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Actualités

Depuis les débuts de l'ère chrétienne, on a utilisé la bible pour justifier des postures, opinions et comportements extrêmement divers voire antagonistes. Comment expliquer que sa lecture peut générer des compréhensions si contrastées ?

Thomas RÖMER, exégète, philologue et bibliste, est professeur au Collège de Fronce. Il a publié à la fin de l'année dernière un nouvel ouvrage dans lequel il souligne qu'il y a dons la bible une gronde diversité, et il en fait l'éloge. Nous présentons ci-dessous une synthèse de la présentation qu'il en a faite à un média protestant suisse.

Tout d'abord « la Bible » n'existe pas ... mais qu'il y a « des » bibles. Il suffit de penser à la bible juive, aux diverses bibles chrétiennes qui ont des contenus, des arrangements et des livres différents (la bible catholique, les bibles protestantes, les bibles orthodoxes, chaque tradition orthodoxe ayant sa propre version). La bible juive n'est pas ce qu'on appelle l'ancien testament dans d'autres bibles car l'ordre des livres qui y sont insérés est différent : dans les bibles protestantes on finit par les prophètes pour prouver que ceux-ci annoncent le nouveau testament alors que dans la bible juive l'ordre n'est pas celui-ci.

La bible, telle que la connaissent les chrétiens, s'est constituée petit à petit au cours des 4ème et 5ème siècle et le dernier manuscrit complet en hébreu date du moyen âge. Elle constitue plutôt une bibliothèque qu'un livre.

Cette bibliothèque offre en effet un grand champ de projections. Ayant accompagné la religion judaïque et les religions chrétiennes, elle a été utilisée pour les prédications et l'étude, mais aussi pour légitimer toutes sortes d'options éthiques et politiques. Or il est rare qu'on prenne la bible dans son ensemble. Les lecteurs y effectuent plutôt une sorte de sélection en prenant les textes qui leur semblent importants, ce qui ne rend pas compte de l'ensemble ni de sa diversité.

Par exemple, on la considère comme un fondement de la législation. Mais il y a dans la bible une alternance de lois et de récits, et les lois énoncées sont souvent reprises plusieurs fois et transformées au fil du texte biblique. La loi s'adapte en permanence aux différentes sociétés dans lesquelles nous sommes.

De manière générale elle n'est pas univoque. Cela résulte du processus de constitution de la Bible. Il n'y a pas « un » auteur biblique, et aucun livre de la bible n'a été écrit d'un seul trait par un auteur unique. Les textes furent rédigés sur des papyrus et des parchemins, dont la durée de vie est de 40 /50 ans. Quand ils étaient abimés, il fallait les réécrire, et alors on les modifiait, on les actualisait en fonction du contexte culturel, social, politique. Les rédacteurs recopieurs sont aussi des auteurs. Le texte vit et se transforme.

On peut faire dire à la Bible beaucoup de chose, et on le fait. Mais la bible n'est pas une sorte de livre de recettes immuables », elle n'apporte pas « une » parole définitive, qu'on devrait appliquer à la lettre, sur toutes sortes de questions éthiques et sociétales. Affirmer que la bible est « la parole immuable », comme le font les milieux fondamentalistes évangéliques aujourd'hui, n'est rationnellement pas possible. En effet, dans ce cas, on devrait rétablir la polygamie, l'esclavage, la société patriarcale, la peine de mort. C'est même insulter le texte, parce qu'il a été écrit précisément dans cette idée qu'il devrait être réinterprété constamment.

La bible n'est pas non plus une doctrine théologique puisqu'elle nous fait part, au contraire, de toutes sortes d'interrogations sur des questions théologiques comme la relation de l'homme au divin et au monde. Et elle le fait avec beaucoup de diversité, d'hétérogénéité.

Ces textes ont été confrontés à des générations diverses. Chaque lecteur comprend avec son contexte culturel. Il y a une grande liberté d'interprétation, c'est donc un livre dangereux quand on veut s'en servir pour légitimer sa propre vision des choses. C'est un livre dangereux aussi quand il est utilisé par des détenteurs du pouvoir ou des oppresseurs. Ainsi, le livre de Josué a été utilisé pour justifier l'extermination des populations autochtone, les croisades, l'occupation des terres en Palestine. Il a été invoqué aussi par les esclaves lors du mouvement pour les droits civiques aux États-Unis, pour argumenter l'impératif de leur libération. C'est donc aussi un livre de libération. Que faut-il en conclure ? Sans doute avant tout qu'on ne lit pas la même chose quand on est du côté des oppresseurs ou celui des opprimés.

Alors, si le texte biblique n'offre pas de vérité matérielle, historique, propose-t-il une vérité symbolique dans ces textes ?

Quand on dit que certains récits comme celui sur Abraham ou celui sur Moïse sont des mythes, les gens sont un peu désarçonnés : « Ah ce n'est qu'un mythe ». Mais un mythe c'est un récit fondateur qui crée une identité. Le judaïsme ne s'est pas constitué sur l'historicité des figures d'Abraham et de Moïse mais sur des récits qui racontent comment Abraham et Moïse étaient en phase avec Dieu ou pas, qui décrivent les conflits entre eux, les difficultés et ce qu'ils ont mis en place. Donc c'est le récit qui est fondateur et non l'événement. Cela ne veut pas dire que tout dans la bible est inventé de toutes pièces. La plupart des récits portent des traces mémorielles de l'histoire.

La foi est une certitude, or la bible ne propose pas de certitude puisqu'elle propose à chacun d'interpréter à sa façon. Comment sortir de cette contradiction ?

La foi n'est pas une chose fixe qu'on définit une fois et n'évolue plus. Elle nous accompagne, et, comme l'a écrit Martin Luther, on peut la perdre, la retrouver, changer son contenu. Dans la bible, les récits l'illustrent. Pensons à Abraham, qui a une foi inébranlable en Dieu, et au contraire à Job, qui ne comprend pas du tout ce Dieu et se questionne profondément. Pensons au livre de Jonas qui affirme que Dieu peut changer d'avis, et que les oracles de destruction peuvent ne pas être définitifs. Ces récits reflètent ce qui peut arriver lors d'une vie humaine ou lors de la vie d'une société. La bible accompagne les humains avec leurs espoirs, leurs désespoirs, c'est justement une de ses richesses.

La Bible, qu'est-ce que ça change ?, Thomas RÖMER, éditions Laboret Fides, 2025,128 p.

Écouter l’entretien ICI

Extrait d'un discours de Paul : « En le condamnant, ils ont accompli les paroles des prophètes qu'on relit chaque sabbat » (Actes 13,27). Ils condamnèrent donc Jésus et obtinrent de l'autorité romaine qu'il fût crucifié. Ce fut un terrible accomplissement et nous ne pouvons pas prendre à la légère l'horreur d'une crucifixion, même celle du Fils de Dieu au motif qu'elle accomplirait les paroles des prophètes. Affirmer que les juges et les bourreaux de Jésus accomplissent les paroles des prophètes est un avis qui est donné, longtemps après les faits, par Paul. Cet avis autorisé ne doit pas nous laisser oublier que, sur le moment, l'horreur l'emporte sur toute consolation possible, tout comme la nuit l'emporte sur le jour. Si donc accomplissement il y a, ça ne peut être qu'un accomplissement tragique, un abîme qui s'ouvre, que rien, qu'aucune bonne parole, qu'aucun geste fraternel ne peut combler. Bien audacieux celui qui prétendrait y parvenir.

Quelles sont ces paroles lues chaque sabbat ? Quel est le message des prophètes ? Tantôt c'est la malédiction, et tantôt c'est la bénédiction. C'est ainsi possiblement une véritable promesse, promesse d'un futur, d'un avenir. Quoi ? Quand ? L'espérance prophétique se moque du quoi et du quand. En ce sens, elle s'accomplit tout comme elle s'énonce et au moment où elle s'énonce. Elle s'énonce à chaque culte. Et s'énoncera jusqu'à la fin des temps.

Reste que le sauveur est mort... Que savons-nous après tout de la fin, et que savons-nous de la forme que revêtira la résurrection ? Que savons-nous finalement de la divine miséricorde, si ce n'est qu'elle nous a déjà fait grâce en Jésus Christ ? Nous ne savons pas comment Dieu, recueillant l'âme de son Fils supplicié, l'impute à tout homme en rémission de ses péchés. Mais nous avons foi qu'il le fait. Et cela peut suffire à notre joie.

Pasteur Jean Dietz

Le Temps pour la Création est une période qui s’étend du 1er septembre (journée internationale de prière pour la sauvegarde de la Création,) au 4 octobre (fête de François d’Assise), durant laquelle les chrétiens du monde entier sont invités à agir pour prendre soin de la Création. Un thème différent est proposé chaque année au niveau mondial.

La communauté œcuménique de Taizé propose régulièrement des temps de rassemblement et, notamment, elle organise à la fin de chaque année une rencontre européenne de jeunes dans une grande ville (Rome, Londres, Lisbonne, Riga, Varsovie, Madrid, Ljubljana, Tallinn, ... ). Ces rencontres se tiennent à l'invitation des Églises locales, en étroite collaboration avec les autorités civiles de la ville hôte et de la région qui l'entoure. Elles reposent sur l'implication d'un grand nombre d'acteurs et sur l'hospitalité des habitants.

La prochaine rencontre aura lieu à Paris du 26 au 29 décembre 2025. Le Conseil d'Églises chrétiennes en France présente l'évènement dans un communiqué de presse de décembre dernier, co-signé par le président de la Fédération protestante de France, le président de la Conférence des évêques de France et le président de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France : « Ce rassemblement sera une belle occasion de nous rencontrer dans un esprit de prière et de fraternité, de partage et de fête, et de poser ainsi un témoignage chrétien d'unité au cœur d'un monde traversé par tant de tragédies et de crises. C'est au nom des Églises chrétiennes présentes en France, que nous responsables catholiques, orthodoxes et protestants vous invitons à venir à Paris. En effet, nous parlons d'une même voix aussi souvent que nous le pouvons. Et c'est dans cet esprit que nous souhaiterions donner, ensemble avec vous tous, le témoignage d'une unité vécue dans la diversité réconciliée en Christ. »

Ce que les évangiles disent vraiment : en finir avec la lecture fondamentaliste.

On nous répète sans cesse que les évangiles rapporteraient fidèlement les faits et gestes de Jésus de Nazareth, comme un journal de bord inspiré du ciel. Cette prétention à une exactitude historique, défendue avec ferveur par les courants fondamentalistes, trahit pourtant l’essence même du témoignage évangélique. Elle transforme des textes de vie en fossiles dogmatiques, des appels existentiels en archives notariales.

Le théologien Paul Tillich nous offre une libération salutaire face à cette emprise. Pour lui, les évangiles ne racontent pas la vie de Jésus, au sens où l’entendent les amateurs de preuves et de chronologie. Ils ne sont pas des comptes rendus factuels, mais des symboles vivants, des formes d’analogia imaginis — des images humaines dans lesquelles transparaît quelque chose du divin. Ils ne décrivent pas un itinéraire biographique ; ils interprètent une présence, celle d’un homme dans lequel le fondement de l’être s’est rendu perceptible jusqu’à la croix.

Refuser cette lecture symbolique, c’est réduire la foi à une adhésion documentaire. C’est confondre Dieu avec un personnage de récit, et le Christ avec un héros religieux bien documenté. Or, la vérité de l’évangile ne se prouve pas, elle se reçoit — dans l’événement existentiel que ces textes suscitent. Jésus ne s’impose pas comme une donnée brute ; il appelle, il interpelle, il provoque une décision intérieure. Ce que les évangélistes transmettent, ce n’est pas un souvenir, mais une vision, une image portée par la foi, et non une caméra divine posée sur l’épaule du Messie.

Dans une époque saturée de discours religieux infantilisants, il est urgent de relire les évangiles non comme des récits garantis sans faute, mais comme des symboles de la rencontre entre Dieu et l’homme. Tillich nous enseigne que le Christ n’est pas un fait figé dans le passé, mais une nouvelle réalité qui transfigure notre existence. Il est la révélation du divin dans l’humain, et les évangiles sont les moyens symboliques de cette révélation, non son enregistrement.

En idolâtrant la lettre, les fondamentalismes oublient l’Esprit. Ils cherchent dans l’histoire ce qui ne peut être saisi que dans l’expérience intérieure. Ils font des évangiles une prison, là où ils sont au fond une brèche dans la clôture de notre monde, un passage vers ce que Tillich nomme le fondement de l’être.

Il est temps de libérer la foi de l’illusion du factuel. Les évangiles ne disent pas ce qu’il s’est passé ; ils nous disent ce qui arrive quand Dieu se laisse entrevoir dans un homme. Cela s’appelle une révélation, non un reportage.

Par Michel LECONTE, théologien et psychologue clinicien, le 7 juin 2025

Le 1er juin 2025, le Synode national de l’Église Protestante Unie de France (EPUdF) et, le 3 juin 2025, le Conseil plénier l’Union des Églises Protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL) ont adopté un communiqué commun sur la situation en Israël et Palestine.

La Communion protestante luthérienne et réformée (CPLR), qui unit l’Église protestante unie de France (EPUdF) et l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL), est en lien avec les Églises en Israël et en Palestine.

Nos Églises entendent l’appel au secours des populations broyées par les violences en Palestine et en Israël. Elles dénoncent ce qui produit la violence et nourrit la haine entre les peuples.

À travers la prière, les prises de parole, les liens fraternels, les visites, nos Églises expriment leur solidarité envers les victimes de l‘injustice et s’engagent pour une paix juste et durable.

Aucune théologie ne saurait justifier l’occupation d’une terre, la confiscation des droits ou le terrorisme. Nous condamnons les atrocités commises par le Hamas envers les Israéliens. Nous condamnons la politique et la guerre menées par le gouvernement d’Israël envers le peuple palestinien. Nous condamnons la destruction de Gaza qui fait de ce lieu un enfer et empêche tout avenir. Nous condamnons les attaques incessantes et arbitraires en Cisjordanie. Nous demandons que soient appliqués et respectés le droit international et les résolutions de l’ONU.

Les tragédies se succèderont tant que les droits fondamentaux seront bafoués et que les actes de barbarie et les ripostes nourriront le cercle infernal de la violence.

La paix ne naîtra que d’un processus politique qui assurera à tous, Palestiniens et Israéliens, les mêmes droits. La communauté internationale doit être garante de ce processus.

Nous appelons également tous nos concitoyens et les responsables politiques de notre pays à ne pas instrumentaliser ce conflit pour des enjeux de politique nationale, mais à appuyer par tous les moyens la recherche d’une issue pacifique.

Nos frères et sœurs du Proche-Orient, ainsi que tous les habitants victimes de cette folie meurtrière, sont dans nos prières.

Que Dieu nous vienne en aide ! Qu’il nous enseigne les chemins de la justice qui mènent à la paix.

Le 26 mai 2025 était la rencontre annuelle des ministres des cultes de Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (UEPAL).

Plus de 150 ministres réunis en l'église protestante de Neudorf pour une conférence de la théologienne et bibliste Anne SOUPA.
Elle s’est exprimée sur le « Christianisme au service d’un monde bouleversé ».
Dans un monde en quête de repères, souvent traversé par les peurs et les replis, sa parole a résonné comme un appel : celui de revenir à l’essence vivifiante de la foi chrétienne.

Lire la conférence d’Anne SOUPA ICI

Anne SOUPA soutient que la parole personnelle est féconde. « Le témoignage devient la pièce maîtresse du christianisme ».
Ainsi, la bibliste a créé l’association Chez Re-née pour recueillir des témoignages de chrétiens, « pour une renaissance du christianisme ».
À travers une parole claire, accessible et nourrie par l’Évangile, Anne SOUPA nous rappelle que le témoignage chrétien n’est pas un vestige à défendre, mais une source vive à partager.

Le Synode national de l’Église protestante unie de France, qui se tient à Sète du 29 mai au 1er juin 2025, a élu son Conseil national ce vendredi 30 mai.
Il est composé de vingt membres, pasteurs et laïcs (hommes et femmes).

Le Conseil a désigné à la présidence de son Bureau le pasteur Christian BACCUET, âgé de 61 ans et succédant à la pasteure Emmanuelle SEYBOLDT.
Il possède une solide formation théologique et un parcours pastoral riche de 34 ans d’engagement.
Docteur en théologie, sa thèse en 2017 a porté sur « Le ministère, nœud gordien de l’œcuménisme ? La question des ministères dans les dialogues théologiques internationaux entre les Églises luthériennes et réformées et l’Église catholique.»
Spécialisé dans les questions œcuméniques, il est membre du groupe des Dombes depuis 2006. 
Il a exercé son ministère pastoral dans les paroisses de Nevers et Moulins, du Vésinet et à Paris et a été président de la Commission des ministères.

Le pasteur Christian BACCUET encourage l’Église protestante unie à poursuivre son engagement dans la dynamique : « Mission de l’Église et les ministères » dans laquelle le Synode national s’inscrit depuis 2022.

Présentation du pasteur Christian BACCUET ICI.

L’Église Protestante Unie de France (EPUdF), cofondatrice de la Fédération protestante de France, est l’une des principales Églises protestantes en France.

Sans être iconoclastes, les protestants sont réticents devant les images dans les temples.

En visitant une église, il arrive qu’on entende dire que des statues ou décors ont été autrefois détruits par les protestants. Et il est vrai que certains d'entre eux étaient iconoclastes, parce qu'ils estimaient que ces statues ainsi que certaines images étaient abusivement adorées. Théoriquement, il s'agissait plutôt de vénération que d'adoration, mais ces destructeurs d'œuvres d'art, sur la base du texte du décalogue (Exode 20.4), se méfiaient de toutes les représentations risquant d'être idolâtrées.

Aujourd'hui on peut dire que les protestants, réformés français en particulier, sans être iconoclastes, sont réticents devant les images dans les temples. Jamais de statues, pas de tableaux, pas ou très rarement des vitraux figuratifs, pas ou peu de décor et peu de couleur. Seule la Parole de Dieu doit attirer l'attention. On peut parler de sobriété maximale ou même, selon l'impression de certains, de froideur.

Mise en garde de Jacques Ellul.
Cela veut-il dire que le protestantisme rejette toute œuvre d'art ? Certainement pas. Il suffit de citer Lukas Cranach, proche de Luther, Dürer, Rembrandt, Van Gogh et tant de célèbres artistes hollandais et allemands. Les sujets bibliques sont loin d'être exclus, comme le montre tout particulièrement l'œuvre de Rembrandt. Des artistes protestants ont exercé leur art dans toutes sortes de sujets et thèmes.

De façon plus générale, il faut prendre en compte la mise en garde de Jacques Ellul vis-à-vis de notre civilisation de l'image. Dans son livre La Parole humiliée, il critique l'idolâtrie religieuse des images, tout en acceptant les icônes comme moyen d'entrapercevoir le Royaume de Dieu. Mais il élargit ses critiques à l'usage moderne abusif de l'image et des images, alors que la parole, vrai moyen de dialogue, est dévalorisée. Il met en avant la Parole de Dieu, qui seule nous permet de le connaître et de recevoir ses messages. La mise en valeur ellulienne de la parole et de la Parole est bien protestante.

Par Olivier PIGEAUD, pasteur à la rédaction de Réforme.

Les responsables des cultes chrétiens en France, réunis dans le cadre des rencontres régulières du Conseil d'Églises chrétiennes en France (CÉCEF), joignent leur voix à celles qui demandent la paix en Israël, à Gaza et en Cisjordanie.

Ils réaffirment que les otages doivent être libérés sans condition et que les corps des défunts doivent être remis à leurs familles afin que celles-ci puissent les inhumer dignement.
Ils font leur le cri de ceux et celles, enfants ou adultes qui souffrent de la faim, qui manquent de toit et de sûreté, qui réclament que les enfants et les jeunes puissent étudier en toute sérénité.

Ils appellent les responsables politiques de tous bords à agir pour une paix réelle et durable. Ils réaffirment que le respect du droit international, notamment humanitaire, est une composante nécessaire de la justice aujourd’hui et qu’un État se grandit en le respectant. Ils prient Dieu de susciter des artisans de paix courageux et lucides.

Le Métropolite Dimitrios, Président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France
Le Pasteur Christian Krieger, Président de la Fédération protestante de France
Mgr Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France
À Paris, le 26 mai 2025

Dans ce livre, Marion MULLER-COLARD explore la notion de croire.
A travers les échanges avec son fils, elle scrute les doutes et les certitudes qui façonnent l’être humain, du religieux au scientifique, du personnel au politique. Son écriture, fluide et précise, interroge le besoin d’appartenir et la quête de sens.
Avec tendresse et exigence, l’auteure nous rappelle que chaque matin quelque chose nous pousse à nous lever.
Un livre qui invite à réfléchir, à douter et à accepter ce qui nous échappe.

"Croire - qu'est ce que ça change ?",
Un petit livre essentiel pour développer le savoir-croire et éviter de confondre connaissance et croyance.
Marion MULLER-COLARD, Labor et Fides, collection « Qu’est-ce que ça change ? », 2024, 112 p - 10 €.
Marion MULLER-COLARD naît Marion Muller en 1978 à Marseille. Ses parents sont éducateurs spécialisés, son père dans le domaine de la délinquance, sa mère dans celui du handicap. Son grand-père paternel était pasteur, résistant et Juste parmi les nations. Son arrière-grand-père lorrain, Joseph Muller, était un prédicateur-paysan mennonite d’origine suisse alémanique.
Elle grandit dans la Drôme, d'abord à la campagne jusqu'à l'âge de huit ans, puis à Valence. Elle vit dans les Vosges alsaciennes avec son mari, Samuel Colard, musicien et fils de pasteur et leurs deux enfants.
Marion Muller-Colard est titulaire d'un doctorat obtenu à la faculté de théologie protestante de Strasbourg. Après une année de spécialisation en études juives à Jérusalem, elle consacre ses années de recherche à une étude du livre biblique de Job, en écho avec sa pratique bénévole de médiatrice pénale. Elle écrit également régulièrement des méditations pour l'hebdomadaire protestant français Réforme.

Alors que le Parlement examine un projet de loi sur l’aide à mourir, la Fédération nationale des Associations familiales protestantes (AFP) lance un appel à l’engagement fraternel et solidaire auprès des malades et de leurs proches.

Pour les Associations familiales protestantes (AFP), un peu plus d’un an après un premier appel similaire, les choses n’ont pas changé. Alors que le Parlement examine un projet de loi sur l’aide à mourir, la fédération renouvelle un appel à l’engagement solidaire. “Il est important de prendre notre part de souffrance, de prendre notre part de responsabilité sur là où l’on en est”, explique Françoise Caron, la présidente de la fédération nationale des AFD. Ainsi, le communiqué ne vise pas seulement à s’opposer au projet de loi, mais à appeler à plus de fraternité, de solidarité, de présence. Et ce auprès des malades et des aidants. “Car avant de dire non à une loi, il faut dire oui aux personnes !”, souligne le document.

“Le débat sur la fin de vie soulève des questions cruciales. Ce projet de loi, qui envisage la légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté, touche à l’essentiel de notre humanité. Mais avant toute opposition, nous appelons à une mobilisation active, portée par la compassion et la responsabilité. À quoi bon dénoncer une réforme si nous restons absents auprès de ceux qui souffrent ? À quoi sert de parler de dignité si personne n’est là pour tenir la main de celui ou celle qui vacille ?, questionne le communiqué. Si nous voulons être crédibles, comme citoyens et comme croyants, nous devons d’abord nous lever pour les personnes, non simplement contre un texte.”

“Armée de bénévoles”
Une présence qui ne concerne pas uniquement les départements dépourvus de soins palliatifs. “Notre mission première n’est pas d’empêcher une loi, mais de faire face à la détresse humaine par la présence, l’écoute et l’amour. Être là. Fidèles. Fraternels. Pour que de moins en moins de personnes aient à dire : ‘Je veux mourir’ faute d’avoir entendu : ‘Je suis là, je reste avec toi’.” “Peut-être qu’une armée de bénévoles pourrait se rendre là où il n’y a pas d’accès aux soins palliatifs, mais également auprès des familles”, encourage Françoise Caron. “Nous croyons qu’une société riche de son humanité se reconnaît dans sa capacité à accompagner les plus vulnérables jusqu’au bout. Non dans l’abandon, mais dans une profonde humanité. Cela suppose, aussi, de rendre les soins palliatifs réellement accessibles à tous, partout sur le territoire, y compris dans les territoires ultra-marins”, reprend le texte.

Parce qu’elles s’engagent à “incarner cette présence que nous refusons cette loi. Non pas au nom d’une posture religieuse ou idéologique, mais parce qu’elle inscrit dans le droit l’idée qu’il vaudrait parfois mieux mourir que vivre diminué — comme si une vie fragilisée avait moins de valeur. Nous rejetons cette logique”. Les AFP attendent de la société qu’elle protège la vie jusqu’à son terme, non par idéalisme, mais par réalisme fraternel. “Parce que nous savons qu’il est possible de soulager, d’aimer, d’accompagner jusqu’au dernier souffle. Parce que la dignité humaine ne s’éteint pas avec la lucidité, et que toute vie mérite d’être honorée. Notre foi, notre espérance, notre engagement familial nous appellent non seulement à proclamer ce qui est bon, mais à le vivre concrètement”, poursuit le communiqué.

“Familles, soignants, bénévoles, amis”
Pour les AFP, il est important d’“être là, simplement. Quand tout semble trop lourd. Former un tissu solidaire : familles, soignants, bénévoles, amis. Dans de nombreuses régions, les associations familiales protestantes locales organisent des groupes de parole, des ateliers sur la gestion émotionnelle ou encore des temps de soutien et de répit pour les aidants familiaux. Car au fond, ce n’est pas seulement l’avenir d’un texte dont il est question. C’est celui de notre humanité”.

Article paru dans reforme.net

La semaine dernière, l'armée israélienne a annoncé son plan pour « gérer la faim » à Gaza. Le plan était si maléfique et si cauchemardesque que je n'ai pu fermer l’œil tant je pensais à ses implications. J'en ai été hanté tous les soirs.

Fondamentalement, l'armée israélienne a annoncé qu'elle revoyait sa position de ne pas autoriser l’entrée de nourriture et d'eau à Gaza. Pour cela, elle propose un nouveau plan pour éviter d'être accusée d'affamer la population et d’avoir à faire face à des accusations internationales au niveau juridique. Selon ce nouveau plan, la distribution de nourriture sera radicalement modifiée pour s'assurer qu'elle ne tombe pas entre les mains du Hamas. Au lieu de cela, Israël sera le seul à déterminer comment la nourriture sera distribuée une fois que son entrée à Gaza aura été autorisée, et qui pourra y avoir accès. Dans le passé, Israël a essayé de contrôler la quantité globale de nourriture autorisée d’entrer à Gaza et de calculer le nombre de calories nécessaires pour maintenir 2 millions de personnes « dans un alimentaire serré ». Maintenant, c’est le réseau de distribution lui-même qui est visé afin qu'Israël puisse contrôler pleinement toute l’alimentation.

Chaque famille aura un membre désigné et approuvé par Israël qui sera le seul à être autorisé à se rendre dans un centre de distribution spécial dans le sud de Gaza où des entreprises de sécurité remettront à ce représentant de la famille une boîte de nourriture soigneusement calibrée pour répondre aux besoins de la famille pendant quelques jours seulement. De cette façon, l'armée s’assurera qu'aucune nourriture ne soit stocké ou accumulée ou puisse aboutir dans la bouche d’une personne non approuvée par Israël. L'armée israélienne surveillera le périmètre du Centre de distribution, mais n'effectuera pas la distribution elle-même. Celle-ci sera assurée soit par des organisations internationales, soit par des sociétés de sécurité privées américaines ou arabes agissant sous le commandement d'Israël, et non pas de l'Autorité palestinienne, de l'UNRWA ou de toute autre organisation non approuvée et contrôlée par Israël. La nourriture ne sera pas distribuée de manière collective ou servie aux foules, mais seulement soigneusement distribuée dans des boîtes aux personnes autorisées de chaque famille à qui l’on permettra d’entrer dans le Centre de distribution et qui pourront ensuite faire le périlleux voyage vers le reste de la famille pour les nourrir, puis revenir pour un nouvel approvisionnement conçu pour ne permettre de survivre que quelques jours de plus. La justification est que de cette façon, la nourriture ne se retrouvera pas entre les mains du Hamas. Aucune mention d'eau ou de médicament n'apparaît dans le plan. L'article a mentionné que des sources arabes, qui étaient informées sur le plan ont exprimé leur scepticisme quant à la possibilité de le mettre en œuvre.

Depuis lors, d'autres détails ont été divulgués. Les organisations internationales ont publiquement critiqué le plan, déclarant qu'il utilisait la faim comme une arme et mettrait toute organisation qui allait coopérer dans une position qui allait servir les intérêts politiques d'Israël plutôt que de répondre aux besoins humanitaires.

Comme Israël a déjà reconnu qu'il ne pourrait pas éliminer le Hamas, ce plan sera en place pour une période indéfinie.

L'horreur de ce plan cauchemardesque ne m'a pas quitté l'esprit depuis que j'en ai entendu parler pour la première fois. Je suis assez familier avec l'utilisation cynique du régime de permis qu'Israël met déjà en oeuvre en Cisjordanie pour recruter des collaborateurs, soumettre la population et rendre le commun des Palestiniens totalement dépendants d'Israël et de ses agences de sécurité pour les besoins humains les plus fondamentaux comme se déplacer, travailler, se soigner, avoir accès à l'éducation, etc. Mais jamais auparavant le système n'a été utilisé pour contrôler et gérer à un niveau aussi basique la quantité de nourriture nécessaire à la population, non seulement collectivement mais même individuellement.

Rien que d'imaginer un tel plan n’est possible que dans un contexte dans lequel les Palestiniens sont privés de leur humanité, traités comme des « animaux humains » dont le comportement peut être contrôlé comme des chiens de Pavlov dans un laboratoire. Ceux qui ont conçu ce plan et qui le vendent à l'administration américaine ont déjà décidé qu'ils ne voulaient ni la paix ni la coexistence avec les Palestiniens, mais qu'ils voulaient soit les dominer soit les anéantir. Comme l'a dit un ministre israélien : ils auront le choix soit d'accepter notre suprématie, soit de quitter le pays pour ne jamais y revenir, soit de mourir. Ce seront les seuls choix qu'ils auront.

Un article récent a signalé que ce plan est activement mis en place, et des images satellites montrent qu'Israël prépare déjà une zone dans le sud de Gaza qui servir de lieu de distribution alimentaire pour ce projet. D'autres rapports indiquent que l'administration Trump a déjà été associée à la mise en œuvre de ce projet, qui sera bientôt annoncé par Trump comme une solution humanitaire majeure au problème de la faim à Gaza.

La seule question qui reste est la suivante : « Les États-Unis et le reste du monde permettront-ils que les choses se passent ainsi ? » Des agences internationales de développement ont déjà publiquement critiqué ce projet en disant qu'elles n’allaient en aucun cas coopérer avec lui. Mais Israël prévoit de « privatiser » l'ensemble du projet en faisant appel à des agences américaines de sécurité pour sa mise en oeuvre. La question qui reste et à laquelle chacun de nous devra répondre est la suivante : « Permettrons-nous que les choses se passent ainsi ? ».

Jonathan KUTTAB, directeur exécutif des Amis de Sabeel en Amérique du Nord - 9 mai 2025
Traduit par les Amis de Sabeel France.

La Communion des Églises protestantes en Europe (CEPE) se mobilise sur le thème « Église et démocratie ». C'est sur ce même thème que la Commission des Affaires Sociales, Politiques et Économiques de l'UEPAL proposera dès l'automne 2025 différents événements.

C'est indéniable, la démocratie se trouve grandement fragilisée dans le monde entier. Des régimes totalitaires la remplacent, même là où on la pensait bien ancrée. À côté de l'urgence climatique, s'invite l'urgence démocratique. Il nous faut penser et repenser notre vivre ensemble. L'Église n'a pas toujours défendu la démocratie. Elle a longtemps brillé par le mode autoritaire cherchant à réguler la vie des gens. Aujourd'hui, l'Église s'essaie à la synodalité, cultive l'attention aux précaires et renoue, ce faisant, avec le cœur de l'Évangile. L'affirmation de l'égale dignité de chaque être humain est un outil puissant face aux dictatures. En prônant le service et la solidarité, l'Église est instrument de justice et de paix.
Placer sa confiance en Dieu dans des temps troubles est un acte militant. Les discours de haine portés par les partis extrémistes s'inspirent du discours religieux, faisant de la foi chrétienne un enjeu d'identité contre des populations et croyants d'autres horizons. Quand les repères s'estompent, certains cultivent la nostalgie de l'ordre, sont tentés par l'autoritarisme et la figure charismatique d'un leader, d'une idole.
La paresse intellectuelle adhère aux solutions miracles. Exclure les étrangers suffirait à redresser la morale et l'économie. Ces thèses reposent sur l'ignorance et traduisent l'incapacité, pour beaucoup, de faire face à la complexité du monde.

Dire et parler
Être disciple du Christ signifie, plus que jamais, créer du lien et déconstruire les mécanismes de désignation du bouc émissaire. Les armes rhétoriques du débat politique font déjà des victimes. Dans les esprits s'installe l'idée que les étrangers, les personnes qui sortent de la norme sont à l'origine de tous les dysfonctionnements de la société.
La démocratie n'est pas une fin en soi, ce qui importe c'est de promouvoir des modes de gouvernance qui garantissent un vivre ensemble pacifique. Critiquer ceux qui gouvernent est facile. Acceptons de prendre notre part dans la manière de construire le quotidien, dans notre ville, dans notre pays, dans notre paroisse. S'engager c'est résister à la spirale du fatalisme et de l'inaction.
Il ne s'agit ni de vénérer ni de sacraliser la démocratie. Elle est faillible. Nous la défendons parce qu'elle fait place à l'altérité et a le souci de limiter son propre pouvoir. Les mandats des élus sont limités dans la durée, le débat contradictoire y est bienvenu. L'état de droit organise lui-même les contre-pouvoirs, gage de pluralisme, de justice et de liberté. Les thématiques sécuritaires pullulent et l'on sent bien que l'Europe n'est pas à l'abri d'un conflit armé. Un kit de survie sera envoyé prochainement aux citoyens français pour acquérir les bons réflexes en cas de pandémie, catastrophe naturelle ou conflit majeur. L'argent, en France et dans les pays qui l'entourent, va être injecté massivement dans la défense. Qu'avons-nous à dire ? Si ce n'est qu'investir dans l'école, la jeunesse et le social est un facteur majeur d'apaisement.

Face à l'angoisse, l'insatisfaction et le ressentiment qui nourrissent le vote extrémiste, nous avons, en tant que chrétiens, des atouts considérables à partager : la joie imprenable d'enfants qui se savent aimés de Dieu tels qu'ils sont, l'appel incessant à ne pas céder à la peur et l'espérance d'un Dieu plus fort que toutes les puissances à l'œuvre dans le monde.
Nous ne nous tairons pas parce que nous sommes héritiers d'une Parole qui invite à choisir la Vie.
Les gens qui se laissent séduire par des discours simplistes expriment leur désarroi, leur sentiment de ne pas être écoutés, leur sentiment de dépassement et d'abandon face à la multiplicité des enjeux. Offrons des gestes, des mots, des espaces communautaires pour accompagner nos contemporains dans l'accueil de la complexité du vivant et de la société. Notre défi majeur, dans un monde individualiste exposé aux dimensions planétaires, est de réenchanter le sentiment d'appartenance au même monde, de contribuer à l'élaboration du tissu social. Apprendre à coudre, recoudre, en découdre, patiemment, joyeusement, avec ce qui nous est donné.
Il s'agit, ni plus ni moins, de réapprendre à faire monde commun et de confier notre avenir au Dieu de Jésus Christ qui nous dit : « Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez en moi » (Jean 14, verset 1).

Isabelle GERBER
Pasteure, présidente de l’Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (UEPAL).

L’évêque du Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, réagit à la mort du souverain pontife en ce lundi de Pâques.

C’est en route pour Rome, dans le train l’emmenant de Fribourg à l’aéroport de Genève, que Mgr Morerod, évêque du Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, a appris, ce lundi matin, le décès du pape François. Joint par téléphone juste avant l’embarquement, il nous fait part de sa surprise et insiste sur le fait que ce déplacement n’était en rien lié à l’état de santé du souverain pontife. Il y rejoint un groupe de 250 jeunes confirmés des cantons de Fribourg et Neuchâtel, en pèlerinage toute la semaine dans la cité vaticane. Interview expresse.

Le pape François est décédé un lundi de Pâques. Quel commentaire vous inspire ce timing ?
C’est très symbolique. De plus, il avait décrété que 2025 serait, au sein de l’Eglise catholique, une année consacrée à l’espérance. Alors, mourir le lundi de Pâques, dans une année de l’espérance ! On ne saurait mieux incarner notre espérance chrétienne en la vie éternelle, soit la vie par-delà la mort.

Vous avez eu la chance de le rencontrer à plusieurs reprises, quel souvenir personnel vous a-t-il laissé ?
La première fois que je l’ai vu, c’était dans les couloirs de la résidence Sainte-Marthe, où sont logés les visiteurs du Saint-Siège. Or, contrairement à ses prédécesseurs, le pape François avait choisi également d’y habiter. Je l’ai croisé à l’impromptu, dans un large couloir près de la salle à manger du bas. Il s’est arrêté, on s’est parlé. Le contact s’est fait le plus naturellement du monde. C’était étonnamment simple.

Comment expliquer sa popularité, au-delà du seul monde catholique ?
Son souci affiché pour les plus démunis a forcément marqué les esprits. Mais également son attachement à l’œcuménisme, je crois. Lorsqu’il est venu à Genève en 2018, c’était précisément pour rencontrer le Conseil œcuménique des Eglises. Au-delà de l'œcuménisme entre chrétiens, il a également beaucoup tenu à manifester un dialogue interreligieux avec les musulmans. Il y voyait une priorité, car il était conscient que c’était important pour la paix dans le monde.

On parle d’un pape réformateur. Quelles avancées retiendrez-vous particulièrement ?
Il a beaucoup œuvré pour la décentralisation du pouvoir. Lors des Synodes des évêques, les textes votés en plénum étaient en dernier ressort soumis au pape pour approbation, et il en écrivait lui-même la conclusion. L’année passée, il a renoncé à ajouter quoi que ce soit au texte final, reconnaissant par là même la pleine légitimité synodale. Dans la même veine, il a choisi de mettre des laïcs, aussi bien des hommes que des femmes, à des postes à responsabilités.

On attendait beaucoup de ce pape dit progressiste sur les questions sociétales, notamment le célibat des prêtres et le mariage pour les couples du même sexe. Il a parfois déçu. Comment réagissait-il à ces critiques?
Attention, il n’était pas progressiste sur tout. Il ne faut justement pas en faire une caricature : cet homme était très contrasté. Quant à la question du mariage des prêtres, il s’était expliqué sans détours. Interrogé lors d’un entretien sur la question, il avait répondu qu’il ne se sentait pas de prendre cette responsabilité et qu’il laissait, de fait, cette décision à son successeur. Pas très sympa pour son successeur, je le concède !

En tant que souverain pontife, ne se retrouve-t-on pas dans une position de grand écart: peut-on plaire aux fidèles et à la Curie en même temps
Les attentes sont variées dans ces deux groupes. Mais notez que, quand des gens ne lui plaisaient pas trop dans la Curie, il les évacuait. Il n’a pas agi de manière précipitée, mais il a quand même mis en place des gens qui lui correspondaient.

Justement, à vore avis, à quel genre de profil faut-il s'attendre ?
La majorité des cardinaux électeurs, qui viennent des quatre coins du monde, ont été nommés par lui. On peut donc supposer qu’il n’a pas des pris des gens qu’il estimait radicalement différent de lui. La probabilité d’avoir un nouveau souverain pontife avec une certaine ressemblance est assez grande.

Par Protestinfo - Anne-Sylvie Sprenger - 22 avril 2025

Lucidité
Ecologie, décroissance, emprise de la technique sur nos vies : le penseur protestant français a devancé toutes les questions de notre siècle.

« Notre société est pire que celles où l’on vivait dans un univers religieux, car ces sociétés connaissaient le doute et les incertitudes, alors que le croyant en des solutions scientifiques et techniques est l’inexpiable bourreau collectif de notre monde, insensible aux remords autant qu’aux scrupules. »
Jacques Ellul, La Foi au prix du doute (1980)

Par sa biographie, Jacques Ellul est un homme du XXe siècle : il naît en 1912 et décède en 1994. Mais sa force visionnaire et la clairvoyance de son propos en font un penseur du XXIe siècle : les idées qu’il développe anticipent les grandes inquiétudes de notre temps. Et dans des domaines extrêmement diversifiés : Ellul a été à la fois professeur de droit et sociologue, théologien protestant et précurseur du mouvement écologiste, critique acharné de la technique et promoteur d’une espérance qui prend en compte toutes nos limites…

Apôtre de la décroissance
« On ne peut poursuivre un développement infini dans un monde fini. » Qui se souvient que c’est à ce protestant bordelais que revient la paternité de cette formule ? Pour Ellul, cette réalité constitue une évidence quand il voit notre mode de vie, notre système de croissance exponentielle et la finitude de notre planète : il entend donc lancer un signal d’alarme. Depuis les années 1930, il défend des positions qui pourraient être signées aujourd’hui par les écologistes : il y parle de sobriété, de révision des besoins, des dangers du productivisme… Et dans ces écrits affleure pour la première fois une autre formule qui a fait florès depuis : « Penser global, agir local. »

Mais d’où vient à Jacques Ellul cette intuition hors du commun ? Sans conteste de sa foi réformée, selon Frédéric Rognon, professeur de théologie à Strasbourg : « Le propre de la foi protestante est de relativiser toutes les œuvres humaines. Pour Ellul, ce qui est de l’ordre de la politique, de l’économie, de la technique ne doit donc pas être idolâtré. La conviction de se situer devant Dieu l’amène à un recul critique par rapport à tout ce qui enthousiasme ses contemporains. »

Dialogue théologique et sociologique
La foi chrétienne donne dès lors à Jacques Ellul la « lucidité prémonitoire » pour mettre en cause la religion de la croissance et la sacralisation de la technique. Car toute sa réflexion se situe dans une dialectique entre théologie et sociologie, dans un dialogue entre lecture de la Bible et analyse des mutations contemporaines.

Le juriste-théologien en est convaincu dès les années 1950 : notre société est déterminée par la technique. Celle-ci représente un système clos, qui étend sa puissance sur toute chose, réduisant même la politique à une illusion. Et tandis que la société découvrait les prémices d’internet, Ellul avait perçu depuis des décennies déjà que « par manque d’imagination et de volonté, l’homme s’est subordonné à l’information au lieu de la dominer ». Un constat implacable, mais combien réaliste à l’heure où l’intelligence artificielle effraie même les plus technophiles !

Pessimiste, Ellul ? Sans doute, mais « plein d’espérance », ajoutait-il. Car ce n’est que lorsque l’humain ne peut plus rien que Dieu peut enfin tenir ses promesses.

Christianisme subverti
Ellul se convertit à la foi chrétienne à 18 ans et choisit le protestantisme : « J’ai lu les théologiens catholiques, et je suis arrivé à la conclusion que les auteurs protestants étaient plus proches de ce que j’avais compris de la Bible. » Engagé dans l’Eglise réformée comme prédicateur, mais aussi durant quinze ans au sein de son Conseil national, il déplore pourtant la « subversion du christianisme », réduit à une morale et à des fêtes. Il l’assène : « Si le Saint-Esprit est, était, avait été avec les chrétiens et avec les Eglises, nous n’aurions pas assisté à cette terrible subversion qui a fait prendre pour christianisme exactement l’inverse. ».

En savoir plus sur jacques ELLUL : au Éditions Mennonites ICI

Par "Réformés" - le journal - Novembre 2024

Je pense souvent à Jean Calvin, j’ai bien des raisons de penser à lui.
Une de ces raisons, c’est l’affirmation que Dieu seul connait qui sont les siens (2 Timothée 22:19).
Que Dieu les connaisse, c’est simplement évident, mais qu’il soit le seul, c’est à proprement parler vertigineux. Car ainsi rien de ce que fera une Église, prières, cultes et solennités… ne lui permettra jamais d’avancer vers cette connaissance qui n’appartient qu’à Dieu, maintenant depuis toujours et pour toujours.

Ce commencement de réflexion nous fait arriver à une autre raison de penser à Jean Calvin. Une raison dont il lui est souvent fait reproche, la doctrine de la double prédestination : Dieu sait depuis toujours, c'est-à-dire dès avant la fondation du monde (Matthieu 25:34), qui sont ses élus, et qui sont les réprouvés.
Quoi que l’être humain fasse, il ne pourra rien changer au sort que Dieu lui a déjà choisi, l’éternelle béatitude ou l’éternel tourment.
Chaque fois que ce sujet est abordé, ce sont les mêmes protestations qui reviennent. « A quoi bon faire tout ce que nous faisons de bon dans notre vie humaine, si tout est décidé d’avance ? »
Et bien cela relève de la connaissance de Dieu, qui est Dieu.
Et là Jean Calvin, avec un brin d’humour, fait remarquer que ceux qui s’aventurent sur ce terrain risquent de n’y rien trouver de ce qu’ils recherchent, et risquent surtout d’attraper des maux de tête.
En fait, dans la pensée du 16ème siècle, lorsque l’être humain croyait en un au-delà béatifique ou infernal, et œuvrait sa vie durant pour mériter son paradis, la doctrine de la double prédestination était une prédication libératrice. Et ne pas savoir était synonyme de liberté.
Je pense ici très fort à lui : quelqu’un veut-il de cette liberté-là ?
Luther, avant Calvin, avait déjà repéré que, même chez certains de ses amis Réformateurs, cette liberté que donne la grâce seule était une ouverture à la vie tout simplement insupportable.
La servitude est plus facile à vivre que la liberté, nous le savons depuis le livre de l’Exode.

Si je pense encore à Jean Calvin après tout ça, c’est pour me dire que la doctrine de la double prédestination a aujourd’hui une conséquence que je trouve belle.
Elle supprime tout commerce avec Dieu.
Elle supprime toute image possible d’un Dieu commerçant.
Elle fait ainsi entrer le croyant dans sa majorité : penser et agir librement, et en répondre.
L’initiative est aux croyants.

Pasteur Jean Dietz

Je pense souvent à Martin Luther. Il y a plein de bonnes raisons de penser à lui. L’une, c’est l’Appel à la noblesse chrétienne de la nation allemande pour la réforme de l’état chrétien. Le titre est long, le texte date de 1520. On y trouve un projet de société basé sur l’égalité de tous devant la loi, du plus petit au plus grand. Et c’est de ce projet stupéfiant que jaillira l’idée du sacerdoce universel des croyants tous ensemble.

Je pense souvent à lui qui inspira son ami et collaborateur Philippe Melanchthon, rédacteur et défenseur de la Confession d’Augsbourg et de l’Apologie. Septième article : L’Église est présente là où l’évangile est purement enseigné et les sacrements droitement administrés. En une seule phrase il y a ce qui est peut-être le cœur de toute la Réforme. L’Église n’y relève pas de la soumission à un pouvoir pyramidal, mais du commun accord des fidèles. Bien sûr il faut s’entendre sur les adverbes ‘purement’ et ‘droitement’, mais nous ne sommes pas démunis. Lisez ce qui suit.

Je pense souvent à Martin Luther et à l’expérience personnelle qu’il relate, celle d’un homme qui cherchait en l’Évangile comment soulager craintes et angoisses et qui, tout à coup, vécut une sorte d’illumination en comprenant qu’en l’Évangile tout est grâce, et que c’est gratuitement que Dieu sauve. Il semble que sa méditation de Romains 1,16-17 ait été décisive sur ce point. L’adverbe ‘purement’ et l’adverbe ‘droitement’ prennent ici le sens de ce qui est gratuit.

Je pense à lui qui ne cessa jamais de veiller et de ferrailler pour que ce message bouleversant ne se perde pas, ne soit pas rabattu sur des obligations qui reviendraient s’imposer à ces chrétiens que la grâce divine aurait pourtant libérés. Oui, c’est par grâce seule que Dieu sauve, et non, l’homme ne peut en aucun cas contribuer à son propre salut.

Je pense à Martin Luther qui, pour que le message passe, écrivit deux catéchismes, l’un à destination des fidèles, l’autre à destination des catéchètes. Et qui fut aussi un commentateur infatigable et inspiré des Saintes Écritures, irremplaçable commentaire de l’Épître aux Galates, entre autres.

Enfin, je pense à lui dont l’un de mes maîtres disait qu’il est le seul protestant qui pourrait être canonisé. Un autre maître nous disait que chacun devrait lire le traité De la liberté du chrétien (1520) au moins une fois… par an.

Pasteur Jean Dietz

Le président américain, Donald Trump, a la volonté de juguler les contre-pouvoirs, mais parviendra-t-il à ses fins ?

Dans sa conception du gouvernement, le président américain, Donald Trump, aspire à un pouvoir autoritaire au même titre que Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan ou Xi Jinping. La différence entre les États-Unis, la Russie, la Turquie ou la Chine est que les premiers sont une démocratie dans laquelle demeurent des contre-pouvoirs, alors qu’ils sont muselés dans les trois autres. C’est dire les enjeux de notre article sur la vitalité de la démocratie étasunienne.

Pour penser l’importance des contre-pouvoirs, nous pouvons faire un détour biblique et revenir au livre de l’Exode, qui marque la libération du peuple et la constitution des enfants d’Israël en une nation. Pendant cette marche vers la liberté, Moïse a institué trois ordres : des juges, des prêtres et des anciens, ce qui correspond à une première séparation des pouvoirs entre le judiciaire, le religieux et le politique. Par la suite a émergé un quatrième pouvoir, celui des prophètes, qu’on peut assimiler au pouvoir d’interpellation au nom de la justice.

«Ton pouvoir ne tiendra pas»
Nous prendrons deux exemples sur les bénéfices du maintien de cette distinction. Le premier roi s’appelait Saül. Il a été choisi par Dieu, pourtant il a fait une faute qui a conduit à sa perte : alors qu’il se préparait à livrer une bataille contre les Philistins, comme le prêtre tardait à venir, il a offert un sacrifice pour demander à Dieu de bénir son armée. Quand Samuel est arrivé et qu’il a appris ce qu’avait fait le roi, il a prononcé la sanction : « Ton pouvoir ne tiendra pas » (1 S 13, 13-14). Saül a été déchu parce qu’il n’a pas respecté la séparation du politique et du religieux.

Le deuxième exemple concerne le rôle des prophètes, chargés de dénoncer les injustices et de rappeler aux rois qu’il existe une loi au-dessus d’eux. Parce que les prophètes gênaient, les rois ont eu tendance à susciter des prophètes de cour affirmant que tout ce qu’ils faisaient était juste. Les sages ont remarqué que lorsque le roi se laissait interpeller par le prophète – comme sous le règne de David – le pays prospérait alors que lorsque le souverain voulait contrôler la parole des prophètes, le royaume déclinait. Pour revenir à l’actualité, la vitalité d’une démocratie repose sur la juste place occupée par les différents pouvoirs au sein des institutions.
Le président Trump a la volonté de juguler les contre-pouvoirs, en a-t-il la possibilité ?
Sauront-ils résister ?
De la réponse à ces questions dépend l’avenir de la plus vieille démocratie du monde moderne.

Un éditorial du pasteur Antoine Nouis, directeur de Réforme.

Si l’on part du postulat d’André Malraux que « l’art est le plus court chemin de l’homme à l’homme » proposer de l’art-thérapie aux résidents du Diaconat s’imposait !

Nous croyons que l’art-thérapie offre de nombreux bienfaits pour la personne âgée. Nous proposons à nos aînés non seulement un accompagnement dans le soin mais aussi dans leur épanouissement personnel, même dans les dernières années de leur vie.

L’art-thérapie est une technique qui utilise la médiation artistique comme outil thérapeutique. Par divers outils artistiques, le résident s’exprime en laissant émerger ses émotions, son vécu et ses souffrances dans un but de mieux-être.

Elle est comme un tremplin vers les choses enfouies et non exprimées. Les troubles les plus caractéristiques que nous rencontrons chez nos aînés sont des troubles de l’expression, de l’altération de la mémoire, de la communication et de l’anxiété.

"L'art, c'est le reflet que renvoie l'âme humaine éblouie de la splendeur du beau." Victor Hugo

Pour en savoir plus c’est ICI

Fondation SONNENHOF.