble des territoires palestiniens.

Nous pleurons et prions pour tous ceux qui pleurent et souffrent de ce conflit permanent, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens. Que nos cœurs s’ouvrent pour comprendre que notre humanité commune diminue lorsque d’autres sont humiliés et maltraités.

Nous prions pour tous ceux qui sont directement affectés par ce conflit et qui cherchent la guérison, le réconfort et la liberté. Qu’ils trouvent consolation et paix dans leur détresse ; que ta présence aimante leur donne la force et la résistance nécessaires pour surmonter les traumatismes. Accorde-leur conseils, soutien et l’assistance nécessaires pour leur rétablissement.

Seigneur, accorde à ton Eglise en Israël et Palestine, la persévérance indispensable pour suivre le chemin de la grâce, même lorsque cela semble difficile et que la colère et la peur menacent de s’emparer d’elle. Enseigne-nous l’art de l’amour qui peut vaincre la haine et promouvoir la justice. Rappelle-nous que notre mission, comme celle de Jésus, consiste à être envoyés dans le monde pour aimer, servir, guérir, sauver et libérer, en présentant une contre-culture qui nous permette de combattre la vengeance par la miséricorde et le pardon, de résister au mal par le bien et de rechercher la justice sur la voie de la réconciliation.

Enfin, Seigneur, guide les dirigeants et les décideurs, en leur accordant la sagesse et le courage de rechercher des solutions pacifiques durables. Qu’ils donnent la priorité à l’unité, à la compréhension et au dialogue pour mettre fin aux châtiments collectifs et qu’ils se concentrent sur le besoin profond des deux parties de vivre en paix et en sécurité.

Amen.