Merci de soutenir notre communauté en faisant un don à la Paroisse protestante de Furchhausen - Marmoutier - Wolschheim.
Les dons ouvrent droit à une réduction d'impôt sur le revenu égale à 66 % du montant versé dans la limite de 20 % du revenu imposable. Par exemple : un don de 100 € ouvre droit à une réduction d'impôt de 66 €.
Un reçu fiscal sur l’ensemble de vos dons à la Paroisse d’une année vous sera adressé courant du premier trimestre de l’année suivante.
Suivez le lien ci-dessous.
FAIRE UN DON JOYEUX
A l’occasion de la fête de Yom Kippour, le 12 octobre cette année, le rabbin Olivier Kaufmann et le théologien Antoine Nouis confrontent leurs traditions et échangent sur cette fête, considérée comme une des plus saintes dans le judaïsme. Yom Kippour cristallise beaucoup de malentendus et de divergences entre juifs et chrétiens, autour de la culpabilité, de l’expiation et du pardon. Nous reprenons ci-après les principaux éléments de ce dialogue.
De nombreuses personnes pensent que célébrer Yom Kippour efface les fautes d’un coup de baguette magique, mais c’est très réducteur. Cette fête est précédée d’un temps d’expiation, 40 jours de préparation au cours desquels les offices adoptent un rituel particulier.
Le rabbin Olivier Kaufmann souligne que Yom Kippour s’inscrit dans notre relation à Dieu. Cette fête s’enracine dans le moment historique où Moïse redescend de la montagne avec des nouvelles tables de la loi et annonce - et c’est une révolution au sein du peuple d’Israël - que l’annulation des fautes, l’expiation, le pardon, sont possibles. Mais il est important de faire une distinction entre les fautes commises envers son prochain et les fautes commises envers Dieu. A Yom Kippour on ne parle que des fautes commises envers Dieu. Les fautes commises à l’égard des humains doivent se réparer entre humains, Dieu n’y peut rien.
Il n’en va pas de même dans le christianisme. Antoine Nouis rappelle que, si les deux commandements « tu aimeras ton prochain comme toi-même » et « tu aimeras Dieu », sont énoncés de manière dissociée, ils sont articulés entre eux, reliés, parce que pécher contre son prochain c’est pécher contre Dieu.
Un point particulier de la tradition chrétienne demeure étrange et peut être mal compris pour les juifs : Jésus rachète toutes les fautes, y compris celles commises entre humains, elles sont donc effacées sans actions humaines.
Antoine Nouis répond qu’on est là au cœur de la foi chrétienne. Le pardon a été donné, ce qui change notre conception de la justice. Luther disait « je ne suis pas juste parce que j’accomplis des actes de justice mais c’est parce que je suis juste en Jésus-Christ que je peux accomplir des actes de justice. » Donc les actes de réconciliation ne sont pas la cause du pardon mais la conséquence du pardon qui a été donné.
Mais on peut alors objecter : si le pardon a été donné par Jésus Christ, pourquoi agir ?
Antoine Nouis dénonce cette dérive du christianisme, et rappelle que le théologien D. Bonhoeffer l’appelait « la grâce à bon marché ». Si je suis pardonné, je peux vivre comme je l’entends ! Le pardon est une brûlure et si on entend le prix, le coût, la réalité de ce pardon, cela doit changer quelque chose en nous et dans notre rapport au prochain.
Le rabbin Olivier Kaufman identifie là quelque chose qui sépare juifs et chrétiens. Pour les juifs, il y a une responsabilisation de chacun et c’est pourquoi on a cette période avant Yom Kippour, où chacun est appelé à aller à la recherche de l’autre. Il va lui demander pardon une fois, deux fois, et si la troisième fois le pardon n‘est pas donné, la faute aura changé de camp. Certes on dit que Dieu est en bas dans les champs et qu’il attend notre retour, mais comment prétendre parler à Dieu si auparavant on n’a pas fait ce travail ? Dans ce travail actif, qui est une démarche de séduction, de reconquête du cœur, Dieu n’intervient pas.
Pour les chrétiens, l’approche diffère subtilement. En particulier, pour les protestants, rappelons que selon la première des 95 thèses de Luther, il nous faut tous les jours faire repentance, retourner vers Dieu pour entendre que nous sommes pardonnés. Cet exercice quotidien travaille notre rapport au prochain.
Dans la tradition juive, ce travail de repentance est mis en gestes et en verbe autour d’une notion centrale, celle de vidouï, confession ou plutôt formulation des fautes, comme dans une psychanalyse. Le croyant est invité à énoncer clairement « j’ai fait telle faute ».
Antoine Nouis remarque un parallèle dans le fait que dans les cultes dominicaux protestants, il y a un moment qui se nomme confession des péchés où l’on nomme la faute.
Dans la liturgie juive on va formuler les fautes en se frappant la poitrine, en se plaçant devant Dieu, même pour les fautes interpersonnelles. Il y a un travail d’introspection, de formulation mais toujours devant Dieu. Même dans la faute chacun reste relié à Dieu. Il est vrai que selon certains rabbins, la faute nous éloigne de Dieu, mais elle n’a pas le dernier mot. Cette fête est pleine de paradoxes. Elle comprend un temps de mortification, notamment un jeûne. Mais c’est aussi un jour de joie. Dans certaines liturgies, même la formulation de fautes est chantée dans un rythme joyeux.