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A l’occasion de la fête de Yom Kippour, le 12 octobre cette année, le rabbin Olivier Kaufmann et le théologien Antoine Nouis confrontent leurs traditions et échangent sur cette fête, considérée comme une des plus saintes dans le judaïsme. Yom Kippour cristallise beaucoup de malentendus et de divergences entre juifs et chrétiens, autour de la culpabilité, de l’expiation et du pardon. Nous reprenons ci-après les principaux éléments de ce dialogue.
De nombreuses personnes pensent que célébrer Yom Kippour efface les fautes d’un coup de baguette magique, mais c’est très réducteur. Cette fête est précédée d’un temps d’expiation, 40 jours de préparation au cours desquels les offices adoptent un rituel particulier.
Le rabbin Olivier Kaufmann souligne que Yom Kippour s’inscrit dans notre relation à Dieu. Cette fête s’enracine dans le moment historique où Moïse redescend de la montagne avec des nouvelles tables de la loi et annonce - et c’est une révolution au sein du peuple d’Israël - que l’annulation des fautes, l’expiation, le pardon, sont possibles. Mais il est important de faire une distinction entre les fautes commises envers son prochain et les fautes commises envers Dieu. A Yom Kippour on ne parle que des fautes commises envers Dieu. Les fautes commises à l’égard des humains doivent se réparer entre humains, Dieu n’y peut rien.
Il n’en va pas de même dans le christianisme. Antoine Nouis rappelle que, si les deux commandements « tu aimeras ton prochain comme toi-même » et « tu aimeras Dieu », sont énoncés de manière dissociée, ils sont articulés entre eux, reliés, parce que pécher contre son prochain c’est pécher contre Dieu.
Un point particulier de la tradition chrétienne demeure étrange et peut être mal compris pour les juifs : Jésus rachète toutes les fautes, y compris celles commises entre humains, elles sont donc effacées sans actions humaines.
Antoine Nouis répond qu’on est là au cœur de la foi chrétienne. Le pardon a été donné, ce qui change notre conception de la justice. Luther disait « je ne suis pas juste parce que j’accomplis des actes de justice mais c’est parce que je suis juste en Jésus-Christ que je peux accomplir des actes de justice. » Donc les actes de réconciliation ne sont pas la cause du pardon mais la conséquence du pardon qui a été donné.
Mais on peut alors objecter : si le pardon a été donné par Jésus Christ, pourquoi agir ?
Antoine Nouis dénonce cette dérive du christianisme, et rappelle que le théologien D. Bonhoeffer l’appelait « la grâce à bon marché ». Si je suis pardonné, je peux vivre comme je l’entends ! Le pardon est une brûlure et si on entend le prix, le coût, la réalité de ce pardon, cela doit changer quelque chose en nous et dans notre rapport au prochain.
Le rabbin Olivier Kaufman identifie là quelque chose qui sépare juifs et chrétiens. Pour les juifs, il y a une responsabilisation de chacun et c’est pourquoi on a cette période avant Yom Kippour, où chacun est appelé à aller à la recherche de l’autre. Il va lui demander pardon une fois, deux fois, et si la troisième fois le pardon n‘est pas donné, la faute aura changé de camp. Certes on dit que Dieu est en bas dans les champs et qu’il attend notre retour, mais comment prétendre parler à Dieu si auparavant on n’a pas fait ce travail ? Dans ce travail actif, qui est une démarche de séduction, de reconquête du cœur, Dieu n’intervient pas.
Pour les chrétiens, l’approche diffère subtilement. En particulier, pour les protestants, rappelons que selon la première des 95 thèses de Luther, il nous faut tous les jours faire repentance, retourner vers Dieu pour entendre que nous sommes pardonnés. Cet exercice quotidien travaille notre rapport au prochain.
Dans la tradition juive, ce travail de repentance est mis en gestes et en verbe autour d’une notion centrale, celle de vidouï, confession ou plutôt formulation des fautes, comme dans une psychanalyse. Le croyant est invité à énoncer clairement « j’ai fait telle faute ».
Antoine Nouis remarque un parallèle dans le fait que dans les cultes dominicaux protestants, il y a un moment qui se nomme confession des péchés où l’on nomme la faute.
Dans la liturgie juive on va formuler les fautes en se frappant la poitrine, en se plaçant devant Dieu, même pour les fautes interpersonnelles. Il y a un travail d’introspection, de formulation mais toujours devant Dieu. Même dans la faute chacun reste relié à Dieu. Il est vrai que selon certains rabbins, la faute nous éloigne de Dieu, mais elle n’a pas le dernier mot. Cette fête est pleine de paradoxes. Elle comprend un temps de mortification, notamment un jeûne. Mais c’est aussi un jour de joie. Dans certaines liturgies, même la formulation de fautes est chantée dans un rythme joyeux.
Communiqué de Presse Conférence des Responsables de Culte en France (CRCF*)
Le 9 octobre 2023, responsables religieux catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et bouddhistes, nous exprimions ensemble notre effroi et notre profonde tristesse face à la barbarie du Hamas.
En ce 7 octobre 2024, nous peinons à prendre la mesure des traumatismes, sans précédent pour notre génération, engendrés par ces actes terroristes mais aussi par les populations civiles, victimes collatérales de la réponse militaire israélienne. Elles emportent tragiquement plusieurs milliers de victimes. Nous nous inclinons devant l’immense souffrance de celles et de ceux qui ont perdu un être cher dans des conditions atroces, celle des otages et de ceux qui, parents d’otages, ont traversé tant de mois dans l’incertitude et l’angoisse. Nous portons aussi dans notre cœur et notre chair l’immense souffrance des civils israéliens, palestiniens et libanais, des familles meurtries, des existences anéanties, livrées à la terreur et aux ravages que produit la guerre. Nous réprouvons les exactions commises en Cisjordanie. Nous nous inquiétons vivement des conséquences durables de tant de violences, terroristes ou militaires, chez ceux et celles qui les subissent et ceux et celles qui les exécutent.
Nous mesurons combien les événements au Proche-Orient pèsent sur la société française. Pour les juifs et pour les musulmans, les blessures sont vives et douloureuses.
La haine et les discriminations antimusulmanes se multiplient de manière inquiétante et les actes antisémites ont encore augmenté de manière exponentielle. Alors que, dans notre société profondément polarisée, le dialogue est plus important que jamais, même les relations interreligieuses sont mises à l’épreuve, voire gelées. L’expérience heureuse de l’aumônerie au centre multiconfessionnel du village olympique et la fraternité vécue dans le cadre du programme de formation EMOUNA (formation interreligieuse portée par Sciences Po) montrent pourtant que la fraternité demeure possible. La solidarité interreligieuse vécue après les attaques des synagogues de Rouen et de la Grande Motte en ont fourni une nouvelle preuve. Il tient à nous de ne pas importer en France ce conflit.
Aussi nous, responsables religieux catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et bouddhistes, appelons à la libération de tous les otages, à un cessez le feu et réaffirmons ensemble nos valeurs communes.
Nous réprouvons la violence sous toutes ses formes, et déplorons le nombre insupportable de victimes civiles. Nous condamnons la prise d’otages civils ou militaires et appelons à leur libération immédiate. Nous condamnons tout discours appelant à la haine et à la destruction.
Nous appelons à la prière pour le peuple israélien, pour le peuple palestinien, pour le peuple libanais et pour le peuple iranien qui se trouvent aujourd’hui pris dans une logique de guerre, pour ceux et celles qui sont endeuillés, pour ceux et celles qui ont été pris comme otages ou vivent l’angoisse d’un proche kidnappé, pour tous ceux qui sont déplacés, et dont les moyens de subsistance sont précaires. Nous exprimons notre gratitude pour les organisations qui travaillent à maintenir soins médicaux et approvisionnement.
Nous invitons les forces politiques, religieuses, culturelles, du monde entier à agir pour qu’une paix juste et durable puisse se construire dans toute la région. Nous demandons aux responsables politiques de notre pays à travailler pour une action concertée de la communauté internationale et à rappeler aux belligérants la nécessité du respect du droit international humanitaire.
Nous appelons nos concitoyens, croyants ou non, à préserver et cultiver les relations fraternelles qui lient les uns aux autres dans le respect et l’attention mutuelle ; à rejeter fermement tout antisémitisme, toute haine antimusulmane, tout racisme, tout mépris ou discours de haine et de mort, toute stigmatisation de tout ordre ; à rechercher inlassablement la vérité et la justice en vue de la paix. Nous nous engageons à agir toujours en ce sens.
Plus de 30 ans après la dernière initiative de paix qui avait été portée par les accords d’Oslo, il est grand temps de comprendre qu’une politique prétendant utiliser la violence à son profit ne peut aboutir et que la recherche de la paix est indispensable. Les responsables politiques en ont le grave devoir. Les armes doivent se taire et la fraternité revenir. Le droit international, si imparfait soit-il, doit redevenir le socle du processus à ouvrir.
*La CRCF regroupe des responsables représentant les instances du bouddhisme, des Églises chrétiennes (catholique, orthodoxe et protestante), de l’islam et du judaïsme.
Pasteur Christian Krieger, Président de la Fédération protestante de France
Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France
Monseigneur Dimitrios, Président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France
Monsieur Haïm Korsia, Grand Rabbin de France
Maître Chems-Eddine Hafiz, Recteur de la Grande Mosquée de Paris
Monsieur Antony Boussemart, Président de l’Union bouddhiste de France