Chaque fois que je pense à la situation à Gaza, le mot qui me vient à l’esprit est celui de tragédie. Une tragédie est une histoire qui finit mal et dans laquelle il n’y a que des perdants. Un éditorial d'Antoine Nouis, directeur de Réforme.

Les plus grands perdants de la guerre à Gaza sont les Palestiniens qui subissent la double peine de vivre sous un régime totalitaire et de subir une guerre épouvantable avec son lot de destructions et de désastres. Jacques Ellul disait qu’une guerre limitée était un contresens car dans une guerre les combattants finissaient toujours par utiliser toutes les armes qui sont à leur disposition. Les Israéliens ont attaqué Gaza pour éliminer les terroristes et ils en sont venus à bombarder les populations civiles et les hôpitaux, et à provoquer – certains disent orchestrer – une famine. Cest insupportable.

Les autres perdants sont les Juifs d’Israël et d’ailleurs. Les attentats du 7-Octobre ont laminé en Israël les partisans de la paix et du dialogue avec les Palestiniens. La jeunesse israélienne ne sortira pas indemne d’avoir été conduite à participer à une guerre qui commet des horreurs. Et les Juifs du monde entier sont les victimes d’un retour de l’antisémitisme. Pourquoi, dans toutes les manifestations d’Europe – en France pendant la journée du 10 septembre –, brandit-on le drapeau palestinien et jamais les drapeaux ukrainien ou soudanais ? Il n’y a pas qu’à Gaza que se déroule une guerre insupportable. Peut-être est-on plus exigeant avec Israël parce que c’est le peuple qui a apporté au monde l’idée de la séparation des pouvoirs, de la dignité des pauvres et du respect de l’étranger.

Une guerre injuste et cruelle
Qui sont les responsables de cette tragédie ? Le Hamas, qui est à l’origine du conflit. Aujourd’hui encore, il suffirait qu’il relâche les otages encore vivants pour que la situation d’Israël devienne intenable. Mais aussi le gouvernement Nétanyahou, qui est l’otage de l’extrême droite et s’est enfermé dans une idéologie mortifère dont le secret espoir est d’éliminer tous les Palestiniens. Pour cela il n’hésite pas à envoyer sa population faire une guerre injuste et cruelle.

On peut ajouter les pays arabes qui sur le papier défendent leurs frères palestiniens mais qui se gardent bien de les accueillir chez eux. J’ai eu l’occasion de me rendre en Égypte et mes interlocuteurs m’ont bien précisé que leur gouvernement faisait tout pour garder fermée la frontière avec Gaza, car ils ne voulaient pas des Palestiniens chez eux. Comme toute tragédie, la guerre à Gaza finira mal. Il ne faut pas se voiler le visage, il ne reste que nos yeux pour pleurer et nos prières pour supplier.