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Actualités de octobre 2025

Vous êtes invités au culte de reconnaissance du ministère pastoral et d'ordination de Maria Lavina, Olivier Lacroix et Bertrand Mathys et à l'accueil de pasteurs venant d’autres Églises : Kodzo Agbemedi Agbi-Awume et Rosner Lormil.
> Le dimanche 19 octobre à 15h au temple Saint-Étienne de Mulhouse.

Au nom de l'UEPAL, Isabelle Gerber remercie Madame Loiseau pour son intervention au Parlement européen.

Ces derniers jours ont été marqués d’abord par le bruit sec d’une balle, celle qui a tué, le 10 septembre, Charlie Kirk, ce jeune influenceur américain, fervent soutien de Donald Trump. Puis vint la clameur de ses partisans, choqués, à juste titre, par cet assassinat sauvage. Ils n’étaient pas les seuls à être sidérés ; nous l’étions tous de voir une fois encore la scène politique américaine endeuillée par un meurtre odieux.

Sidérée, je l’ai été aussi quand les extrêmes droites européennes, si promptes à se dire patriotes, d’ordinaire si hostiles aux signes d’une mondialisation qu’elles dénoncent, ont aussitôt milité pour que l’on rende hommage à Charlie Kirk. La surenchère est venue très vite : pourquoi ne pas lui remettre le prix Sakharov de la liberté d’opinion ? a proposé Reconquête ! Pourquoi ne pas exiger une minute de silence en plénière du Parlement européen ? a lancé un député suédois, soutenu illico par le Rassemblement national. Pourquoi se gêner et ne pas détourner le slogan « Je suis Charlie » ?, a osé Jordan Bardella.

Sidérée, je l’étais qu’on veuille faire de Charlie Kirk non plus une victime mais un héros, qui plus est un héros européen. Qu’on ose demander à notre Parlement de rendre hommage à un activiste qui avait glorifié la ségrégation raciale, l’esclavage, appelé les femmes à rentrer chez elles, diabolisé l’homosexualité, vomi sur l’Ukraine, reproché aux juifs de favoriser l’immigration, réclamé la peine de mort pour Joe Biden, qu’on exige des députés réunis à Strasbourg, dans l’hémicycle que présida Simone Veil [1927-2017], qu’ils s’inclinent à la mémoire d’un homme qui comparait l’IVG à l’holocauste du XXIe siècle.

Sidérée, je l’étais, mais silencieuse, non. J’ai répondu à cette demande des extrêmes droites, formulée avec insistance et répétée par tous leurs députés, en exposant mes arguments [le 12 septembre]. Je m’attendais à n’être qu’une voix parmi beaucoup d’autres. J’ai été la seule, sur 720 députés européens, à m’exprimer pour demander qu’on fasse la différence entre la condamnation unanime que nous devions faire face à l’assassinat d’un homme et le refus de cautionner ses idées. Aucun autre parlementaire n’a pris la peine d’exposer son point de vue. Certes, la présidente du Parlement n’a pas accordé la minute de silence exigée, sans fournir d’explication. Mais le silence de mes collègues face aux exigences de l’extrême droite a duré beaucoup plus qu’une minute.

Méthodes de voyous
Ce silence, il s’est poursuivi quand j’ai fait l’objet de menaces de mort, sur les réseaux sociaux mais pas seulement, pour avoir osé dire qu’une victime ne faisait pas nécessairement un héros. Il s’en est trouvé, des partisans de Charlie Kirk, les mêmes qui avaient crié à la violence politique et à la mort de la liberté d’expression, pour m’injurier, m’enjoindre de me taire et me menacer du même sort que leur idole. Il s’en est trouvé bien peu, en revanche, parmi les belles âmes, les modérés, les adversaires autoproclamés de l’extrême droite, pour m’apporter leur soutien. Ou plutôt, ils ont été très nombreux, les Français ordinaires, que je ne connaissais pas, qui ont pris la peine de m’écrire, de m’encourager et de me soutenir. D’autres Européens aussi, que je ne connais pas davantage. Merci à eux. Mais les politiques ? A l’exception de quelques-uns, peu nombreux, ce fut le silence.

Ce mutisme inexplicable, on me l’a expliqué, à l’oreille. Ils avaient peur. Peur d’être pris à partie sur les réseaux sociaux, comme moi, d’être menacés, comme je l’ai été. Alors autant ne rien dire, n’est-ce pas ? Et c’est cela qui m’effraie, leur silence. Parce qu’il faut à la fois raison garder et rester fidèle à ce qu’on est. Raison garder, car je n’ai fait preuve d’aucun courage en disant ce que je pense. Nous sommes en démocratie et la liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. Les insultes ? Aussi virtuelles que les réseaux sociaux qui les charrient. Les menaces ? Déplaisantes, bien sûr, mais, puisqu’elles sont faites pour intimider, il est impératif de les ignorer. Désormais, mes contempteurs ont choisi de s’en prendre aussi à mon mari. Ce sont des méthodes de voyous et ce sont en effet des voyous. Mais, si on ne leur résiste pas quand ils attaquent, quand leur résistera-t-on ?

A ceux qui se taisent, j’aimerais rappeler ce qu’ils savent déjà : ce n’est pas qu’une minute de silence que réclamaient les nouveaux adeptes de Charlie Kirk, c’est réduire au silence ceux qui ne pensent pas comme eux. Ce n’est pas le respect des morts qu’ils exigent, c’est le droit d’insulter et de haïr les vivants qui ne leur ressemblent pas. Ce n’est pas la violence politique qu’ils dénoncent, c’est l’intimidation qu’ils utilisent. Ce n’est pas la liberté d’expression qu’ils défendent, c’est la banalisation de leurs outrances. En Amérique comme en Europe.

Souvenez-vous : à la fin de La Résistible Ascension d’Arturo Ui, Bertolt Brecht [dramaturge allemand, 1898-1956] nous prend à partie : vous, apprenez à voir, plutôt que de rester les yeux ronds.

Nathalie Loiseau, ancienne ministre des affaires européennes, est députée européenne (Renew Europe) et membre d’Horizons.