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Veillées mensuelles de 30 minutes environ qui ont lieu les 1e mercredis du mois à 19h30 et à tour de rôle dans les consistoires de l’inspection de Bouxwiller.
Et si, une fois par mois, nous faisions une halte pour prier ensemble pour la paix ?
À partir de la rentrée de septembre 2025, l'inspection de Bouxwiller propose une série de veillées de prière pour la paix, préparées à tour de rôle par les consistoires du territoire.
Un projet d’Eglise porté collectivement, pour faire grandir l’espérance dans un monde secoué par tant de conflits, d'injustices, et de peurs.
Chaque premier mercredi du mois à 19h30, pendant environ 30 minutes, une communauté locale accueillera celles et ceux qui souhaitent se rassembler dans la prière, le silence, la musique et la méditation. Ces veillées seront simples, profondes, accessibles à toutes et tous, croyants engagés ou curieux en recherche, habitués des bancs d'église ou passants de passage.
L'enjeu ? Créer un fil rouge spirituel tout au long de l'année, tissé de prières, de paroles bibliques, de gestes de fraternité et d'hospitalité.
Le programme des veillées 2025-2026 :
Mercredi 3 décembre - Eglise d'Issenhausen
Mercredi 7 janvier - Eglise de Dossenheim
Mercredi 4 février - Eglise de Mulhausen
Mercredi 4 mars - Eglise d'Alteckendorf (église d'Ettendorf)
Mercredi 1er avril - Pas de veillée (Semaine Sainte)
Mercredi 6 mai - Eglise de Sindelsberg
Mercredi 3 juin - Eglise de Geiswiller
Chacune de ces veillées est une porte ouverte à la paix, une pause précieuse dans le tumulte des jours, un espace de communion simple et vrai. Que vous puissiez venir une fois, plusieurs fois, ou chaque mois, vous êtes les bienvenus.
Venez comme vous êtes. Venez avec vos questions, vos colères, vos espérances.
Venez prier pour la paix.
Ce projet favorise l'envoi d'« accompagnateurs/trices œcuméniques » bénévoles en vue d'exprimer la solidarité avec les victimes des violations des droits de la personne et du droit humanitaire, de les protéger, de divulguer ces violations et d'intervenir pour qu'elles cessent.
Le Programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et en Israël (EAPPI) a été lancé par le Conseil œcuménique des Églises (COE) en 2002 en réponse à une lettre de responsables d’Églises locales appelant à créer une présence internationale dans ce pays.
Le programme assure la présence continue de 25 à 30 accompagnateurs et accompagnatrices œcuméniques (AO) qui œuvrent sur place pendant trois mois, accompagnant les populations et les communautés locales, assurant une présence protectrice et témoignant de leurs luttes et espérances quotidiennes. L’EAPPI est guidé par une « impartialité de principe » : il ne prend pas parti dans le conflit et ne fait aucune discrimination envers qui que ce soit, mais il n’est pas neutre quant aux droits de la personne et au respect du droit international humanitaire.
Originaires de 21 pays du monde entier, les AO sont soutenus par une équipe située à Jérusalem. Un Groupe de référence local représentant les communautés et Églises qui ont demandé à bénéficier du programme contribue à l’orientation de ce dernier, avec l’équipe du COE à Genève et les coordinatrices et coordinateurs nationaux dans les pays d’envoi.
Plus que 2000 AO ont participé au programme, et beaucoup continuent de s’impliquer et de s’intéresser aux actions pour une paix juste en Palestine et en Israël.
www.eappi.org
Jean-Paul Sorg, traducteur et spécialiste de l’œuvre d'Albert Schweitzer est mort le 10 octobre 2025 à l'âge de 83 ans. Le pasteur Roland Kauffmann lui rend hommage.
Tout lecteur d’Albert Schweitzer a rencontré un jour l’œuvre de Jean-Paul Sorg. Que ce soit par ses propres traductions, commentaires ou préfaces ou encore par l’édition de parties essentielles de la bibliographie schweitzerienne. C’est par la publication d’Humanisme et mystique (Albin Michel, 1995), un choix de textes commentés d’Albert Schweitzer, que Jean-Paul Sorg a donné accès à un large public francophone à la pensée du Prix Nobel de la paix 1952. Entre 2005 et 2011, l’édition de la correspondance entre Albert Schweitzer et sa future épouse Hélène Bresslau (trois tomes parus aux éditions Do Bentzinger, Colmar) a ouvert de toutes nouvelles perspectives sur les motivations théologiques et humanitaires du départ à Lambaréné en 1913 puis à la conception d’une véritable philosophie de la civilisation au courant des années 1920.
Troisième contribution essentielle de Jean-Paul Sorg à la connaissance de l’œuvre schweitzerienne : la traduction et l’édition d’un grand nombre de sermons. Mais c’est aussi en tant que rédacteur des Cahiers Albert Schweitzer et initiateur des Études schweitzeriennes que Jean-Paul Sorg a montré l’étendue et la richesse de la notion de Respect de la vie comme transposition philosophique et universelle du commandement d’amour de Dieu et du prochain qui caractérise la pensée du théologien alsacien.
Premières découvertes d’Albert Schweitzer
Jean-Paul Gross est né à Mulhouse en 1941 et rencontre Albert Schweitzer en 1951 lors d’un culte-conférence en plein air où il l’entend « parler sous la pluie de la dignité de l’homme des colonies. » Une préoccupation de la dignité qui marquera l’enfant de 10 ans qu’il était alors et le conduira à creuser inlassablement ces questions sous un angle à la fois politique et philosophique. Lauréat du concours général de philosophie, il sera fortement influencé par Fernand Turlot et surtout Georges Gusdorf et Henri Lefebvre ou encore André Canivez qui lui a fait découvrir l’originalité philosophique de la pensée de Schweitzer.
Jean-Paul Gross a choisi de faire son service militaire dans la coopération comme enseignant et c’est à Saint-Louis du Sénégal qu’il prend le nom de plume de « Jean-Paul Sorg » afin de pouvoir écrire des chroniques sur le cinéma à l’insu de ses élèves. Un nom d’usage qu’il conservera à son retour en France où c’est sous le patronyme de « Sorg » que les lycéens de Guebwiller (68), Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), élèves de l’École normale de Guebwiller et étudiants de l’Université de Haute-Alsace à Mulhouse (68) connaîtront leur professeur. Mais aussi les nombreux lecteurs de ses ouvrages consacrés soit à l’œuvre et la pensée de Albert Schweitzer soit aux poètes et essayistes alsaciens, Nathan Katz, Émile Storck ou encore Jean-Paul de Dadelsen.
Fondateur, rédacteur en chef et président
Jean-Paul Sorg a fondé la revue Études schweitzeriennes en 1990 et sous sa direction, la revue publie 12 numéros, qui contiennent des traductions d’inédits, les actes des colloques et des recensions. Rédacteur en chef des Cahiers Albert Schweitzer de 2003 à 2016, il assure également, de 2008 à 2011, la présidence de l’Association française des Amis d’Albert Schweitzer (AFAAS). En 2015, à l’occasion du 50e anniversaire de la mort de Schweitzer et du centenaire de l’énoncé du principe du respect de la vie, il assure le commissariat et la codirection du catalogue de l’importante exposition consacrée à Schweitzer, Entre les lignes, à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages dont le plus récent, la traduction nouvelle de Propos sur le Nouveau testament paru en 2025 à l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de Schweitzer, Jean-Paul Sorg a également consacré de nombreux articles au « citoyen du monde et homme de Gunsbach » comme aimait à se qualifier Albert Schweitzer.
Son territoire de prédilection
Une double culture, à la fois ouverte à l’universel et enracinée, au sens de la philosophe Simone Weil, dans un territoire fait à la fois d’une histoire particulière et d’une géographie culturelle qu’administrative. En effet, c’est à la mesure de l’espace du Rhin supérieur, dans cette région entre Vosges françaises et Forêt-Noire allemande, de Karlsruhe à Bâle voire Berne, qu’était le territoire de prédilection de Jean-Paul Sorg. Un « pays » qui ne se limite pas à son sol et déborde des frontières parce qu’il se trouve avant tout dans un franchissement des cultures et des langues. C’est en effet dans le langage que se situait la patrie de Jean-Paul Sorg, entre l’allemand et le français, entre l’alsacien et l’alémanique, entre la poésie et la philosophie.
Homme de mots, de lettres et de langues, Jean-Paul Sorg était aussi engagé dans ses convictions. Passé d’une philosophie marxiste à l’origine à une philosophie de l’écologie politique, c’est dans le combat contre la centrale nucléaire de Fessenheim et plus largement pour la sauvegarde de la plaine du Rhin qu’il s’engage. Il était ainsi passé « d’une eschatologie marxiste-communiste à une eschatologie de l’écologie [avant de rencontrer] l’eschatologie conséquente d’Albert Schweitzer ». C’est dans cet esprit qu’il publie un montage de textes poétiques et polémiques, Le Rhin est mort, avec Jean-Paul Klée (éditions bf, Strasbourg, 1976) et en 1984, chez le même éditeur, un essai, Jardingue ou Le droit au jardin, en réponse au Droit à la ville, d’Henri Lefebvre, 1967.
Lauréat de plusieurs prix
Jean-Paul Sorg a été lauréat en 2000 du Prix « Ville de Schongau » attribué par l’Académie d’Alsace pour ses travaux sur Goethe et Schweitzer. C’est aussi en 2000 qu’il a fondé le Cercle Émile Storck, un des grands poètes et dramaturges alsaciens dialectaux. Honoré du Prix Nathan Katz en 2014 pour son anthologie de poèmes d’Émile Storck, Par les fossés et les haies, il avait également reçu en 2022 le prix Charles Goldstein décerné par l’association Heimetsproch un Tràdition. Une défense de la culture et de la langue alsaciennes qui aura mobilisé toute son énergie jusqu’à son dernier souffle.
À l’adage de la philosophie grecque « deviens ce que tu es », Jean-Paul Sorg répondait « Le christianisme (…) a ajouté l’idée que ce n’est pas dans le souci de soi que l’homme s’accomplit mais dans le souci ou le soin de l’âme, dans le service, le dévouement et la grâce. Deviens toi-même dans un mouvement de vie pour autrui et pour le monde. »
Roland Kauffmann, pasteur
PS L’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine rend hommage à l’un de ses plus célèbres pasteurs à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance, le 14 janvier 1875, en proposant en 2025, une série de manifestations labellisées « Année Schweitzer ».
Mardi 28 octobre, Rencontres amicales a accueilli avec joie Christian Albecker, ancien président de l’UEPAL, qui a rendu compte de sa visite en Israël-Palestine en juillet 2024 à l’occasion d’une réunion organisée par la CIMADE et les Amis de Sabeel France. Voir les photos ICI
Pour rappel, notre Paroisse soutient un projet de solidarité entre chrétiens dans le cadre du Service Mission de l’UEPAL pour l'année 2025 :
Palestine : Accueillir les élèves malgré tout !
Depuis le 7 octobre 2023, la guerre à Gaza a également des répercussions dramatiques en Cisjordanie où se déroulent de nombreuses exactions armées.
La limitation de la liberté de déplacement, la confiscation de terres, la destruction d’infrastructures et la chute du tourisme ont engendré une grave crise économique. Par la force des choses, de nombreuses familles palestiniennes ont perdu la possibilité de travailler et connaissent des difficultés sociales importantes.
Église évangélique luthérienne de Jordanie et de Terre sainte (ELCJHL – dont le site internet est ICI) accueille en Cisjordanie 1.250 élèves dans ses 3 écoles principales, qui sont à la fois des lieux d’enseignement et de promotion de la paix.
De nombreuses familles n’ont plus les moyens d’assumer les frais de scolarité.
L’Église luthérienne continue d’accueillir leurs enfants, comptant sur notre soutien pour être en capacité de poursuivre sa mission éducative.
Projet en partenariat avec l' Action chrétienne en Orient (ACO – dont le site internet est ICI).
Certains États tendent à reconnaître une religion "officielle". Confondre État et religion cause pourtant de nombreux problèmes.
Un État peut-il incarner une religion ? Aujourd’hui Israël se présente comme l’« État juif », l’Inde comme celui de l’hindouisme, l’Afghanistan ou l’Iran se veulent des États islamistes, Trump ne cesse de se référer à la religion chrétienne et son mouvement MAGA est soutenu par la plupart des Églises évangéliques. En France, nous défendons une autre conception : le respect de toutes les religions, se traduisant par un État responsable de la liberté des cultes, appliquant le principe de laïcité.
Un État lié à une religion est nécessairement autocratique puisqu’il considère ses concitoyens ne pratiquant pas la religion officielle comme des hérétiques. Par conséquent, ces derniers ne sont pas de véritables citoyens et subissent au mieux des restrictions de liberté, au pire des persécutions. Les protestants savent par leur histoire ce que cela signifie.
Un État religieux rend la critique difficile. On est tout de suite qualifié d’antisémite si on s’attaque à Israël, d’islamophobe si on condamne un État prônant un islam rigoriste… En fait, c’est en s’assimilant à une religion que ces États placent celle-ci dans une situation particulière. Condamner les horribles et inacceptables attentats du 7 octobre 2023 ou l’attitude des talibans, ce n’est pas assimiler l’islam à ces actes barbares. De même, il est inacceptable d’être considéré comme antisémite quand on condamne la guerre menée par Israël à Gaza et qu’on la considère excessive. Vouloir anéantir le Hamas est sain ; mener une guerre aussi meurtrière pour la population civile pose pour le moins question.
Croire est un droit absolu, mais pourquoi l’État dont je suis le citoyen prétendrait-il m’imposer une religion ? Pourquoi critiquer un État serait-il une atteinte à une religion ?
Christian Philip, recteur et professeur des Universités, ancien député. Pour www.reforme.net
Dire que la laïcité est une religion, c’est confondre la neutralité avec une croyance.
La laïcité, c’est un cadre juridique et politique, pas une foi.
Elle garantit la liberté de conscience, pas son absence. La laïcité protège la liberté de croire et de ne pas croire, elle s’adresse à l’État et à ses représentants, pas aux citoyens dans leur vie privée.
Pasteur Élisabeth Muths
À Gaza, Dieu est sous les décombres.
Sermon donné le 22 octobre 2023 à l’église de Noël à Bethléem par le pasteur Munther Isaac. Ce sermon de lamentation et de colère, cri contre la guerre qui se poursuit à Gaza, a été prêché en Palestine le 22 octobre 2023, à l'église évangélique luthérienne de Beit-Sahour et à l'église évangélique luthérienne de Noël de Bethléem. Trois jours plus tôt, le 19 octobre 2023, les forces de défense israéliennes avaient attaqué l'église orthodoxe grecque Saint-Porphyre, la plus ancienne église en activité de Gaza, construite en 1150. L’église a été endommagée par ce bombardement et 18 personnes ont été tuées, d'autres ont été blessées, et environ 400 civils qui s'étaient réfugiés dans le complexe de l'église ont dû être déplacés. Les Amis de Sabeel France ont traduit cette prédication à partir de sa version anglaise.
Ils ont assiégé notre famille palestinienne à Gaza, ils ont traité ses membres de monstres, et les ont blâmés, accusés. Leurs maisons ont été bombardées, leurs quartiers d’habitation rasés, les habitants ont tous dû partir, et ce sont eux qui ont été accusés. Nos familles, nos frères et nos sœurs, nos tantes et nos oncles, nos neveux et nos nièces avaient cherché refuge dans des écoles et ils y ont été bombardés, dans des hôpitaux et ils y ont été bombardés, dans des lieux de culte et ils y ont été bombardés, et ce sont eux qui ont été accusés.
Nous sommes tous brisés. Les habitants de Gaza souffrent. Ils ont tout perdu, tout, sauf leur dignité. Beaucoup d’entre eux sont entrés dans la gloire : la gloire du martyre, mais sans l’avoir cherché. Et aujourd'hui, une fois de plus dans notre histoire, ils se retrouvent devant le même choix : la mort ou partir. Notre Nakba continue ! (le terme arabe « Nakba » signifie « catastrophe » ou « désastre »)
Où voulez-vous qu’ils aillent ? Il n'y a pas de place pour eux dans ce monde !
Les grandes nations de ce monde sont contre eux. Elles ont recours aux finances, aux armes, à la diplomatie et à la théologie contre le peuple de Palestine, contre le peuple de Gaza. Ils discutent entre eux de l'endroit où nous finirons après le nettoyage ethnique qu’ils nous imposent, comme si nous étions des boîtes en trop pour lesquelles il n’y a pas de place dans la maison !
Il n'y a plus aucune pitié. Plus aucune humanité. Plus personne pour pleurer notre mort. Personne n’est là pour arrêter cette machine de guerre, parce que nous ne sommes pas des membres du bon peuple, de la bonne religion, de la bonne race. Nous ne faisons pas partie des « élus ». Les puissances politiques du monde nous considèrent comme un obstacle, et non comme un allié. Nous avons été brisés, et nous le sommes à nouveau chaque jour : par toutes les images de mort, surtout lorsque ce sont nos proches qui sont touchés par elle : nos familles, nos sœurs, nos parents, tous ces êtres chers avec lesquels nous nous entretenions chaque jour. Nous sommes brisés, tous. Nous entendons des histoires terrifiantes qui nous parlent de l'enfer sur la terre. L'enfer est une réalité à Gaza aujourd'hui. Et nos frères et sœurs palestiniens le vivent en ce moment même.
Ce qui se passe à Gaza n'est pas une guerre ou un conflit, c’est un anéantissement, un génocide permanent, un nettoyage ethnique par la mort et les déplacements forcés. Les puissances politiques de ce monde sacrifient le peuple de Palestine pour garantir leurs intérêts au Moyen- Orient. Elles affirment que notre anéantissement est nécessaire pour assurer la sécurité du peuple d'Israël. Elles nous offrent en sacrifice sur l'autel de l'expiation, et c’est nous qui payons, de notre vie, le prix de leurs péchés.
Où est la justice ? Ils parlent du droit international. Ils nous font la leçon sur les droits de l'homme et nous regardent de haut, comme s'ils étaient supérieurs à tous les autres en matière de valeurs et de morale. Je leur dis : « Allez-vous-en avec vos lois et vos discours sur les droits de l'homme ». Vous, les Européens et les Américains, vous avez été mis à nu aujourd'hui devant le monde entier. Tous ont vu votre racisme, et votre hypocrisie. Vraiment, vous n’avez pas honte ? Moi, personnellement, je ne veux pas vous entendre parler de paix et de réconciliation.
Ce que veulent les habitants de Gaza aujourd'hui, c’est Vivre. Ce qu’ils veulent, c’est une nuit sans bombardements. Ce qu’ils veulent, ce sont des médicaments, et des opérations chirurgicales avec une anesthésie. Ils veulent que soient satisfaits leurs besoins les plus élémentaires pour pouvoir vivre : de la nourriture, de l'eau propre, et de l'électricité. Ils veulent la liberté, et une vie dans la dignité. Ceux qui sont constamment bombardés, battus et persécutés ne veulent pas qu’on leur parle de réconciliation et de paix. Ils veulent simplement que l'agression prenne fin !
Ils nous ont demandé de prier. Les gens de Gaza continuent à nous demander de prier, et eux- mêmes ne cessent de prier. Où trouver une telle foi ?
Nous aussi, nous avons prié. Nous avons prié pour leur protection... et Dieu ne nous a pas répondu. Même dans la « maison de Dieu », dans les bâtiments de l'église, ils n'ont pas été protégés. Nos enfants meurent face au silence du monde, et face au silence de Dieu. Qu’il est dur à vivre, le silence de Dieu ! Aujourd'hui, nous crions avec les psalmistes : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi as-tu abandonné Gaza ? Jusqu'à quand l'oublieras-tu tout à fait ? Pourquoi lui caches-tu ta face ? Le jour, je t'appelle, et tu ne réponds pas ; la nuit, et nous ne trouvons pas le repos. Ne t'éloigne pas des gens de Gaza, car le danger est proche, et il n'y a pas d’aide. Seigneur, notre Dieu sauveur ! Le jour, la nuit, nous avons crié vers toi ... Que notre prière parvienne jusqu’à toi ... Tends l'oreille à notre plainte ... Car notre vie est saturée de malheurs, et nous frôlons les enfers... Nos yeux sont épuisés par la misère. Nous t'avons appelé tout le jour, Seigneur, les mains ouvertes vers toi. Pourquoi nous rejeter ? Pourquoi nous cacher ton visage ? » (adapté à partir des psaumes 13, 22 et 88).
Nous cherchons Dieu ici, dans ce pays, ici sur cette terre. Et théologiquement, philosophiquement, nous demandons : Où donc est Dieu quand nous souffrons ? Comment expliquer son silence ?
Mais ne nous attardons pas à la philosophie et à des questions existentielles. Dans ce pays, même Dieu est victime de l'oppression, il est victime de la mort, de la machinerie de guerre, et du colonialisme. Nous voyons le Fils de Dieu ici sur cette terre crier la même question quand il est sur la croix : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Pourquoi permets-tu que je sois torturé ? Que je sois crucifié ?
Dieu souffre avec le peuple de ce pays. Son destin est le même que le nôtre. Comme l'a écrit Mitri Raheb dans son article « Théologie dans le contexte palestinien » qu’on peut lire en arabe dans un livre que j'ai publié : « Quant au Dieu de ce pays, il n'est pas comme les autres dieux... Sa terre est labourée avec du fer... Ses temples sont détruits par le feu... Son peuple est foulé aux pieds, et il ne bouge pas le petit doigt. Le Dieu de cette terre est caché à la vue. Vous cherchez ses traces, mais vous ne les trouvez pas. Vous désirez ardemment qu'il déchire les cieux et qu'il descende pour voir. Pour entendre. Pour être compatissant. Pour nous sauver. Le Dieu de cette terre ne repousse pas les armées et leur brutalité, mais il vient partager le sort de son peuple. Sa maison est détruite. Son fils est crucifié. Mais son mystère ne périt pas. Au contraire, il renaît des cendres, il se relève et c’est avec les réfugiés que vous le voyez. Il marche et, dans l'obscurité de la nuit, il fait jaillir des sources d'espoir. Sans ce Dieu, la Palestine reste une terre brûlée. Sans lui, elle reste un champ de destruction. Mais si Dieu piétine ses fondations, c’est uniquement pour en faire une terre sainte, une terre où la bonne nouvelle de la paix résonne sur les collines. »
Bien-aimés, en ces temps si durs, consolons-nous avec la présence de Dieu au milieu de la douleur, et même au milieu de la mort, car Jésus n'est pas étranger à la douleur, aux arrestations, à la torture, et à la mort. Il est à nos côtés dans notre douleur.
À Gaza, Dieu est là sous les décombres. Il est avec ceux qui ont peur, il est avec les réfugiés. Il est là dans la salle d'opération. C'est cela notre consolation. Il traverse avec nous la vallée de l'ombre et de la mort. Si nous voulons prier, ma prière c’est que ceux qui souffrent ressentent cette présence qui guérit, et qui réconforte.
Nous avons un autre réconfort encore : celui de la résurrection. Quand nous avons le cœur brisé, quand nous souffrons, quand nous affrontons la mort, répétons-nous la bonne nouvelle de la résurrection : « Christ est ressuscité ! ». Il est devenu le premier-né de ceux qui se sont endormis. Quand j'ai vu les images des corps de ces saints dans leurs sacs blancs devant l'église, lors de leurs funérailles, c’est cet appel du Christ qui m’est venu à l’esprit : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde » (Matthieu 25,34).
Devant les images de la mort et toutes les photos d'enfants morts, nous pouvons entendre aujourd'hui l'appel immortel du Christ : « Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux » (Marc 10,14). S'il n'y a pas de place pour les enfants de Palestine et les enfants de Gaza dans ce monde cruel et oppressant, ils ont une place dans les bras de Dieu. Le Royaume est pour eux. Face aux bombardements, face aux déplacements, et face à la mort, Jésus les appelle et leur dit : « Venez à moi, vous qui êtes bénis par mon Père. Laissez venir à moi les enfants, car le Royaume est à eux ». C’est cela que nous croyons. Et c'est cela notre consolation dans notre douleur. Amen.
Munther Isaac
Munther Isaac est pasteur de l'église évangélique luthérienne de Noël à Bethléem, doyen du Collège biblique de Bethléem, et directeur des conférences « Christ au checkpoint ». Son dernier livre s'intitule L'autre côté du mur - Un récit chrétien palestinien de lamentation et d'espoir. Il vient d’être traduit en français et doit être publié avant Noël.
Au nom de l'UEPAL, Isabelle Gerber remercie Madame Loiseau pour son intervention au Parlement européen.
Ces derniers jours ont été marqués d’abord par le bruit sec d’une balle, celle qui a tué, le 10 septembre, Charlie Kirk, ce jeune influenceur américain, fervent soutien de Donald Trump. Puis vint la clameur de ses partisans, choqués, à juste titre, par cet assassinat sauvage. Ils n’étaient pas les seuls à être sidérés ; nous l’étions tous de voir une fois encore la scène politique américaine endeuillée par un meurtre odieux.
Sidérée, je l’ai été aussi quand les extrêmes droites européennes, si promptes à se dire patriotes, d’ordinaire si hostiles aux signes d’une mondialisation qu’elles dénoncent, ont aussitôt milité pour que l’on rende hommage à Charlie Kirk. La surenchère est venue très vite : pourquoi ne pas lui remettre le prix Sakharov de la liberté d’opinion ? a proposé Reconquête ! Pourquoi ne pas exiger une minute de silence en plénière du Parlement européen ? a lancé un député suédois, soutenu illico par le Rassemblement national. Pourquoi se gêner et ne pas détourner le slogan « Je suis Charlie » ?, a osé Jordan Bardella.
Sidérée, je l’étais qu’on veuille faire de Charlie Kirk non plus une victime mais un héros, qui plus est un héros européen. Qu’on ose demander à notre Parlement de rendre hommage à un activiste qui avait glorifié la ségrégation raciale, l’esclavage, appelé les femmes à rentrer chez elles, diabolisé l’homosexualité, vomi sur l’Ukraine, reproché aux juifs de favoriser l’immigration, réclamé la peine de mort pour Joe Biden, qu’on exige des députés réunis à Strasbourg, dans l’hémicycle que présida Simone Veil [1927-2017], qu’ils s’inclinent à la mémoire d’un homme qui comparait l’IVG à l’holocauste du XXIe siècle.
Sidérée, je l’étais, mais silencieuse, non. J’ai répondu à cette demande des extrêmes droites, formulée avec insistance et répétée par tous leurs députés, en exposant mes arguments [le 12 septembre]. Je m’attendais à n’être qu’une voix parmi beaucoup d’autres. J’ai été la seule, sur 720 députés européens, à m’exprimer pour demander qu’on fasse la différence entre la condamnation unanime que nous devions faire face à l’assassinat d’un homme et le refus de cautionner ses idées. Aucun autre parlementaire n’a pris la peine d’exposer son point de vue. Certes, la présidente du Parlement n’a pas accordé la minute de silence exigée, sans fournir d’explication. Mais le silence de mes collègues face aux exigences de l’extrême droite a duré beaucoup plus qu’une minute.
Méthodes de voyous
Ce silence, il s’est poursuivi quand j’ai fait l’objet de menaces de mort, sur les réseaux sociaux mais pas seulement, pour avoir osé dire qu’une victime ne faisait pas nécessairement un héros. Il s’en est trouvé, des partisans de Charlie Kirk, les mêmes qui avaient crié à la violence politique et à la mort de la liberté d’expression, pour m’injurier, m’enjoindre de me taire et me menacer du même sort que leur idole. Il s’en est trouvé bien peu, en revanche, parmi les belles âmes, les modérés, les adversaires autoproclamés de l’extrême droite, pour m’apporter leur soutien. Ou plutôt, ils ont été très nombreux, les Français ordinaires, que je ne connaissais pas, qui ont pris la peine de m’écrire, de m’encourager et de me soutenir. D’autres Européens aussi, que je ne connais pas davantage. Merci à eux. Mais les politiques ? A l’exception de quelques-uns, peu nombreux, ce fut le silence.
Ce mutisme inexplicable, on me l’a expliqué, à l’oreille. Ils avaient peur. Peur d’être pris à partie sur les réseaux sociaux, comme moi, d’être menacés, comme je l’ai été. Alors autant ne rien dire, n’est-ce pas ? Et c’est cela qui m’effraie, leur silence. Parce qu’il faut à la fois raison garder et rester fidèle à ce qu’on est. Raison garder, car je n’ai fait preuve d’aucun courage en disant ce que je pense. Nous sommes en démocratie et la liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. Les insultes ? Aussi virtuelles que les réseaux sociaux qui les charrient. Les menaces ? Déplaisantes, bien sûr, mais, puisqu’elles sont faites pour intimider, il est impératif de les ignorer. Désormais, mes contempteurs ont choisi de s’en prendre aussi à mon mari. Ce sont des méthodes de voyous et ce sont en effet des voyous. Mais, si on ne leur résiste pas quand ils attaquent, quand leur résistera-t-on ?
A ceux qui se taisent, j’aimerais rappeler ce qu’ils savent déjà : ce n’est pas qu’une minute de silence que réclamaient les nouveaux adeptes de Charlie Kirk, c’est réduire au silence ceux qui ne pensent pas comme eux. Ce n’est pas le respect des morts qu’ils exigent, c’est le droit d’insulter et de haïr les vivants qui ne leur ressemblent pas. Ce n’est pas la violence politique qu’ils dénoncent, c’est l’intimidation qu’ils utilisent. Ce n’est pas la liberté d’expression qu’ils défendent, c’est la banalisation de leurs outrances. En Amérique comme en Europe.
Souvenez-vous : à la fin de La Résistible Ascension d’Arturo Ui, Bertolt Brecht [dramaturge allemand, 1898-1956] nous prend à partie : vous, apprenez à voir, plutôt que de rester les yeux ronds.
Nathalie Loiseau, ancienne ministre des affaires européennes, est députée européenne (Renew Europe) et membre d’Horizons.