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Actualités de 2025

Un texte ne vaut pas une vraie rencontre, mais pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur ma personne... Voilà quelques lignes.

Alors que je ne savais pas quoi faire après mon baccalauréat, mes expériences ecclésiales (école du dimanche, catéchisme, camps d'été...), m'ont laissé penser que le milieu d'Église pourrait me plaire. Je me suis donc dirigée - sans trop savoir ce qui m'y attendait - vers la faculté de théologie protestante.
Je n'avais alors pas pensé une seconde au ministère pastoral. C'est au fil des cours et des stages que j'ai pu découvrir que ce ministère me correspondait. Pour moi, qui depuis toujours, aspirait à travailler avec les personnes toutes générations confondues, qui était passionnée par les projets et les challenges, qui aimait la musique et qui avait à cœur le Seigneur et I*Évangile, le ministère pastoral rassemblait en tous points ce qui m'animait.

Après un stage accompagné à Schwindratzheim, mon ordination en 2020, puis cinq années à Hangviller-Berling-Metting-Pfalzweyer, me voici dans votre consistoire pour poursuivre mon chemin.

Depuis mes débuts, j'ai appris que le ministère peut être riche de découvertes, de rencontres, de joies, de peines, de beaux projets mais qu'il contient aussi ses tensions et ses épreuves qu'il faut apprendre à surmonter en communauté.
Les mots d'ordre que j'ai formulés pour les prochaines années de mon ministère : un pas après l'autre. Nos paroisses et notre Église sont à la croisée des chemins. Nous devons dire adieu à un ancien système, pour un nouveau : pas moins bien, mais différent. Autant de défis à relever pour construire le visage de l'Église de demain : une Église qui accueille chacun et chacune et qui compte sur la collaboration de chacun.

Je suis accompagnée et soutenue dans cette aventure par mon mari Frédéric et nos deux enfants, Robin et Camille.

Au plaisir de faire plus ample connaissance avec chacun d'entre vous !
Lauriane Kuhm sera envoyée dans sa nouvelle mission le dimanche 7 septembre à 15h en l’église Saint-Jacques de Dettwiller.
A l'issue de ce culte, vous êtes chaleureusement conviés au verre de l’amitié qui se tiendra à la salle Hohgraben, 12 rue de l’Eglise à Dettwiller.

Six établissements gérés par l’agence de l’ONU : UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) ont été fermés sur décision israélienne.

Depuis le 7 octobre 2023, la guerre à Gaza a également des répercussions dramatiques en Cisjordanie où se déroulent de nombreuses exactions armées.
La limitation de la liberté de déplacement, la confiscation de terres, la destruction d’infrastructures et la chute du tourisme ont engendré une grave crise économique. Par la force des choses, de nombreuses familles palestiniennes ont perdu la possibilité de travailler et connaissent des difficultés sociales importantes.
Église évangélique luthérienne de Jordanie et de Terre sainte (ELCJHL – dont le site internet est ICI) accueille en Cisjordanie 1.250 élèves dans ses 3 écoles principales, qui sont à la fois des lieux d’enseignement et de promotion de la paix.
De nombreuses familles n’ont plus les moyens d’assumer les frais de scolarité.
L’Église luthérienne continue d’accueillir leurs enfants, comptant sur notre soutien pour être en capacité de poursuivre sa mission éducative.

Comme les autres parents d’élèves, Feras, boulanger, ne donne pas son nom, par crainte d’être ensuite menacé par les services de sécurité israéliens pour avoir parlé à la presse. Sa fille de 13 ans n’a pas effectué sa rentrée scolaire, lundi 1er septembre. Comme 300 enfants du camp de réfugiés de Chouafat, où sont entassées plus de 30 000 personnes entre les hauts murs de l’enceinte en béton qui sépare le quartier du reste de Jérusalem-Est, occupé illégalement par Israël depuis 1967. « J’ai cherché, mais je n’ai pas trouvé de place », se désole le père de famille, installé dans une des ruelles de l’enclave.

Ce lundi aurait dû être une journée banale de rentrée scolaire, comme pour plus de 2 millions d’élèves en Israël et dans les territoires annexés de Jérusalem-Est. Mais six écoles gérées par l’agence des Nations unies pour les territoires occupés (UNRWA) sont restées portes closes à Jérusalem-Est, dont trois dans le camp de réfugiés de Chouafat, une poche de pauvreté, et désormais de criminalité, délaissée par Israël depuis des années. « Beaucoup de parents m’ont prié de prendre leurs enfants. Je voudrais bien, mais je n’ai pas assez de place », regrette la directrice d’une école en faisant écouter un message tout juste enregistré sur sa boîte vocale : « C’est une mère qui appelle à l’aide. » A l’échelle de Jérusalem, ils seraient ainsi 600 sans affectation, selon les ONG, amplifiant l’absentéisme, plus élevé que dans le reste de la ville, mieux dotée sur le plan scolaire.

La fermeture des écoles remonte au mois de mai. Des militaires israéliens avaient effectué un « raid » pour venir fermer toutes les écoles de l’UNRWA à Jérusalem-Est. Les autorités expliquaient alors appliquer une loi votée en 2024 interdisant toute activité de l’agence des Nations unies sur le sol israélien, une mesure de rétorsion décidée après le 7 octobre 2023 au motif, selon Israël, que des employés de l’UNRWA avaient été impliqués dans l’attaque terroriste lancée par le Hamas depuis Gaza – ce que l’agence a démenti, après enquête, en dehors d’une poignée d’individus.

Des recours ont été déposés, notamment par l’Association des droits civiques d’Israël (ACRI), contre la décision de fermeture des écoles, sans résultat pour l’instant. La Cour suprême devrait se prononcer le 16 septembre. Interrogée, la municipalité de Jérusalem explique avoir encouragé les inscriptions en amont et insiste sur le fait que « chaque étudiant qui a réclamé une place dans une école municipale a reçu une réponse ». L’engagement laisse dubitatives les associations et les Nations unies qui constatent, sur le terrain, le décrochage de nombreux enfants et des conditions d’enseignement particulièrement dégradées au sein de plusieurs écoles. « Lorsque nous avions écrit à la municipalité et au ministère de l’éducation, ils nous avaient garanti qu’ils avaient une solution pour chaque enfant. Cela n’a pas été le cas », souligne Tal Hassin, au nom de l’ACRI.

Une partie des familles refusent de scolariser leurs jeunes enfants à l’extérieur du camp parce que cela supposerait de franchir, deux fois par jour, un checkpoint tenu par des militaires israéliens. « Il s’avère que pour beaucoup de ces enfants, il n’y a pas vraiment d’alternative à nos écoles, en particulier dans le camp de Chouafat, relève Roland Friedrich, directeur de l’UNRWA pour la Cisjordanie. La municipalité, dès l’année dernière, a fait beaucoup d’annonces concernant la mise à disposition de places dans des écoles alternatives, l’octroi de budgets, la mise en place de moyens de transport. Nous n’avons encore rien vu de tout cela. »

« Ils veulent nous effacer »
Les ONG replacent la fermeture des écoles de l’UNRWA dans un contexte plus large. L’association israélienne Ir Amim, qui effectue un travail reconnu sur Jérusalem, insiste sur la stratégie agressive des autorités en matière scolaire. « Israël fait beaucoup d’efforts pour que les enfants suivent un programme israélien, y compris les écoliers palestiniens. Toute nouvelle école ouverte par l’Etat n’est destinée qu’au programme scolaire israélien, relève Oshrat Maimon, directrice juridique d’Ir Amim. Cette politique oblige les parents, les élèves et les enseignants palestiniens à choisir entre continuer à subir de graves pénuries dans les salles de classe, la surpopulation et la vétusté des installations, ou abandonner le programme scolaire palestinien, qui est ancré dans leur identité nationale et leur patrimoine culturel. »

Dans le petit groupe de parents et d’habitants qui discutent autour du boulanger, un professeur de mathématiques, diplômé de l’école de l’UNRWA trente-cinq ans plus tôt, s’inquiète à l’idée que les enfants des réfugiés perdent ainsi une part de leur culture : « Ils s’en prennent à l’UNRWA, mais c’est plus profond que ça : ils ne veulent plus des réfugiés, ils veulent nous faire disparaître, ils veulent nous effacer en tant que Palestiniens et réfugiés », relève l’enseignant. Un sexagénaire, électricien, abonde : « Conserver l’UNRWA, c’est montrer que les réfugiés sont toujours là. S’ils pouvaient même effacer le mot, ils le feraient. Alors, ils font partir l’UNRWA, ils réduisent l’instruction de nos enfants ou nous obligent à leur faire suivre leur programme. »

Luc Bronner du Monde, septembre 2025

Son statut de « commandeur des croyants » vaut au souverain marocain une aura particulière. Il lui permet aussi de contrer les ambitions des islamistes, dont il rejette le projet politique et la manière de vivre.

Si Paris vaut bien une messe, Casablanca vaut bien une fatwa. Le 26 février, le roi Mohammed VI du Maroc s’adresse à ses sujets en tant que « commandeur des croyants ». Il leur demande de ne pas sacrifier de moutons, comme le veut la tradition, pour l’Aïd-el-Adha, la « fête du sacrifice », prévue en juin, qui commémore le sacrifice d’Abraham. La raison de cette entorse au rituel ? « Notre pays affronte des défis climatiques et économiques qui ont eu pour conséquence une régression substantielle du cheptel », précise le roi dans un discours lu à la télévision publique par le ministre des affaires religieuses. « L’accomplissement [du rituel de l’Aïd] dans ces conditions difficiles est susceptible de porter préjudice » à une grande partie des habitants du pays, « particulièrement ceux à revenu limité », ajoute le souverain chérifien. Après sept années de sécheresse d’affilée, le nombre de têtes de bétail s’est, de fait, effondré, faisant flamber les prix.

Le 7 juin, jour de l’Aïd-el-Adha, Mohammed VI assiste à la prière. Il procède ensuite, comme le faisait le prophète Mahomet, au sacrifice de deux béliers, l’un pour sa famille, l’autre pour la communauté, devant les caméras de la télévision nationale. La plupart de ses compatriotes ont respecté sa recommandation, évitant ainsi de débourser de 6 000 à 7 000 dirhams (de 600 à 700 euros) pour un animal, alors que le salaire minimum est inférieur à 300 euros par mois.

Aucune polémique, aucune récrimination. Ce n’est pas la première fois que la population est appelée à la frugalité à l’occasion de l’Aïd : Hassan II, le père de Mohammed VI, avait déjà interdit le sacrifice à trois reprises : en 1963, à cause de la « guerre des sables » avec l’Algérie ; en 1981 et en 1996, en raison, déjà, de sécheresses dévastatrices Aucun autre dirigeant musulman ne s’est risqué à émettre une telle recommandation aux fidèles, de peur d’encourir les foudres des oulémas (savants religieux) ou des islamistes. Mais il faut dire qu’aucun ne dispose non plus d’une légitimité religieuse identique à celle du commandeur des croyants, dont la dynastie est réputée remonter jusqu’à la famille du Prophète.

« Pas une fonction religieuse »
Rappelons aussi que ce titre renvoie à un passé glorieux dans le monde arabo-musulman : l’époque des califes ayant succédé à Mahomet, au VIIe siècle. Quel dirigeant arabe ou musulman pourrait se prévaloir d’un tel prestige ? Pas même les Saoudiens, si prompts à se présenter comme les « gardiens des deux lieux saints », La Mecque et Médine. Pour l’islamologue et politologue franco-marocain Rachid Benzine, le pouvoir du roi s’étend au-delà des seuls musulmans : « En tant que commandeur des croyants, il commande aussi aux juifs et aux chrétiens, considérés comme des croyants dans l’islam. » Même si ces minorités sont très limitées – 30 000 chrétiens et de 1 500 à 2 000 juifs vivent dans ce pays de plus de 38 millions d’habitants –, cette affirmation illustre l’étendue de son influence. En somme, le commandeur des croyants est le « commandeur des Marocains », de tous les Marocains. Mais son influence ne dépasse pas les frontières du royaume, à l’exception de celle qui est exercée sur les nombreux émigrés, en particulier en Europe.

« Comprendre le titre de “commandeur des croyants” comme une fonction religieuse est un contresens, décrypte le politologue Youssef Belal, spécialiste de l’islam marocain. C’est un rôle de commandement, mais, dans la réalité, ce sont les oulémas qui ont le pouvoir religieux entre leurs mains. Ce titre permet surtout au roi de se placer au-dessus du jeu politique et constitutionnel. » Au départ, c’est le maréchal Hubert Lyautey (1854-1934), grand architecte du protectorat français au Maroc, qui eut l’idée d’insister sur la dimension religieuse du sultan du Maroc (le terme employé, plutôt que celui de « roi », avant l’indépendance), afin de mieux le tenir éloigné de la réalité des affaires politiques. « On s’est attaché d’abord à rehausser le prestige personnel du sultan en faisant revivre autour de lui les anciennes traditions et le vieux cérémonial de cour, à garantir scrupuleusement l’autonomie de son pouvoir religieux, à raffermir sa confiance et son autorité en l’associant à nos projets, en sollicitant ses réflexions et avis », écrit Lyautey, en 1914, dans son Rapport général sur la situation du protectorat du Maroc. Le maréchal dessina lui-même le drapeau national, une étoile verte à cinq branches (comme les cinq piliers de l’islam) sur bannière rouge, la couleur de la dynastie alaouite.

L’officialisation de la qualité de « commandeur des croyants » intervient bien plus tard, et doit tout au génie politique de Hassan II. Au début des années 1960, celui-ci n’est encore qu’un jeune souverain contesté par le Parti de l’Istiqlal (« indépendance »), qui réclame un partage du pouvoir au nom de son rôle dans la lutte pour l’indépendance, acquise en 1956. Soucieux de consolider son emprise sur le pays, Hassan II prend alors l’initiative d’inscrire dans la Constitution de 1962 la fameuse règle qui fait de lui le commandeur des croyants. Ce qui était tacite depuis Lyautey est désormais gravé dans le marbre. Un autre article ajouté à la Constitution présente la personne du roi comme « inviolable et sacrée ».

Destiné, à l’origine, à contrer les revendications de la gauche en faveur d’une république, ce titre sera bien utile, à partir des années 1980, lorsqu’il faudra contenir la menace islamiste, de plus en plus marquée, au Maroc, dans le monde arabe et en Europe. Hassan II en use d’ailleurs – et ne se prive pas de le faire savoir – pour dénouer la crise provoquée en France par des lycéennes franco-marocaines voilées, à Creil (Oise), en 1989. Grâce à son conseil « paternel », les jeunes filles en question acceptent de retirer leur foulard en classe. Hassan II, qui a fait bâtir à Casablanca une gigamosquée portant aujourd’hui son nom, s’intéressait tant aux questions religieuses qu’il avait invité le pape Jean Paul II dans son pays, en 1985. Lors de cette visite, rarissime en terre musulmane, le souverain pontife polonais s’était adressé à 80 000 jeunes musulmans rassemblés dans le stade de Casablanca. « Le dialogue entre chrétiens et musulmans est aujourd’hui plus nécessaire que jamais », avait-il déclaré à la foule. Trente-quatre ans plus tard, en mars 2019, un autre pape, François, s’est rendu au Maroc, cette fois à l’invitation de Mohammed VI, pour transmettre le même message devant 25 000 personnes, à Rabat.

Formé à l’école coranique parallèlement à ses études profanes au Collège royal, Mohammed VI n’a pas vraiment innové en matière de religion. Disons plutôt qu’il a placé ses pas dans ceux de son père. Hassan II avait instauré un cycle de conférences télévisées pendant le ramadan, intitulé les « Dourous hassaniya » (que l’on peut traduire par les « leçons hassaniennes », mais qui est aussi un jeu de mots sur le prénom du roi et sur hassana, signifiant « bonnes actions »), durant lesquelles il aimait à discourir sur des sujets religieux. Mohammed VI a maintenu la tradition, tout en se tenant davantage en retrait, se contentant le plus souvent de poser des questions à des « savants » et d’écouter. « C’est devenu un rituel de la mise en scène, explique un observateur de la scène religieuse. Mohammed VI n’a pas d’appétit pour la question religieuse. Il exerce sa fonction en respectant le rituel. Cela se limite à cela. »

Pas question, pour autant, d’aller jusqu’à reconnaître une véritable liberté de conscience aux Marocains – et donc celle de ne pas croire en Dieu –, ce qui risquerait d’affaiblir son statut de commandeur des croyants. L’échec de la tentative d’insérer cette notion de liberté dans la Constitution, lors de la révision de 2011, a souligné les limites de l’ouverture du royaume dans ce domaine. Les progressistes marocains ont vécu cet échec comme une amère défaite. Malgré tout, l’islam pratiqué dans leur pays demeure tolérant et pragmatique, comme l’atteste la recommandation du roi sur le sacrifice pour l’Aïd-el-Adha.

Si le commandeur des croyants est tenu de faire bonne figure en public, sa vie privée n’appartient qu’à lui. Une courte vidéo captée en août 2022 par un automobiliste parisien, et largement commentée sur les réseaux sociaux, le montre titubant légèrement, un verre à la main, à la sortie d’un établissement nocturne. De source proche du cercle royal, les soirées au palais jusqu’à la fin des années 2010 étaient passablement arrosées, pas tant par le roi lui-même que par ses proches conseillers. Cela a changé depuis qu’il s’entoure de combattants d’arts martiaux mixtes, adeptes d’une hygiène de vie sportive et pratiquant une religiosité populaire, plus rigide que celle de la haute bourgeoisie de Rabat ou de « Casa ». Au pays, tout cela est de notoriété publique, mais personne n’a jamais reproché ces entorses, du moins à haute voix. Et d’ailleurs, qui ne s’arrange pas, à un moment ou à un autre, avec les règles religieuses ?

Si l’islam est privé, l’islamisme, lui, concerne au plus haut point l’avenir de la royauté. Or, assure un proche, « Mohammed VI a horreur des islamistes, il les abhorre », tant leur projet politique que leur manière de vivre. Depuis l’effondrement des idéologies inspirées par le nationalisme arabe et le marxisme, depuis que l’armée n’est plus sortie des casernes, le fondamentalisme religieux est la principale menace pour le trône. Au Maroc, il se divise en trois branches : les légalistes du Parti de la justice et du développement (PJD), intégrés au jeu politique ; les réfractaires du mouvement, non reconnu mais toléré, Al-Adl wal-Ihsane (Justice et bienfaisance), dont le fondateur, cheikh Abdessalam Yassine (1928-2012), n’a jamais approuvé la qualité de commandeur des croyants attribuée au roi ; et enfin les insurgés que sont les djihadistes, affiliés à Al-Qaida ou à l’organisation Etat islamique.

Riposte au terrorisme
Le 11 septembre 2001, lorsque les tours du World Trade Center, à New York, s’effondrent sous les yeux du monde entier, Mohammed VI ne veut pas croire que son pays sera entraîné dans la tourmente. Un mois et demi plus tard, interrogé par la journaliste française Anne Sinclair pour le compte de l’hebdomadaire Paris Match, il décrit un Maroc épargné par les soubresauts. « Je ne vois vraiment pas où est la menace islamiste !, s’exclame-t-il. Je me promène dans mon pays, sans aucun problème. Je n’ai pas augmenté l’effectif de ma sécurité… Ici, les gens qui ont envie d’être barbus ont le droit de porter la barbe, les femmes qui ont envie de se voiler le visage en ont le droit. » Afin de faire pièce à la guerre de civilisation qui pointe, le palais met en avant le dialogue interreligieux, mis en scène par son conseiller juif, André Azoulay.

Cette illusion de quiétude vole en éclats le 16 mai 2003. Une douzaine de terroristes, issus pour la plupart du bidonville casablancais de Sidi Moumen ou du département français des Yvelines, commettent cinq attentats-suicides presque simultanés en visant des cibles juives, touristiques et étrangères à Casablanca, la capitale économique du royaume. Le bilan est de 33 morts et d’une centaine de blessés. Il aurait pu représenter le triple si les auteurs n’avaient pas fait preuve d’une forme d’amateurisme – le cimetière juif était vide, et un centre hébraïque fermé le vendredi soir. Moins d’un an plus tard, le 11 mars 2004, une cellule terroriste composée de plusieurs dizaines de personnes, en majorité des Marocains, fait exploser des bombes dans plusieurs sites à Madrid, dont la gare d’Atocha, tuant près de 200 personnes. Une attaque revendiquée par Al-Qaida. Le royaume de Mohammed VI ne peut plus se réfugier derrière les explications habituelles du type « ces gens n’ont rien à voir avec l’islam ».

Au Maroc, la riposte des autorités sera à la fois sécuritaire et politique. La traque des cellules djihadistes s’intensifie. Les arrestations se comptent par milliers, les condamnations, par centaines. Rabat accueille certains vols secrets de la CIA, l’agence centrale du renseignement américaine, destinés à transférer de présumés terroristes vers des sites où ils seront interrogés et torturés en toute discrétion. A la manœuvre, un trio qui est encore en place de nos jours. Fouad El-Himma, plus proche conseiller et ami d’enfance du roi, assure la coordination de l’architecture sécuritaire du pays, d’abord en tant que numéro deux du ministère de l’intérieur (1999-2007), puis comme conseiller principal de Mohammed VI. Yassine Mansouri, lui aussi issu du Collège royal, pilote depuis 2005 la direction générale des études et de la documentation, autrement dit le renseignement extérieur. Abdellatif Hammouchi agit en tant que patron de la direction générale de la surveillance du territoire, le renseignement intérieur, poste qu’il occupe depuis 2005 – il deviendra patron de la direction générale de la sûreté nationale (police nationale) en 2015.

Après les attentats de 2003, les mosquées sont reprises en main, et les confréries soufies, perçues comme un rempart à l’islamisme, remises au goût du jour. Tous les imams ne sont pas « fonctionnarisés », mais il leur faut tous obtenir une autorisation pour prêcher. Les prêches, sans faire l’objet d’une autorisation préalable, doivent respecter certaines « lignes rouges », à commencer par la légitimité de la monarchie. Un nouveau Conseil supérieur des oulémas – présidé par le roi en personne – est instauré en 2009, de même qu’un Institut Mohammed-VI de formation des imams, en 2014. Ce dernier sera renforcé en 2015 par la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, destinée à diffuser la version marocaine d’un islam du « juste milieu ». Au fil du règne de Mohammed VI, l’islam est ainsi devenu un outil du soft power marocain en Afrique.

Réforme du code de la famille
L’ouverture aux autres religions ajoute à la réputation internationale du Maroc. Depuis 1962, la Constitution édicte que l’Etat « garantit le libre exercice des cultes ». Certes, les lois fondamentales de l’Algérie et de la Tunisie en font de même. Mais, dans la pratique, le royaume s’est distingué en abritant, en 2012, un centre de formation théologique chrétien – fait unique dans un pays musulman. Installée à Rabat, cette institution, baptisée « Al-Mowafaqa » (« l’accord »), prépare à une licence de théologie en liaison avec l’Institut catholique de Paris et la Faculté de théologie protestante de l’université de Strasbourg. Ainsi se forme localement une partie du « personnel » religieux destiné à encadrer le réveil spectaculaire du christianisme dans le royaume, nourri par les flux de migrants subsahariens de confession catholique ou protestante. Avec des limites, tout de même : les cadres diplômés d’Al-Mowafaqa sont exclusivement des non-Marocains.

Le commandeur des croyants surveille de près le risque d’une « contagion » des nationaux musulmans par cette renaissance chrétienne aux couleurs africaines. Le prosélytisme est proscrit par la loi ; l’article 220 du code pénal prévoit des peines d’emprisonnement de « six mois à trois ans » pour quiconque « emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion ». Illustration de l’extrême sensibilité du sujet, le gouvernement avait expulsé, en 2010, plusieurs dizaines de missionnaires – principalement américains – d’Eglises évangéliques opérant, sous le couvert d’actions humanitaires, dans les villages pauvres du Moyen Atlas. Désagréablement surpris par cette décision, alors que les relations entre Washington et Rabat étaient étroites, l’ambassadeur américain avait protesté. Autre indice de la nervosité permanente des autorités face au risque d’« ébranlement de la foi » : à chaque célébration de Noël, un policier en civil filme l’assistance des fidèles rassemblés à la cathédrale de Rabat, au cas où des convertis ayant quitté l’islam s’y mêleraient. L’existence de cette communauté quasi clandestine de transfuges, évaluée entre 2 000 et 6 000 personnes, dont les représentants se plaignent de persécutions de la part de la police tout autant que de l’ostracisme de la société, demeure un tabou au pays du commandeur des croyants.

Mais, en deçà des fameuses « lignes rouges », bien des choses restent possibles, comme l’a montré le chantier des droits de la femme. Dès 2003, le roi avait défini ainsi sa marge de manœuvre : « Je ne peux autoriser ce que Dieu a prohibé ni interdire ce que le Très-Haut a autorisé. » Un an plus tard, il fait adopter par le Parlement la réforme de la Moudawana, ce code de la famille qui infériorise la femme. « Cette réforme correspond aux convictions profondes de Mohammed VI, c’est aussi une réponse aux attentats de Casablanca », analyse Youssef Belal. Il faut se rappeler que l’une des premières mesures de Mohammed VI à son accession au trône, en 1999, avait consisté à dissoudre le harem royal de son père.

La nouvelle Moudawana est audacieuse. Elle restreint la polygamie, relève à 18 ans l’âge minimum légal du mariage (contre 15 ans auparavant), supprime le statut de « chef de famille » accordé jusque-là au mari, permet à une femme de divorcer au cas où son mari souhaiterait prendre une deuxième épouse… Mais, dans les faits, elle est mal appliquée par une magistrature très conservatrice. Le symbole n’en reste pas moins important, autant que les dispositions. Sous l’impulsion du roi, une « Moudawana 2 » est d’ailleurs en préparation pour compléter et améliorer la réforme précédente. « L’idée est d’offrir une meilleure protection à la femme et aux enfants en cas de divorce, précise Rachid Benzine. Le roi aurait aimé aller plus loin, mais il faut tenir compte des tensions et pesanteurs de la société. » Ainsi sera-t-il difficile de remédier aux inégalités hommes-femmes en matière d’héritage, tant le texte coranique est précis sur ce point.

Au Maroc, comme ailleurs dans le monde arabe (Tunisie, Egypte), les premiers à avoir profité des « printemps arabes » de 2011 furent les islamistes, en particulier le PJD. Ce parti affilié aux Frères musulmans s’était tenu à l’écart, au nom de la stabilité du royaume, des manifestations étudiantes, de janvier à mars, réclamant plus de libertés et d’équité. Mais c’est lui qui a récolté les fruits de la contestation, puis de la réforme constitutionnelle de juillet, en arrivant largement en tête des législatives organisées au mois de novembre de la même année.

A l’époque, cette victoire est un coup de tonnerre. Pour la première fois, les islamistes sont le premier parti du Maroc. Le secrétaire général du parti, Abdelilah Benkirane, est nommé premier ministre, conformément à la nouvelle Constitution. A la tête d’un gouvernement de coalition dans lequel les islamistes tiennent le haut du pavé, il tranche avec ses prédécesseurs. C’est une « grande gueule », un personnage truculent, réputé pour son sens de la formule. « Ses discours étaient très suivis par la population, note un politologue. Le roi en a pris ombrage. » Tout en faisant allégeance au pouvoir royal, Abdelilah Benkirane multiplie les piques. Quand on lui demande s’il a sollicité l’autorisation du roi pour se représenter aux législatives de 2016, il répond, bravache : « Je n’ai besoin que de l’autorisation de ma mère. » L’homme a du caractère, il n’hésite pas à mettre sur la place publique ses désaccords avec le palais, qui portent sur les choix budgétaires et les orientations de politique générale. La religion n’est pas un terrain d’affrontement entre les deux hommes, du moins publiquement.

Jeu d’usure
Si le bilan du gouvernement Benkirane est assez décevant, la popularité de son parti demeure intacte. En 2016, le PJD remporte les législatives avec encore plus de voix qu’en 2011. Ce succès est un coup dur pour Mohammed VI. Décidé à imposer une guerre d’usure aux islamistes, le souverain commence par inciter ses alliés au Parlement à refuser toute nouvelle coalition tant que Benkirane sera en poste. Finalement, le PJD plie et désigne Saad-Eddine Al-Othmani chef du nouveau gouvernement. Plus terne et moins rétif que Benkirane, il va poser moins de problèmes au palais, qui regagne peu à peu toutes ses prérogatives d’avant la Constitution de 2011. « Mohammed VI a véritablement usé les islamistes, comme Mitterrand l’avait fait pendant la cohabitation avec Chirac », se souvient, en connaisseur, l’ancien ministre des affaires étrangères français (1997-2002) Hubert Védrine, qui a toujours gardé un œil intéressé sur les péripéties du royaume. Entre 2016 et 2021, le palais pousse le gouvernement à faire adopter quatre mesures qui minent profondément la popularité des islamistes : l’arrêt des subventions aux carburants, la légalisation du cannabis thérapeutique, le renforcement de la place du français dans l’enseignement public et, enfin, la normalisation des relations avec Israël.

« La stratégie de la monarchie consiste précisément à faire endosser le coût politique des décisions par un gouvernement bouclier, qui la met à l’abri de la contestation directe », écrivait déjà Youssef Belal dans un article sur « L’islam politique au Maroc » dans la revue Pouvoirs, en 2013. Après deux législatures éreintantes, le PJD perd largement les élections de 2021 au profit du Rassemblement national des indépendants, une formation pilotée par un proche du roi, l’homme d’affaires Aziz Akhannouch. En douceur et sans recourir à l’arme de la répression, Mohammed VI a su éteindre la flamme islamiste, du moins sa frange légaliste et partisane. Mais le feu couve toujours sous la cendre. Le mouvement Al-Adl wal-Ihsane, sans reconnaissance légale mais toléré par le pouvoir, reste un grand point d’interrogation.

En janvier 2015, après les attentats visant notamment l’hebdomadaire Charlie Hebdo, des policiers et un magasin Hyper Cacher, à Paris, Mohammed VI n’avait pu se permettre de s’afficher, avec les autres chefs d’Etat, à l’immense manifestation de solidarité organisée dans la capitale française, son statut de commandeur des croyants lui interdisant de défendre le droit au blasphème. On le dit aussi choqué et alarmé, en privé, par le tour que prend le débat sur l’islam en France, attisé par une partie de la droite et de l’extrême droite, ainsi que par certains médias de la sphère Bolloré. « Le rappeur Maître Gims, avec lequel il s’entretient de façon régulière, a pu le conforter dans cette vision d’une France de plus en plus raciste et islamophobe », assure un diplomate français.

Ironie de l’histoire : les partis qui attisent le plus les crispations identitaires autour de l’islam, le Rassemblement national et Les Républicains, sont les plus promarocains de l’espace politique français. Ils ont régulièrement reçu un bon accueil à Rabat. Nicolas Sarkozy, le premier à lancer le débat sur l’« identité nationale » en France, à la fin des années 2000, passe souvent des vacances dans des palais mis à sa disposition par Mohammed VI. Quant à Jean-Claude Martinez, ancien vice-président du Front national (1985-2008), il a publié, en 2015, une biographie dithyrambique du souverain marocain, Mohammed VI. Le roi stabilisateur (éditions Jean-Cyrille Godefroy). Ce n’est que le énième paradoxe de ce roi qui s’inquiète des extrêmes en France mais leur déroule le tapis rouge chez lui. Un roi plus modeste et accessible que son père, mais beaucoup plus riche et lointain que lui. Un roi qui s’autorise audaces et libertés, mais n’en accorde pas tant que ça à ses sujets. Un roi libéral qui a éteint toute forme d’opposition dans son pays. Un roi, enfin, qui n’aime guère gouverner, mais se délecte à régner.

Le Monde d’août 2025, Christophe AYAD et Frédéric BOBIN

Les Équipes Unionistes Luthériennes (EUL), mouvement de jeunesse protestante engagé depuis un siècle, célébreront leur centenaire les samedi 23 et dimanche 24 mai 2026 à Neuwiller-lès-Saverne.
Sous le thème « 100 ans pour grandir ensemble », cet événement unique sera l’occasion de revenir sur un siècle d’engagement au service des jeunes, autour des valeurs d'éducation populaire, de solidarité et d’ouverture.
Nous vous invitons chaleureusement à rejoindre cette grande fête conviviale et fédératrice, ouverte à toutes et tous : anciens, familles, jeunes et partenaires. Que vous souhaitiez simplement participer ou vous engager comme bénévole, votre énergie et votre enthousiasme seront précieux pour faire de ces journées un succès.
Dès la rentrée, vous pourrez retrouver toutes les informations sur le programme d’activités de l’année : week-ends pour catéchumènes, rencontres pour animateurs et animatrices bénévoles, participation à la rencontre internationale de Taizé à nouvel an, retraites de Pâques pour adultes et familles, et bien plus encore.
Toutes les informations pratiques, le programme détaillé du centenaire et les modalités de bénévolat seront disponibles dès octobre sur le site officiel : www.eul.alsace.
Réservez d’ores et déjà ces dates dans vos agendas, et préparez-vous à célébrer avec nous 100 ans d’histoire et d’avenir partagés !

Barbara Siéwé,
Pasteure secrétaire générale des EUL

Le service protestant de l'enseignement religieux cherche des intervenants.

L’enseignement religieux protestant recherche des futurs intervenants de religion en Alsace et en Moselle. Il s’agit d’assurer une ou plusieurs heures rémunérées de culture religieuse protestante dans les écoles élémentaires publiques tout au long de l’année scolaire en accord avec le statut local.

Vous serez valorisés et accompagnés à travers une formation diplômante. Pour tous renseignements, veuillez nous contacter via l’adresse mail : sper@uepal.fr

Le service protestant de l’enseignement religieux vous recevra et vous présentera l’Enseignement religieux protestant.

Liste des nouveaux pasteurs, changements de paroisses, départs à la retraite, etc.
Comme chaque année, voici la liste des mouvements des pasteurs au sein de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine. Cette liste recense les nouveaux pasteurs, les changements de paroisses, les départs à la retraite, etc. (au 1er septembre 2025 – sauf mention contraire).

Candidat(e)s ayant obtenu le Certificat d’Aptitude aux Fonctions Pastorales (CAFP), qui sont nommé(e)s pasteur(e)s :
Olivier Lacroix : Woerth

Maria Lavina : Sarrebourg (Moselle Sud)
Rosner Lormil : Riedisheim-Rixheim
Kodzo Agbemedi Agbi-Awume : Munster
Bertrand Mathys : Mulhouse (réformé)

Ont été reconnu(e)s comme ministres particuliers le 29 juin 2025 à Oberbronn :
Animateur·trices communautaires :
Nathalie Brahimi-Cronmuller, Guy Drommer, Carmen Eschenbrenner, Daniel Horn, Jean-Daniel Toureille

Aumônier : Reine Djotang-Ngia
Diacre : Inmi Agadé
Prédicateur·trices : Sylvie Albecker, Raoul Djeutané, Robert Feige, Madeleine Rempp, Sylvie Speckel, Jean-Daniel Toureille

Seront ordonnés le 19 octobre 2025 à Mulhouse :
Olivier Lacroix, Maria Lavina, Bertrand Mathys

Seront accueillis en la même occasion :
Kodzo Agbemedi Agbi-Awume, Rosner Lormil

Formation Initiale des Pasteurs (FIP) au 1er septembre 2025 :
FIP 1 (stage accompagné) :
Nicolas Bedo, auprès de la Pasteure Laurence Hahn, Wangen

Marie Fritsch, auprès de la Pasteure Patricia Rohrbacher, Schweighouse-sur-Moder
Jade Jessel, auprès du Pasteur David Prekel, Oberhausbergen
Noé Mangallon, auprès de Dedenyo Nomenyo, Entzheim
FIP 2 (Poursuite du stage accompagné) :
Timothée Beroud : auprès du Pasteur Philippe Eber (Strasbourg St-Pierre-le-Jeune).

Parcours aménagé :
Quentin Dijoux, auprès du Pasteur Jean-Philippe Lepelletier, Sainte-Marie-aux-Mines

Andry Habberstad, auprès de la Pasteure Anne Westphal, Soultzeren
Kévin Button, auprès du Pasteur Alain Spielewoy, Strasbourg Saint-Matthieu
FIP 3 (Stage en autonomie) :
Edith Antoni : Sarre-Union
Marie-Claire Helmlinger : Langensoultzbach
Thierry Larcher : Horbourg
Juliette Marchet : Strasbourg-Bouclier
Sony Ndagho Tshita : Mulhouse (réformé)
Solène Rossa : Boofzheim
Orlane Martin de Lassalle :  Hirschland & Weyer

Départs à la retraite :
Pasteurs :
Au 1er février 2025 : Claude Conedera

Au 1er juin 2025 : Marc Muller-Mauler
Au 1er juillet 2025 : Sylvie Foell Merida, Marc Fritsch, Danièle Kopp, Pierre Kopp
Au 1er août 2025 : Annette Goll, Monika Garruchet (en congé), Danielle Hauss-Berthelin
Au 1er septembre 2025 : Daniel Priss, Pascale Schneikert
Au 1er octobre 2025 : Georges Hufschmitt
Au 1er novembre 2025 : Hubert Freyermuth, Ulrike Richard-Molard
Autres ministres :
Au 1er janvier 2026 : Odile Bonzani

Départs vers d’autres Eglises ou en congé illimité :
Pasteurs :
François Ferré

Nicole Glod
Amaury Charras
Sarah Sarg
Christophe Gonzalez
Autres ministres :
Anicet Bassilua Nzuzi

Beatriz Brotto
Jean-Paul Bvouoyele
Grzegorz Kujawa
Sylvie Michel
Paul Schalck

Départ de l’Eglise :
Fabien André

Matthias Hassenfratz-Coffinet
Claude Hunsinger

Changements d’affectation au 1er septembre 2025 (sauf mention contraire) :
Pasteurs :
Benjamin Buchholz : Aubure & Ribeauvillé

Dominique Calla : Coordinateur Communion protestante luthéro-réformée (CPLR)
Lauriane Kuhm : Furchhausen & Dettwiller (1er avril 2025)
Alexis Herrlé : Dynamique consistoriale d’Andolsheim (Algolsheim – Andolsheim – Sundhoffen) (1er mai 2025)
Sophie Herrlé : Aumônerie des Lycées de Colmar et environs
Natacha Cros-Ancey : Colmar – Inspectrice ecclésiastique de Colmar
Stéphanie Ferber : Bischheim (Inspectrice ecclésiastique de Brumath)
Lilian Gerber : Wasselonne
Claude Horviller : Colmar
Débora Knepfler-Mistretta : Strasbourg-Meinau avec dominante théâtrale au 1er novembre 2025
Lea Langenbeck : Aumônier Clinique La Toussaint (mi-temps) – Superviseure FPEC (mi-temps)
Esther Lenz : Responsable du Service de la formation théologique et spirituelle des adultes (1er février 2026)
Hanitra Ratsimanampoka : Metz – Inspectrice ecclésiastique d’Alsace Bossue – Moselle
Marianne Renaud : Responsable de l’Accompagnement des Vocations et de la formation initiale des Pasteurs et de la Formation des Ministres Particuliers
Jean-Louis Sagneth Akonanga : Strasbourg-Hautepierre
Claire-Lise Meyer : Hoerdt & Geudertheim (1er décembre 2025)
Sandra Zurcher-Droit : Vendenheim et accompagnement des prédicateurs (1er octobre 2025)
Autres ministres :
Soon-Ja Lee Petit : suffragance dans le consistoire de Bischheim

Entrées au 1er septembre 2025 (sauf mention contraire)
Pasteures :
Sibylle Klumpp : Responsable des Missions et Solidarités Internationales (1er août 2025)

Sophie-Anne Lorant-Faivre : Plobsheim-Eschau (1er janvier 2026)
Autres ministres :
Natacha Horn, diacre : Sainte-Marie-aux-Mines

Caroline Guthertz, animatrice communautaire : consistoire de Woerth (1er octobre 2025)
Elisabeth Fournier, aumônier : Munster

Le nombre de prêtres est passé de 65 000 en 1960 à 12 000 en 2023. En accueillant des personnes aux origines plus variées, l’institution a trouvé une réponse partielle à la chute des effectifs.

Samedi 28 juin, la nef de Notre-Dame de Paris est pleine à craquer. Des sièges en plastique ont dû être installés sur le parvis. Un à un, sous le soleil brûlant, les candidats à l’ordination s’avancent à l’appel de leur nom, lançant la formule rituelle : « Me voici ! » Ils sont 16 à marcher vers l’autel de bronze consacré quelques mois plus tôt, 16 à s’allonger sur le sol à damiers de la cathédrale, puis à recevoir l’imposition des mains de l’archevêque, Laurent Ulrich, et des quelque 500 prêtres du diocèse de Paris. Pour la première fois depuis l’incendie d’avril 2019, cette liturgie spectaculaire, organisée dans chaque diocèse une fois par an, avant l’été, peut se dérouler à Notre-Dame, et non dans l’église Saint-Sulpice.

Le millésime est à la hauteur de ce décor grandiose : 16 ordinations, c’est 10 de plus que l’année précédente. Après des fêtes de Pâques marquées par une forte hausse des baptêmes d’adultes, l’archevêché de Paris vit un nouveau moment de grâce. Les catholiques ne demandent-ils pas obstinément, dans leurs prières, des prêtres ?

En réalité, ce samedi de juin a tout du trompe-l’œil. « Une parenthèse », tranche cruellement un prêtre parisien : « Il faut remonter loin pour avoir un nombre à deux chiffres, et il faudra de nombreuses années avant que ça se représente. »

L’éphémère miracle parisien ne suffit pas non plus à masquer la tendance nationale, qui est bien à l’anémie des vocations. En ce mois de juin, 90 prêtres sont ordonnés dans les 99 diocèses de France, contre 105 en 2024. Le chiffre place l’année 2025 tout près du plancher historique de 88 ordinations constatées en 2023.

L’évolution est encore plus frappante sur le temps long. En 1960, la France comptait jusqu’à 65 000 prêtres, en comptant les prêtres diocésains et ceux issus d’ordres religieux, en activité ou à la retraite. Ils sont encore 25 000 en 2000, et 12 000 en 2023, dont seuls 6 700 officient encore. La chute est encore plus marquée s’agissant des religieux et des religieuses, passés de 49 800 en 2000 à 17 300 en 2023.

« La bascule se situe dans les années 1960 », rappelle le père Jean-Christophe Meyer, secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France (CEF), chargé du pôle acteurs de l’Eglise. « C’est à cette époque que la crise devient réellement aiguë, sous le double effet d’une diminution des vocations et du départ de nombreux prêtres, qui abandonnent l’état clérical. On a ensuite pu croire, dans les années 2000, avoir atteint le creux de la vague, mais l’effritement s’est poursuivi, accompagnant la sécularisation toujours plus marquée de la société, mais aussi la crise du monde rural. »

« Le terme de “crise des vocations” n’est pas entièrement approprié tant il s’agit d’une tendance de long terme », affirme de son côté le père Emmanuel Petit, recteur de l’Institut catholique de Paris. Selon le canoniste, le phénomène est plus marqué en France que dans le reste de l’Europe, avec toutefois des disparités régionales : « L’Ouest se tient globalement mieux que l’Est, à l’exception de l’Alsace, un peu plus dynamique. La ville de Paris, certes très sécularisée, garde des paroisses dynamiques. Mais des régions entières, qui comptaient autrefois des séminaires actifs, ne forment aujourd’hui plus aucun prêtre. »

« Engagement sacrificiel »
Année après année, l’Eglise de France a dû revoir son maillage territorial, multipliant les regroupements paroissiaux. Les paroisses les plus démunies, dans les diocèses de Limoges, de Luçon (Vendée) ou de Saint-Flour (Cantal) comptent jusqu’à 60 clochers. Autre solution : le recours aux prêtres étrangers, principalement africains. Selon les chiffres fournis par l’Eglise, ceux-ci sont majoritaires dans au moins 14 diocèses. En tout, selon les chiffres de la CEF, sur les quelque 6 700 prêtres en activité en France, un tiers sont des étrangers.

Au fil des ans, c’est aussi le profil des prêtres qui a évolué. Une semaine après son ordination à Notre-Dame, Erwan Saint-Macary, 33 ans, commence à peine à réaliser : « Je bénis beaucoup, et je reçois beaucoup d’encouragements chaleureux. » Clin d’œil du destin, celui qui fut un temps médecin militaire donne rendez-vous devant l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, où il vient de donner l’onction des malades à des patients. « Dans cette position, auprès de ceux qui souffrent, j’ai la sensation de vivre l’essence de ce qui m’avait amené à choisir la médecine, raconte-t-il. A la différence près qu’en médecine on ne parle pas de l’âme… »

Le père Saint-Macary a grandi dans une famille pieuse du Sud-Ouest. A 5 ans, il annonçait à sa mère : « Je veux être prêtre et saint. » La suite fut moins linéaire, entre une vision du monde « très cartésienne », ce choix de la médecine militaire, de longues périodes loin de l’Eglise et des aventures amoureuses qui, jusqu’au bout, lui ont laissé penser qu’il serait incapable d’embrasser le sacerdoce… Il faut d’abord « l’expérience mystique d’une confession bouleversante », à l’âge de 23 ans, pour que, peu à peu, il envisage de s’engager sur la voie de la prêtrise et finisse par entrer au séminaire, trois ans plus tard.

Ce parcours tortueux n’est pas unique : de plus en plus de prêtres connaissent plusieurs vies, plusieurs carrières avant de se consacrer à l’Eglise. Le changement est aussi sociologique. « Avant, le séminaire constituait pour les jeunes de certains milieux, par exemple paysans, une voie pour accéder à une formation, pour s’élever socialement et culturellement, » rappelle le père Emmanuel Petit. « Aujourd’hui, la situation est inverse : les nouveaux prêtres viennent de familles favorisées de la bourgeoisie urbaine ou des milieux aristocratiques, et le sacerdoce est perçu comme un engagement sacrificiel. »

« Au départ, ma mère et ma grand-mère ont eu du mal à accueillir ma décision », explique, comme en écho, le père Erwan Saint-Macary. « Elles avaient peur que je ne sois pas heureux. Et même au sein de l’Eglise, beaucoup de gens continuent à me dire : “C’est si dur, vous êtes courageux…” » Le jeune prêtre vit au contraire son envoi à Bondy, une paroisse pauvre mais très dynamique de Seine-Saint-Denis, comme « quelque chose d’extrêmement stimulant ».

Participation accrue des laïcs
L’Eglise de France, elle, continue de s’interroger sur les moyens de répondre à la raréfaction des vocations. « Réorganiser la carte des paroisses ne répond pas à tout », résume le père Jean-Christophe Meyer, de la CEF, qui note d’ailleurs que « dans beaucoup de diocèses on touche à la limite de ce qui est possible en matière de regroupements ». L’ecclésiastique plaide notamment pour que « les communautés de chrétiens se prennent encore plus en main, sans attendre un prêtre qui de toute façon ne peut pas exercer comme on le faisait il y a cinquante ans ».

Ces pratiques, déjà bien établies dans les paroisses françaises, rejoignent la réflexion portée au niveau mondial par le pape François (2013-2025) sur la synodalité, autrement dit la participation accrue des laïcs, femmes comprises, à la vie de l’Eglise. Sous son pontificat, les fonctions de lecteur et d’acolyte (servant d’autel) ont aussi été ouvertes aux femmes, le ministère de catéchiste (une fonction et un statut qui vont au-delà du simple « prof de caté ») ouvert aux laïcs. Jean-Christophe Meyer souhaite aussi que l’Eglise arrive à « faire entendre l’appel du sacerdoce » dans les communautés issues de l’immigration, où l’on rencontre des paroissiens fervents mais peu de prêtres.

Reste la question de l’ordination des femmes ou l’ouverture du mariage aux prêtres. « Aucune question n’est en soi tabou », tranche Emmanuel Petit, « mais ce ne serait pas au niveau du débat que de le réduire à cet enjeu d’effectifs ». Le même note par ailleurs que les religions comptant des ministres du culte femmes ou mariés connaissent elles aussi une crise des vocations.

Le Monde août 2025.

En 2006, l'Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine (EPCAAL) et l'Église réformée d'Alsace et de Lorraine (EPRAL) ont créé l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (UEPAL). Cette nouvelle entité n'est pas une Église unie, mais elle offre une structure décisionnelle commune et un corps pastoral unique.

Très tôt, l'Alsace-Moselle adhéra aux idées de la Réforme. Dès 1521, les thèses de Luther étaient défendues dans la cathédrale de Strasbourg, qui devint un centre important du mouvement réformateur grâce aux activités et aux récits de Martin Bucer. Les protestants strasbourgeois étaient des disciples de Luther. C'est Jean Calvin lui-même qui fonda la première congrégation réformée à Strasbourg, mais il s'agit d'une communauté minoritaire. Metz, Mulhouse et d'autres villes de la région adhérèrent au courant « réformé » (calviniste ou zwinglien). Cette histoire de séparation est à l'origine de la distinction entre l'EPCAAL (luthérienne) et l'Église réformée d'Alsace et de Lorraine (EPRAL).

Le statut confessionnel particulier prévu par le traité de Westphalie (1648) rendait impossible l'application de la Révocation de l'Édit de Nantes (1685) dans cette région. En 1905, la région était sous domination allemande et n'était donc pas concernée par la séparation de l'Église et de l'État. Autrement dit, l'Alsace-Moselle n'a pas été touchée par les deux tournants majeurs de l'histoire du protestantisme français. De ce fait, les pasteurs (comme les prêtres et les rabbins) sont rémunérés par l'État et l'instruction religieuse est dispensée dans les écoles.

De par leur situation géographique, les Églises protestantes d'Alsace et de Moselle jouent un rôle de pont entre les minorités protestantes du sud de l'Europe et les Églises majoritaires protestantes du nord du continent.

L’UEPAL est membre du Conseil œcuménique des Églises depuis 1948.

Source : https://www.oikoumene.org/member-churches/union-of-protestant-churches-in-alsace-and-lorraine

En 1925, plus de 600 responsables d'Églises de 37 pays se sont réunis à Stockholm pour une rencontre historique convoquée par l'archevêque de Suède, Nathan Söderblom. Un siècle plus tard, des responsables d'Églises du monde entier se réuniront à nouveau dans la capitale suédoise pour commémorer la rencontre de 1925 et les réalisations du mouvement œcuménique depuis lors.

Organisée par le Conseil chrétien de Suède, la semaine œcuménique visera à renforcer les efforts communs en faveur de la paix, de la réconciliation et de la communion chrétienne. Avec plus de 60 séminaires publics, services de prière et manifestations culturelles au programme, l'événement devrait attirer un large public. Il se déroulera du 18 au 24 août dans différents lieux de la capitale suédoise.

Parmi les participants du Conseil œcuménique des Églises (COE) figurent l'évêque, professeur Heinrich Bedford-Strohm, président du Comité central, le secrétaire général du COE, le pasteur Jerry Pillay, et la pasteur Susan Durber, présidente du COE pour l'Europe.

Comme en 1925, le culte célébré en la cathédrale de Storkyrkan réunira le roi et la reine de Suède, ainsi que le Premier ministre, des représentants du gouvernement, des responsables d'Églises et des invités internationaux.

 

Le secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises (COE), le révérend Dr Jerry Pillay, dans un commentaire sur les projets de construction de quelque 3 400 logements dans un projet de colonisation controversé dans la zone E1 en Cisjordanie occupée, a appelé à l'arrêt de la trajectoire des colonies illégales.

« De telles colonies sont interdites par la quatrième Convention de Genève et, outre leur illégalité, sont injustes, incompatibles avec la paix, contraires aux intérêts légitimes de l'État d'Israël et constituent un obstacle à la solution à deux États et à la création d'un État palestinien viable, comme l'affirme la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité de l'ONU », a déclaré Navi Pillay.

« Depuis de nombreuses années, les appels du COE et de nombreux autres membres de la communauté internationale en faveur d'un gel de toute construction et expansion de colonies, comme première étape vers le démantèlement de toutes les colonies illégales dans les Territoires palestiniens occupés, sont restés lettre morte. »

Pillay a également exhorté les gens à comprendre que de tels plans sont des efforts délibérés pour contrecarrer et frustrer les initiatives tardives des membres de la communauté internationale visant à reconnaître l’État de Palestine et à relancer la solution à deux États.

« Le COE exhorte tous les membres responsables de la communauté internationale à affronter et à inverser cette trajectoire destructrice tracée par le gouvernement israélien, et exhorte toutes les Églises membres du COE à intensifier leur plaidoyer et leur action en faveur d’une paix juste pour tous les peuples de la région – Israéliens et Palestiniens, Juifs, Musulmans et Chrétiens – fondée sur la reconnaissance de l’égalité des droits humains et de la dignité inhérente donnée par Dieu à tous », conclut la déclaration.

Veillées mensuelles de 30 minutes environ qui ont lieu les 1e mercredis du mois à 19h30 et à tour de rôle dans les consistoires de l’inspection de Bouxwiller.

Et si, une fois par mois, nous faisions une halte pour prier ensemble pour la paix ?

À partir de la rentrée de septembre 2025, l'inspection de Bouxwiller propose une série de veillées de prière pour la paix, préparées à tour de rôle par les consistoires du territoire.
Un projet d’Eglise porté collectivement, pour faire grandir l’espérance dans un monde secoué par tant de conflits, d'injustices, et de peurs.

Chaque premier mercredi du mois à 19h30, pendant environ 30 minutes, une communauté locale accueillera celles et ceux qui souhaitent se rassembler dans la prière, le silence, la musique et la méditation. Ces veillées seront simples, profondes, accessibles à toutes et tous, croyants engagés ou curieux en recherche, habitués des bancs d'église ou passants de passage.

L'enjeu ? Créer un fil rouge spirituel tout au long de l'année, tissé de prières, de paroles bibliques, de gestes de fraternité et d'hospitalité.

Le programme des veillées 2025-2026 :
Mercredi 3 septembre - Eglise de Melsheim
Mercredi 1er octobre - Eglise de Wimmenau
Mercredi 5 novembre - Eglise de Hohfrankenheim
Mercredi 3 décembre - Eglise d'Issenhausen
Mercredi 7 janvier - Eglise de Dossenheim
Mercredi 4 février - Eglise de Mulhausen
Mercredi 4 mars - Eglise d'Alteckendorf (église d'Ettendorf)
Mercredi 1er avril - Pas de veillée (Semaine Sainte)
Mercredi 6 mai - Eglise de Sindelsberg
Mercredi 3 juin - Eglise de Geiswiller

Chacune de ces veillées est une porte ouverte à la paix, une pause précieuse dans le tumulte des jours, un espace de communion simple et vrai. Que vous puissiez venir une fois, plusieurs fois, ou chaque mois, vous êtes les bienvenus.

Venez comme vous êtes. Venez avec vos questions, vos colères, vos espérances.
Venez prier pour la paix.

L’âme existe-t-elle ? On en parle beaucoup à l’occasion d’un service funèbre. S’agit-il d’une sorte de fantôme qui sort du corps du défunt pour aller au ciel auprès de Dieu ? Il paraît que dans les cimetières, on peut voir parfois des feux follets qui s’agitent au-dessus des tombeaux. Certains ne pensent pas que ce soit dû à la décomposition des corps dégageant du phosphore, mais croient que ce sont les âmes qui se promènent avant d’aller au ciel.

Platon, un immense philosophe grec (428-348 av J.C.) était persuadé qu’avant de venir au monde, l’âme du nouveau-né s’était promenée au royaume des Idées. Autant dire au royaume des âmes. Seul le sage pouvait accéder à la vérité s’il retrouvait dans sa mémoire les traces des Idées, accédant ainsi au véritable savoir. A la mort, l’âme pensait-il, quittait le corps du défunt pour retourner dans ce royaume des Idées. Cette idée étonnante a semblé si intéressante que les Pères de l’Église et les grands théologiens du moyen âge ont conçu toute une théologie qui reprenait cette idée pour vérité absolue même si la Bible n’en dit mot. Ils firent alors le nécessaire pour convaincre les croyants de faire ce qu’il fallait pour que leur âme n’aille pas en enfer au jour de leur décès.

Cette façon de voir reposait sur la conviction qu’il y avait deux mondes distincts : celui de la terre, le nôtre ici-bas et celui du ciel dans lequel se trouvait un Dieu tout puissant. Il faut ajouter que plus tard les découvertes de savants comme Descartes avaient convaincu l’occident que toute personne évoluée devait être matérialiste. Grâce aux connaissances acquises, il serait possible de maîtriser la nature et d’en profiter autant que l’on en aurait envie en ne lui accordant qu’une réalité matérielle. Descartes pensait sincèrement que les animaux étaient des mécaniques et qu’ils ne souffraient pas si on les frappait ! Si le chien battu aboyait, c’était par réflexe mécanique ! Les bons chrétiens débarquant aux Amériques au seizième siècle étaient persuadés que les Indiens n’avaient pas d’âme et qu’on pouvait les tuer sans aucun remords. Par la suite d’autres penseurs comme Hobbes, confirmèrent cette compréhension de l’univers. L’intelligence ne devait servir qu’à comprendre comment fonctionnait la nature pour mieux la dominer. Et c’est de cette façon que peu à peu nous avons perdu notre âme. L’homme dans sa volonté prométhéenne s’autodéifie et se coupe de sa dimension divine. « Il se considère comme la mesure de toute chose. Il se place hors et au-dessus de la nature pour soi-disant mieux la connaître, mais surtout pour la conquérir et la dominer ». Cette attitude est désastreuse car elle inhibe tout entrainement à l’écospiritualité indispensable à un véritable épanouissement de la personne, de son âme.

Je ne veux pas parler de l’âme qui sortirait de l’enveloppe charnelle d’un cadavre pour aller au ciel. Perdre son âme c’est perdre ce qui donne une dimension divine à l’être humain. Les êtres humains ne sont pas qu’intellect, émotion, sensibilité relationnelle. Ce sont là des qualités qui permettent de faire beaucoup de choses positives comme gagner sa vie, participer à la vie sociale en être responsable, fonder une famille. Mais c’est se limiter à la seule satisfaction matérielle de la consommation. Cela manque un peu de sens. Cela reviendrait à dire : « voyez comme j’ai réussi ma vie ! J’ai mangé et bu autant que je l’ai voulu. Je me suis fait plaisir parce que j’ai gagné assez d’argent pour cela. J’ai même de la morale. La preuve je ne bats pas ma femme (ou mon mari), et j’ai même nourri mes enfants sans les abandonner ! De plus, je suis respectable et même connu sur face book !»

Or l’être humain a une dimension spirituelle qui lui permet de communier avec la nature, avec ce qui le transcende, le dépasse. C’est ce qui donne une certaine densité à l’existence, qui lui donne de l’âme. Cette dimension est aujourd’hui définitivement perdue. Les « primitifs » avaient la capacité d’entrer en communion avec la nature, avec leurs dieux. Nous, nous n’avons plus ce don. Notre idée de Dieu est celle d’un dieu qui fonctionne à notre image, ce qui signifie un dieu matérialiste, à l’image d’un potentat en quête de toute puissance, de domination. Un dieu qu’il faut satisfaire par exemple en lui obéissant.

Or Dieu est tout à fait autre.Dieu se trouve… au cœur du monde comme « le levain qu'une femme a enfoui dans la pâte pour la faire lever » (Matthieu 13.33)

Il ouvre sans cesse l'avenir, introduisant des possibilités nouvelles dans nos pensées et dans le monde : mais il ne détermine pas de manière autoritaire celles qui seront acceptées ou refusées par les hommes. Il propose, appelle influence, enthousiasme ; il tient compte des résultats qui en adviennent pour modifier son action : c'est la joie qu'il veut pour ce monde « qu'il aime tant » (Jean 3.16).

Il est créateur, non seulement au-dedans de nous les hommes, mais aussi des animaux, des plantes et peut-être aussi des minéraux ; Il est indispensable à la vie du monde ; il participe à tout ce qui se passe, à toutes les réalités auxquelles nous avons affaire et d'abord à nous-mêmes. Il agit en tout ce qui bouge ; rien n'échappe à son action de même que rien n'échappe aux rayons du soleil et à l'air qui nous baigne.

 Il est présent dans la nature, et en nous-même. Comme la nature et nous même sommes présents en lui. Prier n’est pas commencer une sorte de négociation avec Dieu pour lui demander ceci ou cela. C’est entrer en communion avec cette puissance créative en action permanente d’un monde en évolution permanente. C’est entrer en synergie avec cette dynamique divine. Il est alors possible de dire : « J’aime Dieu de toute mon âme ». Du coup, j’ai une authentique identité qui ne réduit pas ma personne à sa seule dimension matérialiste, coupée de la nature et de Dieu.

Publié le 11/06/2013 par Hughes LEHNEBACH, Pasteur de l'Église protestante unie de France.
Décédé le 12 juil. 2025 à l'âge de 97 ans. Voiron (38)

Le kamishibai, littéralement « pièce de théâtre sur papier », est un genre narratif japonais, sorte de théâtre ambulant où des artistes racontent des histoires en faisant défiler des illustrations devant les spectateurs.

Exposition du 1er juillet au 30 septembre à l’église de Saverne

La résurrection de Jésus-Christ ne relève pas du surnaturel spectaculaire, mais de l’événement de la foi : tel est le cœur de l’interprétation que propose Gerhard Ebeling. Contre les lectures littéralistes qui cherchent à sauver la foi à coups de tombeaux vides, cette théologie affirme que la résurrection se donne dans la parole, dans la rencontre actuelle avec le Christ Vivant. Une parole qui ne prouve rien, mais qui transforme tout.

Quand la foi ne cherche plus des preuves
Depuis des siècles, une partie du christianisme se croit tenue de défendre la résurrection comme un fait objectif, un miracle historique. Des théologiens, des prédicateurs, et même des fidèles laïcs s’épuisent à expliquer comment le cadavre de Jésus a quitté son tombeau, comment les apparitions du Ressuscité seraient crédibles, comment la foi se fonderait sur la certitude d’un événement passé. Mais le besoin de preuves est souvent le symptôme d’une foi affaiblie.

Gerhard Ebeling, grand théologien protestant du XXe siècle, élève une voix claire contre cette idolâtrie de l’événement. Pour lui, la résurrection n’est pas un fait à croire, mais une parole à accueillir. Elle ne se trouve ni dans les pierres roulées, ni dans les récits d’apparitions, mais dans l’annonce de l’Évangile, dans cet aujourd’hui de la foi où le Crucifié devient pour nous le Vivant.

La résurrection comme événement herméneutique
Ebeling ne nie pas la résurrection : il en déplace le lieu et le sens. Il affirme que la résurrection de Jésus est un événement de parole, c’est-à-dire un acte de communication qui a lieu lorsque la prédication touche une vie, qu’elle ouvre un avenir, qu’elle suscite la confiance. Le Ressuscité, c’est le Christ prêché – celui que la parole rend vivant dans le cœur de celui qui l’écoute.

Ainsi, la foi en la résurrection n’est pas croyance en un fait passé, mais expérience d’un événement actuel : Dieu dit « oui » à l’homme crucifié, et ce « oui » résonne aujourd’hui encore dans la justification du pécheur, dans la liberté retrouvée, dans l’espérance plus forte que la mort.

Contre les pièges du fondamentalisme chrétien
Les lectures fondamentalistes font de la résurrection une condition d’admission dans le cercle des croyants. Elles posent : « Croyez que le tombeau était vide, ou quittez l’Église ! » Ce faisant, elles réduisent la foi à une adhésion mentale à un récit mythique, et la coupent de sa puissance existentielle.

Mais la résurrection ne demande pas d’être crue comme un fait de chronologie, elle appelle à être vécue comme un acte de foi, un passage de la peur à la confiance, du repli à la liberté. Ce n’est pas la véracité d’un miracle qui fonde l’Église, mais la puissance d’une parole qui relève.

Une parole qui fait vivre
Ebeling, disciple critique de Bultmann, reste fidèle à l’intuition de Luther : c’est dans la parole que Dieu se donne. Ce qui fait vivre, ce n’est pas une preuve archéologique, c’est l’expérience d’être justifié, aimé, relevé. Le croyant ressuscité, c’est celui qui, entendant l’Évangile, se tient debout malgré tout.

La foi en la résurrection, ce n’est pas croire que Jésus est sorti du tombeau, mais croire que Dieu a confirmé la vie de Jésus jusqu’au bout, et qu’en lui, une parole de vie est adressée à chacun de nous.

CONCLUSION :
Ne cherchons pas à sauver la foi en la ressuscitant avec des preuves. Car la foi ne se démontre pas : elle s’éprouve.

La résurrection n’est pas un miracle du passé : c’est la parole présente qui nous remet debout. Elle ne prouve pas que Dieu existe, elle crée une vie nouvelle, une liberté, un avenir. Et c’est là, dans ce bouleversement intérieur, que le Christ se donne comme Vivant.

Gerhard EBELING (né le 6 juillet 1912 à Berlin et mort le 30 septembre 2001 à Zurich) est un philosophe et théologien luthérien allemand, disciple de Rudolf Bultmann. Avec Ernst Fuchs (autre élève de Bultmann), Ebeling influence toute la « théologie herméneutique » du xxe siècle. Professeur de théologie à l'université de Tübingen et à l'université de Zurich, il fait partie de la mouvance des Quêtes du Jésus historique.

Par Michel LECONTE, théologien et psychologue clinicien, juin 2025

Autour de notre fête nationale, la « fraternité » dans la Bible nous questionne : nos deux premiers frères sont Caïn et Abel. À leur propos, un enfant écrit une lettre à Dieu : « Cher Dieu. Peut-être que Caïn n’aurait pas tué Abel s’ils avaient eu chacun leur chambre. Avec mon frère, ça marche » (Jules, Lettres à Dieu, Bayard, 1998, page 48 cité in Anne-Laure Zwilling : Frères et sœurs dans la Bible, Cerf, 2010)

Autrement dit : peut-on avoir un frère sans avoir envie de le tuer ? Les récits bibliques de frères n’ont rien de paisible mais abordent cette relation par leur face obscure : Ésaü et Jacob, Joseph et ses frères … on y trouve de l’envie, de la rivalité voire de la haine.

Dès l’« origine » les deux frères sont proches et différents : Caïn est l’aîné, Abel le cadet, Caïn est désiré, accueilli, il a sa place dans la parole de sa mère, Abel non ! Caïn a une généalogie, il est situé par rapport à Dieu, Abel non ! Le nom Caïn vient du verbe acquérir, il a été acquis, il a de la valeur ! Le nom Abel veut dire fumée, vapeur. Il s’évapore, il ne vaut rien !

Genèse 4 raconte ainsi que les gens naissent dans un contexte avec des places et des attentes déjà posées, des inégalités de naissance, de famille et de société. Mais que faisons-nous de cette inégalité ? Pourquoi, dans le début du récit, Caïn le privilégié et Abel le défavorisé ne réagissent-il pas ? Et pourquoi quand Abel devient « privilégié » ne réagit-il pas ? L’éternel second victime silencieux devient le premier toujours silencieux ! Ayant perdu en statut, Genèse 4 ne dit pas comment Caïn aurait pu réagir bien, mais montre l’impasse de Caïn, pour que le lecteur n’y aille pas.

Et Dieu, l’instance de référence, l’autorité ? Serait-il comme nous avec des préférences, carnivore plus que végétarien ? Ou bien Dieu ferait de la discrimination positive : comme Caïn a la première place et toutes les faveurs et qu’Abel n’est « rien », Dieu compense cette inégalité en donnant une reconnaissance au cadet Abel ; le Dieu biblique porte souvent un regard favorable sur celles et ceux qui sont « petits » aux yeux du monde ! Une autre interprétation serait : Dieu teste les humains, il expérimente : Caïn est-il capable de ne plus être le grand premier ? Que cela fait-il si on inverse les rôles ? Et comment le lecteur – vous, moi – va-t-il réagir, comprendre, interpréter ? Et ce qui ne s’exprime pas par la parole va s’imprimer dans le corps.

Puis Dieu intervient comme un tiers qui avertit Caïn que cette inégalité vécue comme une injustice peut se transformer en colère et en violence « comme une bête tapie qui va prendre le dessus sur toi ». Les problèmes sont posés sans que des solutions soient proposées.

Le récit ne s’arrête pas au meurtre. Dieu conduit Caïn à reconnaître sa faute et va lui permettre de vivre avec ce souvenir du frère assassiné. Abel absent restera pour toujours présent et sera la condition de l’humanité de Caïn : l’histoire du frère survivant est l’histoire du frère mort. Et Dieu donne le signe qui rappellera le frère absent mais qui dira aussi la présence de Dieu auprès de Caïn pour l’avenir.

Dans la famille biblique, comme dans nos familles humaines, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. La Bible n’est pas un manuel de bonnes paroles pour enfants sages, mais des récits qui placent notre histoire, celles aussi tragique et sombre que Genèse 4, sous le regard de Dieu.

Les récits bibliques disent les difficultés, permettent alors de mieux voir et donc d’avancer ; ils évoquent une relation fraternelle en devenir, en possible, et avertissent sur les impasses, comme se débarrasser de celui qui me gênerait.

Fraternité… que des hommes en rivalité et en mal de faire de la place à autre que soi-même. Et les sœurs ? Le récit de Léa et Rachel (Genèse 29-31) montre qu’elles sont d’abord filles de, épouses de, maman de…: dans cette rivalité sociale, patriarcale, les deux sœurs arriveront à construire un espace de négociation qui donnera à chacune de construire un avenir propre. Mais ce serait un autre édito.

Après la lettre de Jules, voici celle de Matthieu : « Cher Dieu. Je pense que ça doit être dur pour toi d’aimer les gens du monde entier. On est quatre dans la famille, et je n’y arrive pas » (op. cit. p. 48).

Pour écouter le message entier : c’est ICI (Culte UEPAL à l'occasion de la Fête nationale).

Pierre Magne de la Croix : Pasteur, vice-président de l’Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine, président de l'Église protestante réformée d'Alsace et de Lorraine.

L'Assemblée de l'UEPAL s'est réunie les 28 et 29 juin 2025 à Oberbronn : Les caps pour 2025-2035.

Les membres de l’Assemblée ont pris connaissance de la synthèse de la vaste consultation initiée l’automne dernier, en vue d’établir une feuille de route des orientations stratégiques de l’UEPAL (les caps) pour les dix années à venir.

Cette synthèse fait remonter avant tout la joie du terrain d’avoir été consulté. Les acteurs d’Église se sentent valorisés. Ce travail d’élaboration collaborative a été unanimement salué.

Le cap intitulé « Vivre l’essentiel » est arrivé très largement en tête. Notre boussole est Jésus le Christ, source de notre espérance, de notre témoignage, de notre joie et de notre engagement. De là découle tout le reste.

Les trois priorités qui se dégagent :
- La place des jeunes,
- Une Église engagée pour la préservation de la planète et le service des plus vulnérables,
- Le vivre ensemble (dimension œcuménique, interreligieuse, universelle, ouverture et collaboration avec la société civile).

Le tout dans une perspective de changement – qui concrètement nécessite accompagnement, formation, mutualisation et soutien.

Démarche portée par la volonté de savoir mieux communiquer et la volonté affichée et assumée d’être courageux.

L’assemblée a travaillé sur les suites à donner aux souhaits exprimés. La prochaine Assemblée de l‘Union, qui se tiendra en novembre 2025, approuvera le document de travail qui fixera les caps de l’UEPAL pour 2025-2035.

Retrouvez en ligne :
- Présentation des résultats de la consultation : ICI,
- Document de synthèse de la consultation : ICI,
- Analyse des résultats : ICI,
- Bilan des Orientations stratégiques 2014-2024, présenté à l’Assemblée de l’Union de novembre 2024 : ICI,
- Appel à contribution lancé en novembre 2024 : ICI,
- Message de la Présidente du Conseil de l’UEPAL à l’Assemblée de l’UEPAL de juin 2025 : ICI.

Le 27 mai dernier, les députés ont adopté en première lecture (ce qui ne clôt pas le travail parlementaire puisque le Sénat intervient ensuite) une loi créant une « aide à mourir ». Toutes les religions, sans exception, adoptent une posture réfractaire à la proposition de loi sur l'aide à mourir. Le pasteur François Clavairoly, qui a participé à un ouvrage collectif (« Les religions et la fin de vie » - 2023), aborde la loi avec "plus d'ouverture" pour plusieurs raisons. Nous reprenons ici les propos qu’il a tenus dans une vidéo produite par Regards Protestants.

Longtemps clairement opposé à l’euthanasie, l’ancien président de la Fédération protestante de France raconte le « déplacement intérieur » qu’il a vécu au fil des ans grâce à ses réflexions, travaux et écrits sur le sujet de la fin de vie. L’aboutissement de ce cheminement a forgé sa conviction selon laquelle le « non » à l’euthanasie, le refus de l’aide à mourir, ne répond pas à la demande formulée par une personne. Il exprime aujourd’hui une « position d’ouverture ».

Sur ce thème, deux dimensions co-existent et sont en débat permanent. Certes, l’aide à mourir est un sujet profondément intime et, par nature, individuel. Mais il comporte également un aspect collectif car c’est un sujet de la société. « Il faut en permanence tenir les deux enjeux avec fraternité, de sorte que la fin de vie puisse se vivre avec confiance ».

Pour François Clavairoly, « Les 6 cultes présents en France ont fait une déclaration commune, ils ont produit des textes, ils ont défendu ce travail devant les chambres des élus. Toutefois, dans la tradition protestante, nous avons toujours veillé à faire valoir la diversité des points de vue. Or dans la présentation de cette position « officielle » de la fédération protestante de France, je crains que cette pluralité n’ait pas été valorisée à sa juste mesure. »

La question du suicide, qu’il se situe dans une problématique d’euthanasie ou pas, est « un sujet abyssal ». La bible relate six histoires de suicide différentes (un des rois d’Israël, Saül, un disciple de Jésus, Judas, et d’autres personnages). Il est intéressant de souligner que, « dans aucun de ces cas, il n’y a condamnation. Le suicide y est l’expression d’un malheur, d’un échec, d’une perte. Mais on ne parle pas d’exemption du salut, d’enfer ou tout autre condamnation…. Je pense que si nous croyons en Dieu, Dieu croit en nous bien plus que nous ne croyons en lui. Que ce geste soit le fruit d’un désespoir ou celui d’une fierté (dans certains récits c’est le cas : mourir libre et digne), Dieu le regarde avec la bienveillance qui est la sienne ».

Il y a deux conceptions concernant la vie. L’une pose que la vie appartient à l’homme, autonome et libre, il en fait ce qu’il veut. C’est la posture d’une grande partie de la philosophie grecque, présente encore aujourd’hui. L’autre affirme que la vie est sacrée, intouchable, inviolable, don de Dieu. C’est notamment la posture des religions à ce jour.

Ni l’une ni l’autre n’intègre le lien avec Dieu. Dans la posture des philosophes antiques, Dieu est absent. Dans l’autre, la radicalité va sans doute au-delà de ce que nous dit la bible. « Rappelons que selon Paul, le lien n’est pas rompu lors de la mort. La mort ne nous arrache pas à la proximité avec Dieu. Cette affirmation que la vie est sacrée comporte un absolu, une revendication radicale d’un interdit dont on ne trouve pas trace dans la Bible. Cette position s’appuie sur deux textes bibliques : Exode 20 (« tu ne tueras pas ») et Deutéronome 30 « Choisis la vie ». Quand on les lit attentivement, il apparait que ces deux textes n’énoncent pas des injonctions juridiques et morales. Ils nous encouragent à ne pas tuer, à choisir la vie, mais cette situation, où l’homme va tuer ou ne pas choisir la vie, peut arriver malgré tout ».

La conviction du pasteur Clavairoly s’est construite parce qu’il y a des garde-fous importants dans la loi. Il en cite trois lors de cette interview.

La clause de conscience pour le corps médical est au centre. L’acte de faire mourir, est normalement à la main de la personne, mais si cette personne ne peut plus le faire, il est effectué par le médecin. Or ce n’est pas considéré comme un acte de soin et c’est donc très sensible. Dans la loi, personne ne sera obligé de commettre l’acte de faire mourir. Si le médecin ou l’infirmier le souhaite, cette clause lui permet de se retirer et de demander à un confrère de ne pas laisser sans réponse la personne qui a formulé la demande. Par ailleurs le texte prévoit un délai de réflexion, indispensable, qui dispose que la personne puisse changer d’avis et qui garantit qu’elle reste libre dans son choix. Enfin, il intègre et régule un risque avéré, celui que l’entourage de la personne, la famille, les proches, soient facteurs de pression. Le but est d’éviter que cette personne ne se sente comme une charge inutile, en trop, appelée à quitter la vie.

Le sujet porte aussi une grande question : « À qui appartient le corps ? On a longtemps dit « à Dieu », puis « à la médecine », Aujourd’hui l’idée que le corps appartient à la personne advient. Il faut trouver la juste mesure entre ce lien à Dieu, ce lien à la médecine, ce lien à soi.
Je tiens à la vie comme un bien précieux qui m’a été confié par Dieu et j’en suis responsable jusqu’au bout ».

Voir la vidéo ICI
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag, Horizontal Pictures
Entretien mené par : David Gonzalez

Pourquoi l’Église catholique condamne-t-elle encore l’homosexualité ? Une trahison évangélique.

« Ce que l’homme appelle loi naturelle n’est souvent que l’habitude érigée en morale. » — Jacques Pohier.

Pourquoi l’Église catholique persiste-t-elle à condamner l’homosexualité alors même qu’une part croissante de ses fidèles, de ses théologiens, et de l’humanité tout entière comprend qu’il ne s’agit ni d’un vice ni d’un désordre, mais d’une expression légitime de l’amour humain ?

La réponse n’est pas théologique, ou du moins pas essentiellement. Elle est anthropologique, historique, politique. Car il faut le dire avec clarté : la condamnation de l’homosexualité n’a pas sa source dans l’Évangile, mais dans une construction doctrinale sclérosée, héritée d’une époque où l’on confondait morale sexuelle et ordre social patriarcal. Par exemple, dans l’antiquité, il était déshonorant pour un homme d’adopter une positions passive assimilée à celle d’une femme.

Une théologie du soupçon du corps
Depuis Augustin, l’Église porte en elle une méfiance vis-à-vis du corps, du désir, de la sexualité. Ce que Joseph Moingt appelait « la surmoralisation du sexe » a conduit à une doctrine où tout écart à l’union hétérosexuelle procréative est jugé contre nature. Pourtant, ce finalisme biologique, érigé en dogme moral, n’est ni biblique ni christique. Jésus n’a jamais parlé de sexualité ; il n’a ni légiféré, ni exclu, ni normé les désirs. Il a accueilli.

Comment peut-on aujourd’hui soutenir que l’amour entre deux personnes de même sexe, fondé sur le respect, la fidélité, l’intimité, serait « intrinsèquement désordonné » comme l’enseigne encore le Catéchisme de l’Église catholique (§2357) ? Cette formule, d’une violence théologique inouïe, dit tout de l’écart abyssal entre la doctrine romaine et l’expérience vécue des croyants.

Un contresens sur la nature humaine
Comme le souligne le théologien protestant André Gounelle, « ce que la tradition appelle ‘nature’ est une construction culturelle et historique, souvent utilisée pour maintenir l’ordre établi ». En s’appuyant sur une conception figée de la nature, l’Église refuse de reconnaître ce que la science a établi depuis des décennies : l’orientation sexuelle n’est ni un choix ni une déviation, mais une donnée profonde de l’identité de chacun.

Vouloir convertir ou condamner un homosexuel, c’est lui demander de renier sa propre vérité existentielle. C’est faire de l’obéissance à une norme abstraite un absolu, au mépris de la conscience personnelle que l’Église prétend pourtant respecter.

Une lecture non évangélique
Jacques Pohier écrivait avec justesse que la foi chrétienne devrait être une libération et non une soumission. Or, que libère-t-on lorsque l’on exige d’un homosexuel la continence à vie, sans affect, sans corps, sans intimité ? Il ne s’agit pas là d’un appel à la sainteté, mais d’un refus d’accueillir la pluralité des formes humaines de l’amour.

Le Dieu de Jésus n’est pas celui de l’exclusion, mais celui qui mange avec les exclus, touche les impurs, bénit les corps blessés. Il n’a pas demandé au centurion romain d’abandonner son serviteur aimé, il n’a pas rejeté la femme adultère, il n’a pas exigé la conformité morale comme préalable à la grâce.

Qui, aujourd’hui, se met à la place de ce Dieu-là ?

L’appel d’un christianisme adulte
Le temps est venu pour l’Église d’entrer dans une théologie de la maturité, celle que Joseph Moingt appelait de ses vœux : « L’homme adulte dans la foi n’a plus besoin de tuteur, ni de loi imposée du dehors. Il agit selon l’Esprit qui est en lui. »

Dans cette perspective, l’amour entre deux hommes ou deux femmes ne devrait pas être jugé à l’aune d’une norme abstraite, mais selon ce qu’il révèle de la dignité de la relation, de la sincérité du don, de la capacité à faire vivre l’autre. Toute autre attitude est trahison de l’Évangile.

En conclusion
L’homosexualité n’est ni un péché ni un scandale. Le véritable scandale est qu’une institution censée proclamer l’amour inconditionnel continue à condamner ceux qui aiment autrement.

Il ne s’agit pas ici d’une revendication moderniste, mais d’un retour au cœur même du message de Jésus. Comme le rappelait Paul Tillich : « Le péché n’est pas de désirer, mais de se couper de l’amour. » Que l’Église cesse donc de faire du désir une faute et de l’amour une suspicion.

Car là où deux êtres s’aiment en vérité, là est Dieu.

Michel LECONTE, théologien et psychologue clinicien, le 29 juin 2025

Alors que l’offensive israélienne à Gaza aurait causé la mort d’au moins 52 000 Palestiniens depuis le 7 octobre 2023, un collectif d’associations chrétiennes alerte sur le risque d’un génocide. Elles réclament un cessez-le-feu immédiat et la libération de tous les otages.

Près de six cents jours après le 7 octobre, et la guerre impitoyable menée dans la foulée par l’État d’Israël, la bande de Gaza s’enfonce dans l’abîme. L’offensive israélienne a déjà fait plus de 52 000 morts et détruit près de 80 % des infrastructures en place. Plus de 2 millions de personnes font face à un « risque critique de famine » selon l’OMS, à la suite du blocus total de l’aide humanitaire imposé par le gouvernement israélien depuis plus de deux mois. Gaza est devenue inhabitable. Les mots manquent pour décrire cette réalité, mais les faits, eux, sont clairs : un génocide est en cours.

La Cisjordanie n’est pas épargnée par la volonté affichée du gouvernement de Netanyahou de rendre impossible l’existence des Palestiniens. Depuis un an et demi, des opérations conjointes entre colons et armée israélienne ont poussé des dizaines de milliers de Palestiniens à fuir, et ont provoqué la mort d’au moins 900 d’entre eux, 7 000 blessés et plus de 40 000 déplacés de force.

L’ONU alerte désormais sur un risque de nettoyage ethnique en Cisjordanie. Les fondations d’une paix juste sont méthodiquement détruites. Dans le prolongement de l’avis de la Cour internationale de justice (CIJ) de juillet 2024, l’Assemblée générale des Nations unies a exigé, par son vote du 18 septembre 2024, la fin de l’occupation israélienne du territoire palestinien et le démantèlement des colonies avant le 18 septembre 2025.

L’histoire jugera notre silence
Face à ce désastre humain et moral, nous, chrétiennes, chrétiens et organisations issues de mouvements chrétiens, porteurs d’un message d’amour, de paix et de justice, ne pouvons rester muets. Tout comme nos dirigeants, qui ont le devoir de tout faire pour que le droit international s’impose, que le droit à l’autodétermination du peuple palestinien soit respecté, et qu’une paix durable soit accordée aux Palestiniens comme aux Israéliens.

Nous accueillons les paroles récentes du président Emmanuel Macron, qui a qualifié la situation à Gaza de « honte » et demandé la reprise « immédiate » de l’aide humanitaire. Mais les mots seuls ne suffisent plus. Le temps est à l’action. Le peuple palestinien vit la plus grande tragédie de son histoire, et le droit international doit être la boussole de ses droits légitimes.

Alors qu’elle coprésidera une conférence internationale pour une solution à deux États en juin prochain, la France doit se montrer à la hauteur de ses responsabilités. Elle ne peut parler d’État palestinien tout en regardant se dissoudre sous ses yeux le peuple censé l’habiter.

Nous lançons donc un appel solennel aux autorités françaises et européennes. Elles doivent exiger un cessez-le-feu immédiat et définitif, la fin du génocide et la libération de tous les otages. Œuvrer au déblocage complet de l’aide humanitaire à Gaza, sans conditions politiques. Exiger la mise en œuvre de la décision de l’Assemblée générale des Nations unies de 18 septembre 2024, sur la fin d’occupation israélienne. Décider de sanctions, en particulier la suspension de l’accord d’association UE-Israël, tant qu’Israël ne respecte pas le droit international, comme le permet l’article 2 de cet accord.

Signataires :
Virginie Amieux, présidente du CCFD-Terre solidaire
Camille Charrière et Foucauld Giuliani, membres du collectif Anastasis
Élisabeth Blanchard, secrétaire générale des Amis de Sabeel France
Marylin Pacouret, présidente de Chrétiens de la Méditerranée
Mathieu Busch, directeur de l’Action chrétienne en Orient
Yves Rolland, Président de l’Acat-France
Jean-Luc Bausson et Karin Flick, coprésidents de Chrétiens dans le monde rural
Karine Cornily et Denis Mazoyer, coprésidents de l’Action catholique ouvrière
Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de La Cimade
Benoit Halgand, porte-parole de Lutte & Contemplation
Frédéric-Marie Le Méhauté, ministre provincial des franciscains de France-Belgique
Michel Roy, secrétaire général de Justice et Paix
Caroline Ingrand-Hoffet, pasteure UEPAL à Kolbsheim
Jean-Sébastien Ingrand-Hoffet, pasteur UEPAL pour la justice climatique
Manuele Derolez, présidente de la DCCParce qu’un jour, l’histoire jugera notre silence.

Depuis les débuts de l'ère chrétienne, on a utilisé la bible pour justifier des postures, opinions et comportements extrêmement divers voire antagonistes. Comment expliquer que sa lecture peut générer des compréhensions si contrastées ?

Thomas RÖMER, exégète, philologue et bibliste, est professeur au Collège de Fronce. Il a publié à la fin de l'année dernière un nouvel ouvrage dans lequel il souligne qu'il y a dons la bible une gronde diversité, et il en fait l'éloge. Nous présentons ci-dessous une synthèse de la présentation qu'il en a faite à un média protestant suisse.

Tout d'abord « la Bible » n'existe pas ... mais qu'il y a « des » bibles. Il suffit de penser à la bible juive, aux diverses bibles chrétiennes qui ont des contenus, des arrangements et des livres différents (la bible catholique, les bibles protestantes, les bibles orthodoxes, chaque tradition orthodoxe ayant sa propre version). La bible juive n'est pas ce qu'on appelle l'ancien testament dans d'autres bibles car l'ordre des livres qui y sont insérés est différent : dans les bibles protestantes on finit par les prophètes pour prouver que ceux-ci annoncent le nouveau testament alors que dans la bible juive l'ordre n'est pas celui-ci.

La bible, telle que la connaissent les chrétiens, s'est constituée petit à petit au cours des 4ème et 5ème siècle et le dernier manuscrit complet en hébreu date du moyen âge. Elle constitue plutôt une bibliothèque qu'un livre.

Cette bibliothèque offre en effet un grand champ de projections. Ayant accompagné la religion judaïque et les religions chrétiennes, elle a été utilisée pour les prédications et l'étude, mais aussi pour légitimer toutes sortes d'options éthiques et politiques. Or il est rare qu'on prenne la bible dans son ensemble. Les lecteurs y effectuent plutôt une sorte de sélection en prenant les textes qui leur semblent importants, ce qui ne rend pas compte de l'ensemble ni de sa diversité.

Par exemple, on la considère comme un fondement de la législation. Mais il y a dans la bible une alternance de lois et de récits, et les lois énoncées sont souvent reprises plusieurs fois et transformées au fil du texte biblique. La loi s'adapte en permanence aux différentes sociétés dans lesquelles nous sommes.

De manière générale elle n'est pas univoque. Cela résulte du processus de constitution de la Bible. Il n'y a pas « un » auteur biblique, et aucun livre de la bible n'a été écrit d'un seul trait par un auteur unique. Les textes furent rédigés sur des papyrus et des parchemins, dont la durée de vie est de 40 /50 ans. Quand ils étaient abimés, il fallait les réécrire, et alors on les modifiait, on les actualisait en fonction du contexte culturel, social, politique. Les rédacteurs recopieurs sont aussi des auteurs. Le texte vit et se transforme.

On peut faire dire à la Bible beaucoup de chose, et on le fait. Mais la bible n'est pas une sorte de livre de recettes immuables », elle n'apporte pas « une » parole définitive, qu'on devrait appliquer à la lettre, sur toutes sortes de questions éthiques et sociétales. Affirmer que la bible est « la parole immuable », comme le font les milieux fondamentalistes évangéliques aujourd'hui, n'est rationnellement pas possible. En effet, dans ce cas, on devrait rétablir la polygamie, l'esclavage, la société patriarcale, la peine de mort. C'est même insulter le texte, parce qu'il a été écrit précisément dans cette idée qu'il devrait être réinterprété constamment.

La bible n'est pas non plus une doctrine théologique puisqu'elle nous fait part, au contraire, de toutes sortes d'interrogations sur des questions théologiques comme la relation de l'homme au divin et au monde. Et elle le fait avec beaucoup de diversité, d'hétérogénéité.

Ces textes ont été confrontés à des générations diverses. Chaque lecteur comprend avec son contexte culturel. Il y a une grande liberté d'interprétation, c'est donc un livre dangereux quand on veut s'en servir pour légitimer sa propre vision des choses. C'est un livre dangereux aussi quand il est utilisé par des détenteurs du pouvoir ou des oppresseurs. Ainsi, le livre de Josué a été utilisé pour justifier l'extermination des populations autochtone, les croisades, l'occupation des terres en Palestine. Il a été invoqué aussi par les esclaves lors du mouvement pour les droits civiques aux États-Unis, pour argumenter l'impératif de leur libération. C'est donc aussi un livre de libération. Que faut-il en conclure ? Sans doute avant tout qu'on ne lit pas la même chose quand on est du côté des oppresseurs ou celui des opprimés.

Alors, si le texte biblique n'offre pas de vérité matérielle, historique, propose-t-il une vérité symbolique dans ces textes ?

Quand on dit que certains récits comme celui sur Abraham ou celui sur Moïse sont des mythes, les gens sont un peu désarçonnés : « Ah ce n'est qu'un mythe ». Mais un mythe c'est un récit fondateur qui crée une identité. Le judaïsme ne s'est pas constitué sur l'historicité des figures d'Abraham et de Moïse mais sur des récits qui racontent comment Abraham et Moïse étaient en phase avec Dieu ou pas, qui décrivent les conflits entre eux, les difficultés et ce qu'ils ont mis en place. Donc c'est le récit qui est fondateur et non l'événement. Cela ne veut pas dire que tout dans la bible est inventé de toutes pièces. La plupart des récits portent des traces mémorielles de l'histoire.

La foi est une certitude, or la bible ne propose pas de certitude puisqu'elle propose à chacun d'interpréter à sa façon. Comment sortir de cette contradiction ?

La foi n'est pas une chose fixe qu'on définit une fois et n'évolue plus. Elle nous accompagne, et, comme l'a écrit Martin Luther, on peut la perdre, la retrouver, changer son contenu. Dans la bible, les récits l'illustrent. Pensons à Abraham, qui a une foi inébranlable en Dieu, et au contraire à Job, qui ne comprend pas du tout ce Dieu et se questionne profondément. Pensons au livre de Jonas qui affirme que Dieu peut changer d'avis, et que les oracles de destruction peuvent ne pas être définitifs. Ces récits reflètent ce qui peut arriver lors d'une vie humaine ou lors de la vie d'une société. La bible accompagne les humains avec leurs espoirs, leurs désespoirs, c'est justement une de ses richesses.

La Bible, qu'est-ce que ça change ?, Thomas RÖMER, éditions Laboret Fides, 2025,128 p.

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