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La Fédération protestante de France publie une enquête de grande envergure. Elle met au jour une stabilité du taux de protestants (2%), toutes sensibilités confondues, en France. Ils ont en commun d’être favorables à la légalisation d’une aide active à mourir et à la constitutionnalisation de l’IVG.
Un sondage d’une telle ampleur n’avait pas été réalisé depuis mai 2010. Commandée par la Fédération protestante de France, l’enquête réalisée par l’Ifop a été rendue publique jeudi 23 janvier. Elle dresse le portrait d’un protestantisme en mutation, notamment marqué par la montée des évangéliques. Elle présente également dans le détail le nouveau paysage protestant. Découvrez point par point les grandes lignes de cette très vaste étude sur laquelle Réforme reviendra plus longuement dans les prochains jours.
Stabilité. Représentant 2% de la population de la France métropolitaine, les protestants constituent le troisième groupe religieux après les catholiques et les musulmans. Premier constat, donc : la part des protestants reste stable, et ce malgré un contexte de sécularisation. La part de 2% qui signifie même une légère hausse, compte tenu de l’augmentation de la population française. “Sur les 66 millions d’habitants que compte la France métropolitaine, il y aurait donc 1 320 000 protestants”, précise Jean-Paul Willaime, directeur d’études honoraire à l’École pratique des hautes études.
Montée des évangéliques. Autre constat, la part des évangéliques progresse de 15 points, par rapport à 2010. Ils représentent désormais 33% des protestants. Précision terminologique : dans l’échantillon des “protestants”, le sondage distingue “protestant” et “évangélique”. Pourquoi ? “Parce que certains évangéliques, sans nier leur filiation protestante, préfèrent se définir comme “évangélique” plutôt que comme “protestant”, explique Jean-Paul Willaime, le qualificatif de “protestant” leur paraissant trop lié au protestantisme luthéro-réformé. Dès lors, pour obtenir un ensemble d’enquêtés représentatif de toutes les sensibilités protestantes, le choix a été fait de proposer évangélique à côté de protestant”. Résultat : 67 % choisissent l’identification “protestante” (-15 points par rapport à 2010) et 33 % l’identification “évangélique” ou “chrétienne évangélique” (+15 points par rapport à 2010).
Jean-Paul Willaime souligne par ailleurs une singularité de l’Alsace-Moselle par rapport à d’autres régions : « la forte proportion du choix de “protestant ”: 87 % et le faible taux du choix d’“évangélique” : 13 %. Singularité de cette région où les cultes luthérien et réformé font partie des cultes reconnus et où, pour les autres expressions du protestantisme non liées à l’État, l’on parle d’“églises libres”».
Paysage protestant. La question “De quelle sensibilité religieuse vous sentez-vous le plus proche ?” permet de dresser le paysage du protestantisme en 2025. La sensibilité évangélique représente 33% (contre 22% en 2010), la réformée 25% (37% en 2010), la luthérienne 13% (19% en 2010), la pentecôtiste 11% (5% en 2010), la libérale 8%, la baptiste 7% (ces deux sensibilités n’étaient pas mesurées en 2010), la charismatique 5% (2% en 2010), une “autre” sensibilité 11% (9% en 2010). À noter que les réponses majoritaires dans cette catégorie “autre” ne mentionnent “aucune” sensibilité religieuse ou “protestante”. Le total est supérieur à 100, les sondés pouvant donner plusieurs réponses.
“Néo-protestants”. 25% des personnes se disant protestantes dans l’enquête ne l’étaient pas auparavant (contre 22% en 2010). Elles étaient très majoritairement catholiques (72%) ou sans religion (22%).
Pratique différenciée. 33 % des sondés déclarent assister au culte au moins une fois par mois (dont 21 % une fois par semaine). “Les protestants se distinguent nettement des 5 % de pratiquants réguliers observables dans le catholicisme, observe Jean-Paul Willaime. La surprise augmente encore lorsque l’on découvre que les plus jeunes pratiquent davantage que leurs aînés : 49 % des moins de 35 ans assistent au culte au moins une fois par mois (dont 28 % chaque semaine) alors que c’est le cas de 27 % des 35 ans et plus (dont 18 % chaque semaine).”
Et la fréquence de l’assistance au culte est très variable selon la sensibilité religieuse : 64% chez les charismatiques, 48% chez les évangéliques, 17% chez les luthéro-réformés et 16% chez ceux qui s’identifient à la sensibilité libérale.
Ouverture sur les questions sociétales. Les protestants dans leur ensemble apparaissent majoritairement favorables à la constitutionnalisation de l’IVG ainsi qu’à la légalisation de l’aide à mourir. Dans le cas de cette dernière, 67% des protestants y sont favorables (56% des moins de 35 ans, 71% des 35 ans et plus). “Beaucoup seront sans doute surpris de découvrir que l’opinion des protestants sur cette question complexe et controversée est majoritairement favorable quelle que soit sa sensibilité religieuse”, commente Jean-Paul Willaime. Ainsi les luthéro-réformés (78%), les libéraux (78%), les évangéliques (56%) et les charismatiques (55%) se disent favorables “à la légalisation d’une aide active à mourir”.
Pour ce qui est de la constitutionnalisation de l’IVG, cette mesure adoptée en mars 2024 est bien acceptée par 84% des luthéro-réformés, 87% des libéraux, 63% des évangéliques et 60% des charismatiques.
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 700 personnes protestantes, évangéliques ou chrétiennes évangéliques âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine tirées d’un échantillon global de 32 612 personnes représentatif de la population française. Enquête Ifop réalisée du 18 novembre au 11 décembre 2024.
Source : reforme.net - janvier 2025
Par Cathy Gerig et Stéphane Lutz-Sorg
Pour le sociologue Philippe Gonzalez, le mouvement évangélique a basculé dans l’engagement politique pour défendre l’identité culturelle chrétienne qui est au fondement des États-Unis. Explications.
L’élection de Donald Trump a mis en lumière le rôle déterminant des évangéliques blancs dans le paysage politique américain. Depuis les années 1980, ce groupe, qui représente une base solide pour le Parti républicain, s’est fortement mobilisé en faveur de candidats conservateurs. En 2024, plus de 80 % des évangéliques blancs ont voté pour Trump, malgré des controverses sur des sujets tels que l’avortement. Ce bloc religieux, historiquement influencé par la « moral majority », considère que préserver les valeurs familiales et morales dans une société de plus en plus fragmentée est une priorité.
Cependant, tous les évangéliques ne soutiennent pas cette ligne politique. Une minorité significative, environ 20 %, s’oppose au trumpisme et à son projet de domination culturelle. Ces résistants, comme les Red Letter Christians, mettent en avant un christianisme centré sur les enseignements de Jésus, prônant la justice sociale et le pluralisme. Leur action inclut le rachat d’armes pour les transformer en outils agricoles, le soutien aux sans-abris, ou encore une opposition active à la peine de mort. Cette approche repose sur une théologie du témoignage, privilégiant l’exemple personnel à l’imposition par la loi.
Le débat interne chez les évangéliques reflète une fracture entre conservateurs pluralistes et réactionnaires. Alors que les premiers, comme Russell Moore ou Jerushah Duford, défendent une approche ouverte et respectueuse des diversités, les seconds optent pour une vision hégémonique et parfois théologisée du pouvoir. Ce courant réactionnaire, marqué par des influences néo-réformées et charismatiques, voit dans la culture une bataille spirituelle et politique.
Face à cette polarisation, des initiatives telles que Christians Against Christian Nationalism défendent la séparation de l’Église et de l’État et la liberté religieuse pour tous. Ces résistants rappellent que le pluralisme n’est pas synonyme de faiblesse, mais bien une force dans une démocratie moderne.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Philippe Gonzalez
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag
Voir la video ICI
Vers une éthique de la sobriété
Pendant longtemps, le protestantisme s’est méfié du Carême car il y voyait une œuvre pieuse contraire à sa théologie de la grâce. Plutôt que de jeter le bébé avec l’eau du bain, il me semble plus sage de se réapproprier le Carême à l’intérieur de nos catégories théologiques. Pourquoi célébrons-nous Noël en décembre, Pâques au printemps et Pentecôte quelques semaines plus tard ? Pour des raisons pédagogiques. Ce sont des temps où nous nous souvenons de façon privilégiée de la venue de Dieu dans notre monde ; Dans la même perspective, nous pouvons consacrer un temps de l’année où nous nous souvenons de façon particulière du chemin parcouru par Jésus pour monter à Jérusalem.
Le Carême devient un temps où nous faisons mémoire du combat de Jésus contre la tentation de la richesse, du pouvoir et de la séduction pour devenir serviteur des plus petits. Il nous appartient de trouver et de poser les signes pour être disciples de ce Christ-là.
Le protestantisme a développé une éthique de la sobriété qui repose sur la gratitude, le juste usage des biens et la prise de conscience que nous ne sommes que les administrateurs des richesses qui nous sont confiées.
Notre civilisation est à l’opposé de la sobriété en orientant nos désirs vers le toujours plus de consommation. Le message de magazines et de la publicité est comme un gaz incolore, inodore et sans saveur que nous inhalons sans nous en rendre compte. Face à ces influences qui nous touchent plus que nous ne voulons nous l’avouer, nous avons besoin de l’antidote d’un évangile qui nous rappelle que le toujours plus est une impasse incapable de donner un sens à nos existences. Le Carême pourrait être un temps où nous mettons en œuvre cet antidote de façon privilégiée.
La sobriété que nous pouvons développer dans ce temps liturgique acquiert en outre une dimension prophétique dans un monde menacé par les déséquilibres écologiques. À l’heure où notre société prend conscience que la pente sur laquelle elle se trouve la conduit au , nous pouvons accorder au Carême d’être un signe de contestation de notre civilisation et un appel à retrouver la richesse de la juste mesure des choses.
Pasteur Antoine Nouis,
Pasteur, directeur de Réforme
REDECOUVRIR LA BEAUTE DU CAREME : UN CHEMIN SANS VIANDE ET SANS POISSON
Ensemble, des chrétiens de différentes confessions s’informent et prennent une responsabilité qui leur fait du sens. La proposition de jeûner de viande pendant le temps de Carême aide à se sensibiliser aux souffrances de notre planète, cela aide aussi à témoigner que ce souci pour l’environnement est enraciné dans notre foi en Jésus Christ, qu’ensemble nous pouvons prendre soin de la terre créée par Dieu. Cette action œcuménique et environnementale qui pose question et qui fait du sens est à saluer.
Pasteure Jane Stranz,
Responsable du service œcuménisme de la Fédération Protestante de France
Découvrez ICI le livret d’accompagnement de votre carême réalisé par Chrétiens Unis pour le Terre.
Le Domaine des Courmettes est un des deux centres d'A Rocha France et accueille des Églises et des particuliers pour différents séminaires et activités en lien avec la sensibilisation aux questions écologiques.
A Rocha France est une association chrétienne de protection de l’environnement. Créée en 2000 en France, elle fait partie d’un réseau international. A Rocha a une double mission : préserver le vivant et mobiliser les chrétiens www.arocha.fr
SÉJOURS :
Du 13 au 19 avril 2025
Escapade Gospel
Du 6 au 12 juillet 2025
Vivre l’espérance dans un monde blessé
Du 13 au 19 juillet 2025
Séminaire Foi et Psychologie
Du 20 au 26 juillet 2025
Camps Eco-aventure et Aventure-ados
Du 27 juillet au 2 août 2025
Séjour Rando-Nature
Du 28 septembre au 4 octobre 2025
Séjour Monde nocturne
Voir le détail des séjours ICI
Éco-Aventure, c’est une semaine passionnante en contact avec la nature : une vie en plein air, organisée autour du campement pour sensibiliser à la biodiversité et au respect de l'environnement. Éco-Aventure, c'est une semaine inoubliable à la découverte de la faune et la flore des montagnes, à bricoler utile et renouvelable, à partir à l’aventure...
Le séjour Éco-Aventure est le fruit d'un partenariat entre les Séjours de la Ligue, organisés par le Rimlishof et l'association A Rocha. Il est donc guidé par les principes et les buts de ces deux organismes.
L'intention est de proposer aux enfants différentes activités les sensibilisant à l'environnement (animal, végétal et minéral), découvrir dans la Bible le Dieu créateur afin de les inviter à réfléchir à leurs propres comportements avec ces éclairages particuliers.
Voir le détail du séjour ICI
Kairos est le mot grec qui signifie « moment opportun ou décisif ».
C’est un mouvement chrétien palestinien, né du Document Kairos, qui prône la fin de l'occupation israélienne et la recherche d'une solution juste au conflit.
Trahison de la justice : Kairos Palestine rejette la proposition de nettoyage ethnique faite par Trump et appelle à une action au niveau mondial.
« Malheur à ceux qui prescrivent des lois malfaisantes et, quand ils rédigent, mettent par écrit la misère. Ils écartent du tribunal les petites gens et privent de leurs droits les pauvres de mon peuple. » Ésaïe, 10,1-2.
Bethléem, 6 février 2025.
Le 4 février 2025, le président Donald Trump et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui est lui-même l'objet d'un mandat d'arrêt délivré par la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre présumés, se sont rencontrés à la Maison Blanche pour échanger sur la situation actuelle à Gaza et plus généralement au Moyen-Orient. Au cours de cette rencontre, le président Trump a proposé un plan selon lequel les États-Unis prendraient le contrôle de la bande de Gaza et a suggéré que les Palestiniens soient réinstallés de manière permanente dans des pays voisins, comme la Jordanie et l'Égypte. Il a décrit Gaza comme un « site de démolitions » et un « enfer », reconnaissant ainsi et même soulignant que Gaza n'est plus habitable. Il s'agit là d'un aveu public sur la gravité des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis à Gaza par Israël avec le soutien des États-Unis d'Amérique. Le président Trump propose ainsi un projet de style néocolonial consistant à « vider Gaza de sa population » en vue d’un réaménagement « de classe mondiale » visant à transformer la bande de Gaza en une « Riviera du Moyen-Orient ».
Cette proposition maléfique de crime de guerre a été largement condamnée et ne doit en aucun cas être acceptée. Les dirigeants palestiniens et de nations tant arabes que non arabes ont totalement rejeté cette idée, la considérant comme un nettoyage ethnique et une violation flagrante du droit international. Le représentant palestinien aux Nations Unies a souligné le droit des Palestiniens à rester dans leur pays d’origine, déclarant que « Nous n'accepterons aucun plan visant à déraciner notre peuple de sa terre ». Le Conseil œcuménique des Églises a, de son côté, appelé le président Trump à « reconsidérer ce projet honteux et respecter le droit international ainsi que la dignité et des droits humains de la population de Gaza ».
Cette proposition dangereuse et irresponsable vient en même temps qu’un fragile cessez-le- feu entre Israël et le Hamas qui a commencé le 19 janvier 2025. Ce cessez-le-feu prévoit un échange de prisonniers, qui reste encore incomplet. L'approbation par le président Trump d'un nettoyage ethnique à Gaza mettra le cessez-le-feu en péril et entravera les négociations en cours pour la seconde phase de cet accord. De telles propositions et actions encourageront Netanyahou et son gouvernement fasciste à reprendre leur guerre génocidaire contre la population civile de Gaza et risquent de déstabiliser encore davantage cette région déjà bien fragile.
En même temps M. Mike Huckabee, que le président Trump vient de nommer ambassadeur en Israël, ainsi que d'autres membres du Congrès ont fait des déclarations dans lesquelles ils nient l'existence-même des « Palestiniens » en tant que nation, ainsi que celle de « la Cisjordanie ». Ces déclarations sont le reflet d’une tentative dangereuse de mettre en œuvre un nettoyage ethnique en Cisjordanie. Une telle position politique a conforté le désir expansionniste d'Israël. Nous constatons que dans la ville de Jénine et dans son camp de réfugiés, une opération militaire israélienne de grande envergure a entraîné le déplacement forcé de milliers de Palestiniens. Les attaques sanglantes qui ont commencé fin janvier 2025 ont transformé le camp de réfugiés de Jénine en une « ville fantôme » avec la destruction de nombreuses infrastructures et maisons. Selon l'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), les normes essentielles pour pouvoir y vivre n’existent plus, et de nombreux résidents ne savent plus où aller.
Pendant ce temps, la situation ne cesse de se détériorer dans l’ensemble de la Cisjordanie, et tout particulièrement à Bethléem où les sévères restrictions de déplacements, les confiscations de terres et la violence grandissante des colons rendent la vie insupportable aux résidents palestiniens. La récente décision du gouvernement israélien de démolir les maisons du village voisin d'Al-Nu'man et de déplacer ses habitants, effaçant de fait leur présence, met en évidence la campagne de nettoyage ethnique en cours contre les communautés palestiniennes. Les Palestiniens chrétiens, qui ont toujours fait partie de l'identité-même de la ville de Bethléem, subissent en ce moment d'énormes pressions à travers les conditions de vie insupportables qui leur sont imposées par l'occupation israélienne pour les faire partir. Les Églises et institutions religieuses n’ont cessé de condamner ces actions, rappelant que le berceau-même du christianisme est systématiquement vidé de sa population chrétienne autochtone.
Kairos Palestine condamne et rejette catégoriquement les plans du président Trump qui visent au déplacement forcé et à l'éradication de notre nation tout entière. Nous considérons ce plan colonialiste réactualisé comme diabolique, comme « un péché contre Dieu et la personne humaine », comme nous l’avions déjà écrit dans le document Kairos Palestine en 2009. Nous tenons le gouvernement des États-Unis et les lobbies sionistes chrétiens pour responsables, à cause du rôle qu’ils jouent dans le nettoyage ethnique du peuple palestinien et de la communauté chrétienne autochtone. Nous lui demandons, ainsi qu'à son gouvernement et à ses alliés, de respecter les droits inaliénables du peuple palestinien, de défendre son droit à l'autodétermination, et de mettre fin à tous les efforts visant à saper son existence au sein de sa patrie. Toute initiative qui se dit de paix alors qu’elle ne se préoccupe ni de justice ni de dignité humaine n'est rien d'autre qu'une prolongation de l'oppression. Nous souscrivons également à l'appel du Conseil œcuménique des Églises qui invite « tous les gens de foi et de bonne volonté à s'opposer à cette violation flagrante de la dignité humaine et du droit international ».
Dans notre document Kairos Palestine « Un moment de vérité » de 2009, nous avons écrit au paragraphe 4.2.1 : « L’injustice imposée au peuple palestinien, c’est-à-.dire l’occupation israélienne, est un mal auquel il faut résister et qu’il faut écarter. Cette responsabilité incombe tout d’abord aux Palestiniens eux-mêmes qui subissent l’occupation… Elle incombe ensuite à la communauté internationale, car c’est la légitimité internationale qui gouverne aujourd’hui les rapports entre les peuples ».
Il ne faut pas que la communauté internationale reste passive face à ces crimes de guerre et à ces crimes contre l'humanité. Il est impératif que les Églises, les hommes politiques et les dirigeants mondiaux prennent une position définitive. Ils doivent faire pression sur Israël et sur le président Trump pour qu'ils respectent l'accord de cessez-le-feu, mettent fin à l'occupation israélienne de Gaza et de l'ensemble des territoires palestiniens, et s'engagent à reconstruire Gaza sans conditions. En outre, le droit des Palestiniens à l'autodétermination doit être respecté, et les États-Unis doivent adhérer au droit international et arrêter de menacer des institutions comme la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice (CIJ).
Kairos Palestine
Traduit par les Amis de Sabeel France
Le souci de l'unité
Notre quotidien résonne de divisions. Il suffit d’interroger les familles, les communautés villageoises, notre pays, et les réalités internationales. L’Europe est divisée, le monde est divisé.
Les tyrans de la planète ont bien compris que la stratégie consistait à diviser pour mieux régner.
Soyons lucides sur ce qui est à l’œuvre dans les divisions que nous subissons ou cultivons. Tout ne se vaut pas, et nous sommes, par nos appartenances et convictions, tous et toutes fondamentalement différents. Mais la différence n’est pas un mal, bien au contraire, la contradiction oblige à réfléchir, permet de mûrir.
C’est fort de cette conviction au cœur de notre foi au Dieu (Elohim, un mot hébreu au pluriel) que nous cultivons le dialogue, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos Églises. La semaine de prière pour l’unité des chrétiens fut particulière cette année avec les 1700 ans du symbole de Nicée qui réunit les théologiens pour définir ensemble ce que nous croyons, espérons, attendons, ainsi que la venue du patriarche de Constantinople à Strasbourg, le patriarche « vert », précurseur de la militance écologique, qui plaide pour une date commune de Pâques entre Église d’Occident et d’Orient. Orthodoxes, catholiques, anglicans et protestants se sont retrouvés pour parler de ce qui nous unit et prier ensemble à la cathédrale de Strasbourg.
Dans toutes nos communautés, nous avons ouvert les portes pour prier autrement, avec les frères et sœurs qui appartiennent à d’autres traditions ou sensibilités du christianisme. N’acceptons pas d’être tributaires des personnes. L’œcuménisme n’est pas optionnel. C’est aux communautés de réclamer que les portes restent ouvertes de sorte que la foi puisse se dire et se transmettre dans une multiplicité de langages comme ceci nous a été révélé à Pentecôte.
Dans un monde fragmenté, dans un Occident autocentré, ayons la curiosité et le réflexe vital de nous exposer à la différence. Ce faisant nous contribuons modestement au maintien de la démocratie attaquée, fragilisée de toutes parts.
L’évêque épiscopalienne Mariann Budde nous a montré que prôner l’amour des plus vulnérables, de l’étranger (l’extra-nos, celui qui est différent de nous), le simple rappel du cœur de l’Évangile retentit comme un acte de résistance. Là où règne la division, ayons le souci de l’unité. Là où règne la haine et le mépris de l’autre, allumons la lumière de la parole.
Isabelle GERBER
Pasteure, présidente de l'UEPAL, présidente de l'Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine.
Dans cette méditation sur la parabole du fils prodigue, le pasteur Louis Pernot nous invite à une lecture renouvelée de ce texte majeur de l'Évangile de Luc.
À travers sept questions, il explore les dimensions psychologiques, théologiques et symboliques de ce récit familier, tout en nous réservant une énigme finale inattendue sur la signification des caroubes.
Accompagné de June Kim-Legave, il dévoile notamment une fascinante connexion avec Jean-Baptiste, enrichissant notre compréhension de la repentance et de la renaissance spirituelle. De la jalousie du fils aîné à la posture du père, en passant par la symbolique du veau gras, cette analyse minutieuse offre un éclairage contemporain sur les thèmes universels de la liberté, du pardon et de la joie en Dieu.
Voir la vidéo de la prédication ici.
Vivre l’essentiel
Nourrir les membres de nos communautés de l’essentiel, à savoir l’étude de la Bible, la prière, la célébration des cultes et sacrements, l’accompagnement des personnes. Inviter chacune et chacun à approfondir la foi chrétienne pour mieux témoigner dans le monde.
En cohérence avec la résolution de l’Assemblée de l’Union de 2021 sur l’évangélisation, oser proposer l’Évangile à celles et ceux qui ne le connaissent pas. Élaborer une catéchèse d’adultes pour commençants, recommençants, construire un chemin vers le baptême à tout âge.
Une Église engagée pour la préservation de la planète et le vivre ensemble
Face à l’urgence climatique et démocratique, s’unir devant les défis contemporains de survie et de justice fondamentales. L’engagement dans « Église verte » devrait être visible de tous, dans nos bâtiments, fêtes, choix de menus etc. Faire connaître et vivre notre culture du débat, de la controverse, du dialogue comme contribution à la préservation de la démocratie.
Être courageux et communiquer
Être une Église courageuse, profilée, dont le message soit lisible et audible de l’intérieur et de l’extérieur. Investir dans la communication : le numérique, les réseaux, faire connaître qui nous sommes, là où se trouvent les gens. Communiquer, dans un langage simple, audible des jeunes, sur nos spécificités, nos positions éthiques : la place des femmes, l’accompagnement des personnes victimes de violence, la lutte contre les extrémismes, l’accueil inconditionnel, nos placements financiers etc.
Un langage commun
Le sentiment d’appartenance à une même Église s’acquiert et se renforce à travers l’exercice d’un langage commun. De nouvelles liturgies sont expérimentées qui nous donnent un cadre commun. Hymnologie et liturgie font l’objet d’un travail commun avec l’Église Protestante Unie de France.
L’art (musique, théâtre, danse, peinture, valorisation du patrimoine, utiliser nos lieux pour faire connaître le protestantisme)
Notre héritage est considérable. La Réforme a donné au chant et à la musique une place privilégiée. Pratiquer le chant ensemble et redonner voix au peuple. Tradition et création se côtoient pour nourrir la foi. L’animation culturelle est une passerelle à ne pas négliger pour inviter chez nous et nous aider à sortir de l’entre-soi.
Faire place aux jeunes
Aller vers les jeunes, écouter leurs souhaits et suggestions, les aider à trouver leur place et prendre des responsabilités dans notre Église. Intégrer leur revendication d’une horizontalité et d’un mode participatif accrus. Groupes de jeunes, voyages, grands rassemblements, actions solidaires, formation à la prise de parole, prise de décision, les intégrer dans nos réflexions en musique, liturgie, sur la masculinité, les sujets sociétaux etc.
Vivre l’Église universelle
Nous ne sommes qu’un fragment d’Église. Renforcer le sentiment d’appartenir à une même famille au niveau national, international, interconfessionnel. L’œcuménisme et les collaborations multiples ne sont pas optionnelles. S appuyer sur nos partenaires au loin (Action Chrétienne en Orient, CEVAA, DEFAP, Mission 21) et au près (Communion Protestante Luthéro-Réformée, Fédération Protestante de France, Communion des Églises Protestantes en Europe - Concorde de Leuenberg, Communion Mondiale des Églises Réformées, Fédération Luthérienne Mondiale) pour élargir notre horizon, travailler la théologie et être solidaires.
Prendre soin des petits
La diaconie c’est l’espérance en action. Elle draine bien au-delà de nos cercles habituels. Être là pour d’autres est le cœur de la mission de l’Église. Le témoignage est perçu. Œuvres sociales, mouvements et aumôneries sont au travail. Vestiaire solidaire, soutien alimentaire et financier, formation pour résorber la fracture numérique, accueil des migrants, accompagnement des malades et de leurs proches. Ces réalités devraient s’incarner dans chaque consistoire. Il apparaît pertinent que chaque communauté ou secteur porte et soutienne un projet particulier dans le souci de ne pas déconnecter le terrain des missions fondamentales extra-paroissiales.
Accompagner le changement – Formation continue
Dans dix ans, notre Église sera plus petite et comptera beaucoup moins de pasteurs, elle prendra un nouveau visage. Ensemble, il nous faut redessiner la carte de notre présence d’Église. Milieu rural et villes n’opteront pas forcément pour les mêmes priorités. Où mettre nos forces, comment les équipes pastorales et les différents ministères se répartiront-ils les tâches ? Faut-il imaginer des paroisses profilées, des pôles thématiques ? Tout peut être imaginé. Le principal enjeu est d’offrir accompagnement et sens. Pour réussir cette mutation, il nous faut construire l’adhésion.
A côté des ministres reconnus (pasteur·e·s, diacres, animatrices et animateurs communautaires, aumôniers, évangélistes), les laïques auront de plus en plus de responsabilités. Une formation continue pour les outiller apparaît indispensable.
Mutualisation et soutien
Une Assemblée Générale Extraordinaire de l’ESP (Entraide et Solidarité Protestantes) sera convoquée en 2025 pour explorer trois nouvelles pistes de mutualisation et soutien pour la gestion de l’immobilier, la gestion des terres d’Église, l’animation et gestion financière des paroisses et CIOM (Communauté, Institution, Œuvre, Mouvement). Ce virage, pris par les paroisses ou CIOM qui le souhaitent, permettra de répondre à la demande d’être déchargé des questions matérielles, à optimiser le patrimoine, le préserver dans un souci économique et écologique et en confier la gestion à des professionnels face aux normes qui se complexifient.
Dégagez, parmi tous ces chantiers, ceux qui vous semblent prioritaires. Merci de nous faire parvenir vos remarques, priorités, interpellations ou questions en prenant contact avec un·e Conseiller·ère presbytéral.
Une femme d’Eglise interpelle publiquement en chair Donald Trump sur les migrants et les homosexuels. Cette femme s’appelle Marianne Edgar Budde. Elle est de confession épiscopalienne. Et elle est évêque de Washington.
Mardi 21 janvier, pendant le service religieux célébré dans la cathédrale, pour l’entrée en fonction du nouveau président des Etats-Unis, elle a prononcé un sermon qui fera date.
En effet, devant Donald Trump et sa famille, et les représentants de la nouvelle administration américaine, elle a interpellé directement le nouveau chef de la Maison blanche sur le respect dû aux migrants et aux personnes homosexuelles et transgenres.
D’une voix ferme et non dénuée d’émotion, mais aussi de courage, elle a déclaré :
« Permettez-moi une dernière prière, Monsieur le président.
Des millions de personnes ont placé leur confiance en vous et, comme vous l'avez dit hier à la nation, vous avez senti sur vous la main providentielle d'un Dieu aimant.
Au nom de notre Dieu, je vous demande d’avoir de la miséricorde pour les habitants de notre pays qui sont à présent terrifiés.
Il y a des enfants et des jeunes gays, lesbiennes et transgenres dans des familles démocrates, républicaines et indépendantes. Et certains parmi eux craignent désormais pour leur vie.
Et puis il y a des personnes... ces personnes qui cueillent nos récoltes, qui nettoient nos immeubles de bureaux, qui travaillent dans les élevages de volaille et les usines de conditionnement de la viande, qui lavent la vaisselle après nos repas dans les restaurants et qui travaillent de nuit dans les hôpitaux... Peut-être ne sont-ils pas des citoyens en règle, avec les papiers adéquats. Mais la grande majorité des immigrants ne sont pas des criminels. Ils paient des impôts et sont de bons voisins. Ils sont des membres fidèles de nos églises, mosquées, synagogues, gurdwaras (lieux de culte des Sikhs) et temples.
Je vous demande d’avoir de la miséricorde, Monsieur le Président, pour les membres de nos communautés dont les enfants craignent que leurs parents leur soient enlevés, et d’aider ceux qui fuient les zones de guerre et les persécutions dans leur propre pays à trouver ici, en Amérique, compassion et accueil.
Notre Dieu nous enseigne que nous devons être miséricordieux pour l’étranger, car nous avons tous été un jour des étrangers dans ce pays.
Que Dieu nous donne la force et le courage d’honorer la dignité de chaque être humain, de nous parler les uns aux autres en vérité dans l’amour et de marcher humblement les uns avec les autres et avec notre Dieu, pour le bien de tout notre peuple, pour notre bien à tous, peuples de cette nation et du monde. Amen. »
Donald Trump a qualifié l’évêque de « radicale de gauche » et a estimé que ses propos étaient non seulement malvenus, mais aussi manquaient de pertinence. Selon lui, elle avait « ramené son église dans le monde politique » d’une manière qui était « désagréable et peu inspirante ». En outre, il a déploré que l’évêque n’ait pas évoqué les questions graves liées à l’immigration illégale, telles que la criminalité, et a estimé qu’elle devait des excuses publiques à la communauté.
Commentaire de Tribune Chrétienne :
« Dès lors, la question demeure : l’évêque Marianne Edgar Budde doit-elle s’excuser auprès de Donald Trump pour avoir politisé un moment de prière et pour avoir fait abstraction des préoccupations sécuritaires et des tensions sociales que soulève la question de l’immigration illégale, des droits des gays et des transgenres ?
Ou, au contraire, ses propos reflètent-ils une position morale légitime dans le cadre de son engagement en faveur des plus vulnérables ? Ce débat soulève des interrogations importantes sur le rôle des figures religieuses dans les discussions politiques et sociales actuelles. »
Commentaire de Michel Cool-Tadel :
« Puisse le courage de cette femme, de cette évêque, de cette chrétienne nous rappeler que la vocation chrétienne dans une société, n’est pas de s’écraser devant les puissants, politiques ou commentateurs en vogue, ou les majorités circonstancielles de l’opinion. Elle n'est pas non plus de prendre pour argent comptant la récupération idéologique qui peut être faite de la religion, de la foi même. Au contraire, à l'exemple de Marianne Edgar Budde on peut respectueusement, mais sans tergiverser, contredire et remettre à sa place un pouvoir, une politique, une idéologie même et surtout quand ceux-ci sont au zénith, jouissent de la gloire et de la popularité.
C'est l'honneur chrétien de faire entendre la liberté chrétienne quand la dignité humaine est menacée ou bafouée.
Les réalités de notre temps dur, dangereux et difficile ne souffrent plus la naïveté, ni l’indifférence ou l’"aquoibonisme » (« à quoi bon ? ») fustigé naguère par Bernanos. L’heure est à la clairvoyance et au courage.
Pour reprendre la judicieuse métaphore de la truite, qu’employait souvent feu le cardinal Godfried Danneels (ancien archevêque de Malines-Bruxelles), le chrétien est appelé à nager souvent à contre-courant. Et que pour ce faire, il lui faut puiser de l'audace, de la liberté et de l'intelligence dans le seul trésor qu’il possède : l’Evangile, rien que l’Evangile, ni plus, ni moins. »
A l’occasion de la fête de Yom Kippour, le 12 octobre cette année, le rabbin Olivier Kaufmann et le théologien Antoine Nouis confrontent leurs traditions et échangent sur cette fête, considérée comme une des plus saintes dans le judaïsme. Yom Kippour cristallise beaucoup de malentendus et de divergences entre juifs et chrétiens, autour de la culpabilité, de l’expiation et du pardon. Nous reprenons ci-après les principaux éléments de ce dialogue.
De nombreuses personnes pensent que célébrer Yom Kippour efface les fautes d’un coup de baguette magique, mais c’est très réducteur. Cette fête est précédée d’un temps d’expiation, 40 jours de préparation au cours desquels les offices adoptent un rituel particulier.
Le rabbin Olivier Kaufmann souligne que Yom Kippour s’inscrit dans notre relation à Dieu. Cette fête s’enracine dans le moment historique où Moïse redescend de la montagne avec des nouvelles tables de la loi et annonce - et c’est une révolution au sein du peuple d’Israël - que l’annulation des fautes, l’expiation, le pardon, sont possibles. Mais il est important de faire une distinction entre les fautes commises envers son prochain et les fautes commises envers Dieu. A Yom Kippour on ne parle que des fautes commises envers Dieu. Les fautes commises à l’égard des humains doivent se réparer entre humains, Dieu n’y peut rien.
Il n’en va pas de même dans le christianisme. Antoine Nouis rappelle que, si les deux commandements « tu aimeras ton prochain comme toi-même » et « tu aimeras Dieu », sont énoncés de manière dissociée, ils sont articulés entre eux, reliés, parce que pécher contre son prochain c’est pécher contre Dieu.
Un point particulier de la tradition chrétienne demeure étrange et peut être mal compris pour les juifs : Jésus rachète toutes les fautes, y compris celles commises entre humains, elles sont donc effacées sans actions humaines.
Antoine Nouis répond qu’on est là au cœur de la foi chrétienne. Le pardon a été donné, ce qui change notre conception de la justice. Luther disait « je ne suis pas juste parce que j’accomplis des actes de justice mais c’est parce que je suis juste en Jésus-Christ que je peux accomplir des actes de justice. » Donc les actes de réconciliation ne sont pas la cause du pardon mais la conséquence du pardon qui a été donné.
Mais on peut alors objecter : si le pardon a été donné par Jésus Christ, pourquoi agir ?
Antoine Nouis dénonce cette dérive du christianisme, et rappelle que le théologien D. Bonhoeffer l’appelait « la grâce à bon marché ». Si je suis pardonné, je peux vivre comme je l’entends ! Le pardon est une brûlure et si on entend le prix, le coût, la réalité de ce pardon, cela doit changer quelque chose en nous et dans notre rapport au prochain.
Le rabbin Olivier Kaufman identifie là quelque chose qui sépare juifs et chrétiens. Pour les juifs, il y a une responsabilisation de chacun et c’est pourquoi on a cette période avant Yom Kippour, où chacun est appelé à aller à la recherche de l’autre. Il va lui demander pardon une fois, deux fois, et si la troisième fois le pardon n‘est pas donné, la faute aura changé de camp. Certes on dit que Dieu est en bas dans les champs et qu’il attend notre retour, mais comment prétendre parler à Dieu si auparavant on n’a pas fait ce travail ? Dans ce travail actif, qui est une démarche de séduction, de reconquête du cœur, Dieu n’intervient pas.
Pour les chrétiens, l’approche diffère subtilement. En particulier, pour les protestants, rappelons que selon la première des 95 thèses de Luther, il nous faut tous les jours faire repentance, retourner vers Dieu pour entendre que nous sommes pardonnés. Cet exercice quotidien travaille notre rapport au prochain.
Dans la tradition juive, ce travail de repentance est mis en gestes et en verbe autour d’une notion centrale, celle de vidouï, confession ou plutôt formulation des fautes, comme dans une psychanalyse. Le croyant est invité à énoncer clairement « j’ai fait telle faute ».
Antoine Nouis remarque un parallèle dans le fait que dans les cultes dominicaux protestants, il y a un moment qui se nomme confession des péchés où l’on nomme la faute.
Dans la liturgie juive on va formuler les fautes en se frappant la poitrine, en se plaçant devant Dieu, même pour les fautes interpersonnelles. Il y a un travail d’introspection, de formulation mais toujours devant Dieu. Même dans la faute chacun reste relié à Dieu. Il est vrai que selon certains rabbins, la faute nous éloigne de Dieu, mais elle n’a pas le dernier mot. Cette fête est pleine de paradoxes. Elle comprend un temps de mortification, notamment un jeûne. Mais c’est aussi un jour de joie. Dans certaines liturgies, même la formulation de fautes est chantée dans un rythme joyeux.
Lors d’une récente veillée de Carême, l’une des célébrantes a évoqué le « Carême du monde » : le chemin vers Vendredi saint et Pâques est certes une démarche spirituelle et intérieure, mais nous ne saurions nous recueillir en fermant les yeux sur le monde. Un monde dans lequel la Passion du Christ est partagée par les millions de personnes qui souffrent des passions mortifères qui conduisent à la violence et à la guerre. Parmi les situations qui interpellent notre conscience, celle d’Israël-Gaza, sur la terre-même où Jésus a vécu, a souffert et a été crucifié, nous bouleverse tout particulièrement.
Les massacres d’octobre perpétrés par le Hamas nous ont toutes et tous horrifiés par leur sauvagerie. Et la terrible répression israélienne que le pasteur Sani Ibrahim Azar, évêque luthérien palestinien, craignait dès les premiers jours, n’a pas manqué de se produire. Dans cet engrenage et cette situation terriblement complexe, il faut distinguer entre la dimension politique et les aspects religieux. Disant cela, je reste persuadé que nos convictions religieuses peuvent et doivent interpeller de manière critique les décisions politiques, mais qu’il faut se garder de toute confusion entre les deux sphères. Une de ces confusions vient précisément de la notion de Terre Sainte. Dès lors qu’un peuple revendique un droit sur une terre ou un lieu parce que Dieu l’habiterait ou le lui aurait donné, le conflit est en germe. Pour les protestants, il n’y pas de terre sainte ou de lieu saint : Dieu seul est saint, et la terre appartient à tous les vivants, qui ont une égale dignité. « Il n’y a pas d’étrangers sur cette terre » nous rappelle La Cimade dans l’une de ses devises.
Il n’en reste pas moins que tous les humains ont le droit d’avoir un lieu où résider en sécurité. C’est le prophète Michée (4,4) qui en exprime la conviction : « Chacun cultivera en paix sa vigne et ses figuiers sans que personne l’inquiète. C’est le Seigneur de l’univers lui-même qui parle ». Mais cette espérance n’est pas un droit des uns au détriment des autres, elle ne peut se concrétiser que dans le respect d’autrui et de la loi commune. Et en termes politiques modernes, dans le respect du droit international. Il est évident que la barbarie dont a fait preuve le Hamas, qui se réclame de l’islam, est un blasphème du nom de Dieu qu’il pense honorer. Mais la violence inouïe exercé par l’État d’Israël, qui se réclame de la foi juive (En 2018, le parlement a défini Israël comme « État-nation du peuple juif »), en répression de ces actes barbares, est-elle pour autant justifiée ?
Les arguments souvent entendus à ce sujet estiment qu’Israël est un pays démocratique dont l’armée régulière se défend contre des terroristes qui en veulent à son existence-même. Qu’un pays attaqué puisse légitimement se défendre est incontestable (qui contesterait aux Ukrainiens de se défendre contre la folle agression russe ?), mais le caractère démocratique d’un État ne justifie pas qu’il puisse délibérément violer le droit international (comme c’est le cas des colonies juives en Cisjordanie) et encore moins qu’il utilise des moyens disproportionnés pour se défendre : la France démocratique a fait un usage injustifié de la torture en Algérie et les États-Unis démocratiques ont largué des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. La mort atroce et la prise en otage de centaines de civils justifie-t-elle des dizaines de milliers de morts palestiniens dans des conditions non moins terribles ? Autant d’enfants tués en 5 mois que durant 4 ans dans le monde entier ? Quand le président Macron affirme qu’« une vie palestinienne vaut une vie française, qui vaut une vie israélienne », il énonce une vérité profonde, expression de l’héritage judéo-chrétien dans lequel l’islam se reconnaît également (« Qui tue un être humain tue toute l’humanité » Le Coran). Mais elle se heurte à la macabre arithmétique de ce conflit, qui est qu’une vie israélienne vaut 30 vies palestiniennes. On rappelle aussi dans maints débats que le terrorisme islamiste est une hydre sans cesse renaissante qui a frappé de nombreux pays, jusqu’au marché de Noël de Strasbourg. S’il appartient de combattre sans faiblesse cette monstrueuse volonté d’imposer par la violence une vision du monde rétrograde, on ne saurait oublier que la rhétorique mortifère du terrorisme islamique s’alimente, entre autres, du conflit israélo-palestinien non résolu depuis des décennies.
Avant tout, comme le répète Élie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, la guerre ne peut se justifier (si guerre juste il y a !) que par un projet politique de paix, qui manque à chacun des deux protagonistes : la seule solution est donc la guerre pour la guerre, la guerre à outrance. Que celle-ci soit l’option suicidaire du Hamas, qui ne représente que lui-même, est vraisemblable, avec sa conception morbide du martyre propre à l’islamisme radical. Que cette absence de vision d’avenir et de paix soit partagée par un gouvernement israélien se réclamant du judaïsme est profondément choquant « Moi, je parle de paix, eux, ils choisissent la guerre » Psaume 120,7. Malheureusement, seule une solution imposée par les États-Unis, estime Élie Barnavi, permettra de mettre fin à la guerre.
Dans le domaine religieux, nous constatons une dégradation sans précédent du dialogue inter religieux dans notre pays. En fait, ce constat est fait partout en Europe, comme cela a été confirmé lors d’une récente rencontre de la Communion d’Églises Protestantes en Europe (CEPE). Ce blocage se traduit notamment par l’impossibilité de déclarations communes appelant à la modération et au dialogue, comme nous en avons fait la triste expérience au Comité Inter religieux de la Région, mais aussi au conseil de la CEPE qui n’a pas osé risquer une parole sur le conflit. Dès que l’on s’exprime, on est en effet sommé de prendre parti. Combien de fois n’avons-nous pas entendu l’interdiction du « oui, mais », qui est pourtant le fondement de toute pensée critique dialogique ? Comme le disait un membre du conseil de la CEPE, on ne peut que constater que deux vérités irréconciliables s’affrontent.
En ce temps où nous nous remémorons la passion du Christ, je ne peux m’empêcher de penser à la célèbre question de Ponce Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? » Pilate s’est retranché derrière sa question pour n’avoir pas à se mêler de cette histoire intra juive, mais celle-ci peut être comprise dans une perspective positive : personne ne peut dire qu’il détient seul la vérité, et ce simple constat devrait permettre de renouer le dialogue. Les juifs de France se sont sentis incompris et abandonnés, et subissent de surcroît une recrudescence d’actes antisémites. Mais les musulmans se sentent tout autant méprisés et suspectés. Pour les chrétiens, qui n’ont pas non plus brillé dans leur histoire par leur tolérance et leur souci de paix, la vérité n’est pas un concept, une idéologie, ni même une conviction religieuse, mais une personne, le Christ : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Reconnaître la vérité dans Jésus le Christ mort et ressuscité, ce n’est pas adhérer à une doctrine ou une morale qui serait supérieure aux autres, c’est affirmer que Dieu lui-même n’est pas monologue, mais dialogue, qu’il n’advient que dans sa rencontre avec les humains ou dans la rencontre des humains entre eux, non dans des doctrines religieuses ou politiques, qui ne sont que les faux nez des intérêts de ceux qui les défendent.
Prions donc pour que l’esprit de rencontre et de dialogue du Christ inspire et libère tous les prisonniers de la violence. Alors la vie sera plus forte que la mort, comme au matin de Pâques !
Christian Albecker
Président de l'UEPAL, président de l'Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine, président de la Conférence des Églises riveraines du Rhin.
Voici une prière de la professeure Rula Khoury Mansour, avocate et théologienne protestante palestinienne, citoyenne israélienne, habitant à Nazareth.
Prière pour la paix en Israël et Palestine
Seigneur Dieu, au cœur de la tragédie en Israël et Palestine, nous voulons faire confiance à ta souveraineté, à ta bonté, à ta présence au cœur même des souffrances que nous traversons. Tu es un Dieu de justice et tu nous invites à être acteurs de justice et de paix même dans les pires moments.
Nous prions pour l’arrêt total de cette guerre et pour que les vies innocentes des citoyens soient protégées à Gaza, en Israël et dans l’ensemble des territoires palestiniens.
Nous pleurons et prions pour tous ceux qui pleurent et souffrent de ce conflit permanent, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens. Que nos cœurs s’ouvrent pour comprendre que notre humanité commune diminue lorsque d’autres sont humiliés et maltraités.
Nous prions pour tous ceux qui sont directement affectés par ce conflit et qui cherchent la guérison, le réconfort et la liberté. Qu’ils trouvent consolation et paix dans leur détresse ; que ta présence aimante leur donne la force et la résistance nécessaires pour surmonter les traumatismes. Accorde-leur conseils, soutien et l’assistance nécessaires pour leur rétablissement.
Seigneur, accorde à ton Eglise en Israël et Palestine, la persévérance indispensable pour suivre le chemin de la grâce, même lorsque cela semble difficile et que la colère et la peur menacent de s’emparer d’elle. Enseigne-nous l’art de l’amour qui peut vaincre la haine et promouvoir la justice. Rappelle-nous que notre mission, comme celle de Jésus, consiste à être envoyés dans le monde pour aimer, servir, guérir, sauver et libérer, en présentant une contre-culture qui nous permette de combattre la vengeance par la miséricorde et le pardon, de résister au mal par le bien et de rechercher la justice sur la voie de la réconciliation.
Enfin, Seigneur, guide les dirigeants et les décideurs, en leur accordant la sagesse et le courage de rechercher des solutions pacifiques durables. Qu’ils donnent la priorité à l’unité, à la compréhension et au dialogue pour mettre fin aux châtiments collectifs et qu’ils se concentrent sur le besoin profond des deux parties de vivre en paix et en sécurité.
Amen.