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Un texte ne vaut pas une vraie rencontre, mais pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur ma personne... Voilà quelques lignes.
Alors que je ne savais pas quoi faire après mon baccalauréat, mes expériences ecclésiales (école du dimanche, catéchisme, camps d'été...), m'ont laissé penser que le milieu d'Église pourrait me plaire. Je me suis donc dirigée - sans trop savoir ce qui m'y attendait - vers la faculté de théologie protestante.
Je n'avais alors pas pensé une seconde au ministère pastoral. C'est au fil des cours et des stages que j'ai pu découvrir que ce ministère me correspondait. Pour moi, qui depuis toujours, aspirait à travailler avec les personnes toutes générations confondues, qui était passionnée par les projets et les challenges, qui aimait la musique et qui avait à cœur le Seigneur et I*Évangile, le ministère pastoral rassemblait en tous points ce qui m'animait.
Après un stage accompagné à Schwindratzheim, mon ordination en 2020, puis cinq années à Hangviller-Berling-Metting-Pfalzweyer, me voici dans votre consistoire pour poursuivre mon chemin.
Depuis mes débuts, j'ai appris que le ministère peut être riche de découvertes, de rencontres, de joies, de peines, de beaux projets mais qu'il contient aussi ses tensions et ses épreuves qu'il faut apprendre à surmonter en communauté.
Les mots d'ordre que j'ai formulés pour les prochaines années de mon ministère : un pas après l'autre. Nos paroisses et notre Église sont à la croisée des chemins. Nous devons dire adieu à un ancien système, pour un nouveau : pas moins bien, mais différent. Autant de défis à relever pour construire le visage de l'Église de demain : une Église qui accueille chacun et chacune et qui compte sur la collaboration de chacun.
Je suis accompagnée et soutenue dans cette aventure par mon mari Frédéric et nos deux enfants, Robin et Camille.
Au plaisir de faire plus ample connaissance avec chacun d'entre vous !
Lauriane Kuhm sera envoyée dans sa nouvelle mission le dimanche 7 septembre à 15h en l’église Saint-Jacques de Dettwiller.
A l'issue de ce culte, vous êtes chaleureusement conviés au verre de l’amitié qui se tiendra à la salle Hohgraben, 12 rue de l’Eglise à Dettwiller.
Six établissements gérés par l’agence de l’ONU : UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) ont été fermés sur décision israélienne.
Depuis le 7 octobre 2023, la guerre à Gaza a également des répercussions dramatiques en Cisjordanie où se déroulent de nombreuses exactions armées.
La limitation de la liberté de déplacement, la confiscation de terres, la destruction d’infrastructures et la chute du tourisme ont engendré une grave crise économique. Par la force des choses, de nombreuses familles palestiniennes ont perdu la possibilité de travailler et connaissent des difficultés sociales importantes.
Église évangélique luthérienne de Jordanie et de Terre sainte (ELCJHL – dont le site internet est ICI) accueille en Cisjordanie 1.250 élèves dans ses 3 écoles principales, qui sont à la fois des lieux d’enseignement et de promotion de la paix.
De nombreuses familles n’ont plus les moyens d’assumer les frais de scolarité.
L’Église luthérienne continue d’accueillir leurs enfants, comptant sur notre soutien pour être en capacité de poursuivre sa mission éducative.
Comme les autres parents d’élèves, Feras, boulanger, ne donne pas son nom, par crainte d’être ensuite menacé par les services de sécurité israéliens pour avoir parlé à la presse. Sa fille de 13 ans n’a pas effectué sa rentrée scolaire, lundi 1er septembre. Comme 300 enfants du camp de réfugiés de Chouafat, où sont entassées plus de 30 000 personnes entre les hauts murs de l’enceinte en béton qui sépare le quartier du reste de Jérusalem-Est, occupé illégalement par Israël depuis 1967. « J’ai cherché, mais je n’ai pas trouvé de place », se désole le père de famille, installé dans une des ruelles de l’enclave.
Ce lundi aurait dû être une journée banale de rentrée scolaire, comme pour plus de 2 millions d’élèves en Israël et dans les territoires annexés de Jérusalem-Est. Mais six écoles gérées par l’agence des Nations unies pour les territoires occupés (UNRWA) sont restées portes closes à Jérusalem-Est, dont trois dans le camp de réfugiés de Chouafat, une poche de pauvreté, et désormais de criminalité, délaissée par Israël depuis des années. « Beaucoup de parents m’ont prié de prendre leurs enfants. Je voudrais bien, mais je n’ai pas assez de place », regrette la directrice d’une école en faisant écouter un message tout juste enregistré sur sa boîte vocale : « C’est une mère qui appelle à l’aide. » A l’échelle de Jérusalem, ils seraient ainsi 600 sans affectation, selon les ONG, amplifiant l’absentéisme, plus élevé que dans le reste de la ville, mieux dotée sur le plan scolaire.
La fermeture des écoles remonte au mois de mai. Des militaires israéliens avaient effectué un « raid » pour venir fermer toutes les écoles de l’UNRWA à Jérusalem-Est. Les autorités expliquaient alors appliquer une loi votée en 2024 interdisant toute activité de l’agence des Nations unies sur le sol israélien, une mesure de rétorsion décidée après le 7 octobre 2023 au motif, selon Israël, que des employés de l’UNRWA avaient été impliqués dans l’attaque terroriste lancée par le Hamas depuis Gaza – ce que l’agence a démenti, après enquête, en dehors d’une poignée d’individus.
Des recours ont été déposés, notamment par l’Association des droits civiques d’Israël (ACRI), contre la décision de fermeture des écoles, sans résultat pour l’instant. La Cour suprême devrait se prononcer le 16 septembre. Interrogée, la municipalité de Jérusalem explique avoir encouragé les inscriptions en amont et insiste sur le fait que « chaque étudiant qui a réclamé une place dans une école municipale a reçu une réponse ». L’engagement laisse dubitatives les associations et les Nations unies qui constatent, sur le terrain, le décrochage de nombreux enfants et des conditions d’enseignement particulièrement dégradées au sein de plusieurs écoles. « Lorsque nous avions écrit à la municipalité et au ministère de l’éducation, ils nous avaient garanti qu’ils avaient une solution pour chaque enfant. Cela n’a pas été le cas », souligne Tal Hassin, au nom de l’ACRI.
Une partie des familles refusent de scolariser leurs jeunes enfants à l’extérieur du camp parce que cela supposerait de franchir, deux fois par jour, un checkpoint tenu par des militaires israéliens. « Il s’avère que pour beaucoup de ces enfants, il n’y a pas vraiment d’alternative à nos écoles, en particulier dans le camp de Chouafat, relève Roland Friedrich, directeur de l’UNRWA pour la Cisjordanie. La municipalité, dès l’année dernière, a fait beaucoup d’annonces concernant la mise à disposition de places dans des écoles alternatives, l’octroi de budgets, la mise en place de moyens de transport. Nous n’avons encore rien vu de tout cela. »
« Ils veulent nous effacer »
Les ONG replacent la fermeture des écoles de l’UNRWA dans un contexte plus large. L’association israélienne Ir Amim, qui effectue un travail reconnu sur Jérusalem, insiste sur la stratégie agressive des autorités en matière scolaire. « Israël fait beaucoup d’efforts pour que les enfants suivent un programme israélien, y compris les écoliers palestiniens. Toute nouvelle école ouverte par l’Etat n’est destinée qu’au programme scolaire israélien, relève Oshrat Maimon, directrice juridique d’Ir Amim. Cette politique oblige les parents, les élèves et les enseignants palestiniens à choisir entre continuer à subir de graves pénuries dans les salles de classe, la surpopulation et la vétusté des installations, ou abandonner le programme scolaire palestinien, qui est ancré dans leur identité nationale et leur patrimoine culturel. »
Dans le petit groupe de parents et d’habitants qui discutent autour du boulanger, un professeur de mathématiques, diplômé de l’école de l’UNRWA trente-cinq ans plus tôt, s’inquiète à l’idée que les enfants des réfugiés perdent ainsi une part de leur culture : « Ils s’en prennent à l’UNRWA, mais c’est plus profond que ça : ils ne veulent plus des réfugiés, ils veulent nous faire disparaître, ils veulent nous effacer en tant que Palestiniens et réfugiés », relève l’enseignant. Un sexagénaire, électricien, abonde : « Conserver l’UNRWA, c’est montrer que les réfugiés sont toujours là. S’ils pouvaient même effacer le mot, ils le feraient. Alors, ils font partir l’UNRWA, ils réduisent l’instruction de nos enfants ou nous obligent à leur faire suivre leur programme. »
Luc Bronner du Monde, septembre 2025
Son statut de « commandeur des croyants » vaut au souverain marocain une aura particulière. Il lui permet aussi de contrer les ambitions des islamistes, dont il rejette le projet politique et la manière de vivre.
Si Paris vaut bien une messe, Casablanca vaut bien une fatwa. Le 26 février, le roi Mohammed VI du Maroc s’adresse à ses sujets en tant que « commandeur des croyants ». Il leur demande de ne pas sacrifier de moutons, comme le veut la tradition, pour l’Aïd-el-Adha, la « fête du sacrifice », prévue en juin, qui commémore le sacrifice d’Abraham. La raison de cette entorse au rituel ? « Notre pays affronte des défis climatiques et économiques qui ont eu pour conséquence une régression substantielle du cheptel », précise le roi dans un discours lu à la télévision publique par le ministre des affaires religieuses. « L’accomplissement [du rituel de l’Aïd] dans ces conditions difficiles est susceptible de porter préjudice » à une grande partie des habitants du pays, « particulièrement ceux à revenu limité », ajoute le souverain chérifien. Après sept années de sécheresse d’affilée, le nombre de têtes de bétail s’est, de fait, effondré, faisant flamber les prix.
Le 7 juin, jour de l’Aïd-el-Adha, Mohammed VI assiste à la prière. Il procède ensuite, comme le faisait le prophète Mahomet, au sacrifice de deux béliers, l’un pour sa famille, l’autre pour la communauté, devant les caméras de la télévision nationale. La plupart de ses compatriotes ont respecté sa recommandation, évitant ainsi de débourser de 6 000 à 7 000 dirhams (de 600 à 700 euros) pour un animal, alors que le salaire minimum est inférieur à 300 euros par mois.
Aucune polémique, aucune récrimination. Ce n’est pas la première fois que la population est appelée à la frugalité à l’occasion de l’Aïd : Hassan II, le père de Mohammed VI, avait déjà interdit le sacrifice à trois reprises : en 1963, à cause de la « guerre des sables » avec l’Algérie ; en 1981 et en 1996, en raison, déjà, de sécheresses dévastatrices Aucun autre dirigeant musulman ne s’est risqué à émettre une telle recommandation aux fidèles, de peur d’encourir les foudres des oulémas (savants religieux) ou des islamistes. Mais il faut dire qu’aucun ne dispose non plus d’une légitimité religieuse identique à celle du commandeur des croyants, dont la dynastie est réputée remonter jusqu’à la famille du Prophète.
« Pas une fonction religieuse »
Rappelons aussi que ce titre renvoie à un passé glorieux dans le monde arabo-musulman : l’époque des califes ayant succédé à Mahomet, au VIIe siècle. Quel dirigeant arabe ou musulman pourrait se prévaloir d’un tel prestige ? Pas même les Saoudiens, si prompts à se présenter comme les « gardiens des deux lieux saints », La Mecque et Médine. Pour l’islamologue et politologue franco-marocain Rachid Benzine, le pouvoir du roi s’étend au-delà des seuls musulmans : « En tant que commandeur des croyants, il commande aussi aux juifs et aux chrétiens, considérés comme des croyants dans l’islam. » Même si ces minorités sont très limitées – 30 000 chrétiens et de 1 500 à 2 000 juifs vivent dans ce pays de plus de 38 millions d’habitants –, cette affirmation illustre l’étendue de son influence. En somme, le commandeur des croyants est le « commandeur des Marocains », de tous les Marocains. Mais son influence ne dépasse pas les frontières du royaume, à l’exception de celle qui est exercée sur les nombreux émigrés, en particulier en Europe.
« Comprendre le titre de “commandeur des croyants” comme une fonction religieuse est un contresens, décrypte le politologue Youssef Belal, spécialiste de l’islam marocain. C’est un rôle de commandement, mais, dans la réalité, ce sont les oulémas qui ont le pouvoir religieux entre leurs mains. Ce titre permet surtout au roi de se placer au-dessus du jeu politique et constitutionnel. » Au départ, c’est le maréchal Hubert Lyautey (1854-1934), grand architecte du protectorat français au Maroc, qui eut l’idée d’insister sur la dimension religieuse du sultan du Maroc (le terme employé, plutôt que celui de « roi », avant l’indépendance), afin de mieux le tenir éloigné de la réalité des affaires politiques. « On s’est attaché d’abord à rehausser le prestige personnel du sultan en faisant revivre autour de lui les anciennes traditions et le vieux cérémonial de cour, à garantir scrupuleusement l’autonomie de son pouvoir religieux, à raffermir sa confiance et son autorité en l’associant à nos projets, en sollicitant ses réflexions et avis », écrit Lyautey, en 1914, dans son Rapport général sur la situation du protectorat du Maroc. Le maréchal dessina lui-même le drapeau national, une étoile verte à cinq branches (comme les cinq piliers de l’islam) sur bannière rouge, la couleur de la dynastie alaouite.
L’officialisation de la qualité de « commandeur des croyants » intervient bien plus tard, et doit tout au génie politique de Hassan II. Au début des années 1960, celui-ci n’est encore qu’un jeune souverain contesté par le Parti de l’Istiqlal (« indépendance »), qui réclame un partage du pouvoir au nom de son rôle dans la lutte pour l’indépendance, acquise en 1956. Soucieux de consolider son emprise sur le pays, Hassan II prend alors l’initiative d’inscrire dans la Constitution de 1962 la fameuse règle qui fait de lui le commandeur des croyants. Ce qui était tacite depuis Lyautey est désormais gravé dans le marbre. Un autre article ajouté à la Constitution présente la personne du roi comme « inviolable et sacrée ».
Destiné, à l’origine, à contrer les revendications de la gauche en faveur d’une république, ce titre sera bien utile, à partir des années 1980, lorsqu’il faudra contenir la menace islamiste, de plus en plus marquée, au Maroc, dans le monde arabe et en Europe. Hassan II en use d’ailleurs – et ne se prive pas de le faire savoir – pour dénouer la crise provoquée en France par des lycéennes franco-marocaines voilées, à Creil (Oise), en 1989. Grâce à son conseil « paternel », les jeunes filles en question acceptent de retirer leur foulard en classe. Hassan II, qui a fait bâtir à Casablanca une gigamosquée portant aujourd’hui son nom, s’intéressait tant aux questions religieuses qu’il avait invité le pape Jean Paul II dans son pays, en 1985. Lors de cette visite, rarissime en terre musulmane, le souverain pontife polonais s’était adressé à 80 000 jeunes musulmans rassemblés dans le stade de Casablanca. « Le dialogue entre chrétiens et musulmans est aujourd’hui plus nécessaire que jamais », avait-il déclaré à la foule. Trente-quatre ans plus tard, en mars 2019, un autre pape, François, s’est rendu au Maroc, cette fois à l’invitation de Mohammed VI, pour transmettre le même message devant 25 000 personnes, à Rabat.
Formé à l’école coranique parallèlement à ses études profanes au Collège royal, Mohammed VI n’a pas vraiment innové en matière de religion. Disons plutôt qu’il a placé ses pas dans ceux de son père. Hassan II avait instauré un cycle de conférences télévisées pendant le ramadan, intitulé les « Dourous hassaniya » (que l’on peut traduire par les « leçons hassaniennes », mais qui est aussi un jeu de mots sur le prénom du roi et sur hassana, signifiant « bonnes actions »), durant lesquelles il aimait à discourir sur des sujets religieux. Mohammed VI a maintenu la tradition, tout en se tenant davantage en retrait, se contentant le plus souvent de poser des questions à des « savants » et d’écouter. « C’est devenu un rituel de la mise en scène, explique un observateur de la scène religieuse. Mohammed VI n’a pas d’appétit pour la question religieuse. Il exerce sa fonction en respectant le rituel. Cela se limite à cela. »
Pas question, pour autant, d’aller jusqu’à reconnaître une véritable liberté de conscience aux Marocains – et donc celle de ne pas croire en Dieu –, ce qui risquerait d’affaiblir son statut de commandeur des croyants. L’échec de la tentative d’insérer cette notion de liberté dans la Constitution, lors de la révision de 2011, a souligné les limites de l’ouverture du royaume dans ce domaine. Les progressistes marocains ont vécu cet échec comme une amère défaite. Malgré tout, l’islam pratiqué dans leur pays demeure tolérant et pragmatique, comme l’atteste la recommandation du roi sur le sacrifice pour l’Aïd-el-Adha.
Si le commandeur des croyants est tenu de faire bonne figure en public, sa vie privée n’appartient qu’à lui. Une courte vidéo captée en août 2022 par un automobiliste parisien, et largement commentée sur les réseaux sociaux, le montre titubant légèrement, un verre à la main, à la sortie d’un établissement nocturne. De source proche du cercle royal, les soirées au palais jusqu’à la fin des années 2010 étaient passablement arrosées, pas tant par le roi lui-même que par ses proches conseillers. Cela a changé depuis qu’il s’entoure de combattants d’arts martiaux mixtes, adeptes d’une hygiène de vie sportive et pratiquant une religiosité populaire, plus rigide que celle de la haute bourgeoisie de Rabat ou de « Casa ». Au pays, tout cela est de notoriété publique, mais personne n’a jamais reproché ces entorses, du moins à haute voix. Et d’ailleurs, qui ne s’arrange pas, à un moment ou à un autre, avec les règles religieuses ?
Si l’islam est privé, l’islamisme, lui, concerne au plus haut point l’avenir de la royauté. Or, assure un proche, « Mohammed VI a horreur des islamistes, il les abhorre », tant leur projet politique que leur manière de vivre. Depuis l’effondrement des idéologies inspirées par le nationalisme arabe et le marxisme, depuis que l’armée n’est plus sortie des casernes, le fondamentalisme religieux est la principale menace pour le trône. Au Maroc, il se divise en trois branches : les légalistes du Parti de la justice et du développement (PJD), intégrés au jeu politique ; les réfractaires du mouvement, non reconnu mais toléré, Al-Adl wal-Ihsane (Justice et bienfaisance), dont le fondateur, cheikh Abdessalam Yassine (1928-2012), n’a jamais approuvé la qualité de commandeur des croyants attribuée au roi ; et enfin les insurgés que sont les djihadistes, affiliés à Al-Qaida ou à l’organisation Etat islamique.
Riposte au terrorisme
Le 11 septembre 2001, lorsque les tours du World Trade Center, à New York, s’effondrent sous les yeux du monde entier, Mohammed VI ne veut pas croire que son pays sera entraîné dans la tourmente. Un mois et demi plus tard, interrogé par la journaliste française Anne Sinclair pour le compte de l’hebdomadaire Paris Match, il décrit un Maroc épargné par les soubresauts. « Je ne vois vraiment pas où est la menace islamiste !, s’exclame-t-il. Je me promène dans mon pays, sans aucun problème. Je n’ai pas augmenté l’effectif de ma sécurité… Ici, les gens qui ont envie d’être barbus ont le droit de porter la barbe, les femmes qui ont envie de se voiler le visage en ont le droit. » Afin de faire pièce à la guerre de civilisation qui pointe, le palais met en avant le dialogue interreligieux, mis en scène par son conseiller juif, André Azoulay.
Cette illusion de quiétude vole en éclats le 16 mai 2003. Une douzaine de terroristes, issus pour la plupart du bidonville casablancais de Sidi Moumen ou du département français des Yvelines, commettent cinq attentats-suicides presque simultanés en visant des cibles juives, touristiques et étrangères à Casablanca, la capitale économique du royaume. Le bilan est de 33 morts et d’une centaine de blessés. Il aurait pu représenter le triple si les auteurs n’avaient pas fait preuve d’une forme d’amateurisme – le cimetière juif était vide, et un centre hébraïque fermé le vendredi soir. Moins d’un an plus tard, le 11 mars 2004, une cellule terroriste composée de plusieurs dizaines de personnes, en majorité des Marocains, fait exploser des bombes dans plusieurs sites à Madrid, dont la gare d’Atocha, tuant près de 200 personnes. Une attaque revendiquée par Al-Qaida. Le royaume de Mohammed VI ne peut plus se réfugier derrière les explications habituelles du type « ces gens n’ont rien à voir avec l’islam ».
Au Maroc, la riposte des autorités sera à la fois sécuritaire et politique. La traque des cellules djihadistes s’intensifie. Les arrestations se comptent par milliers, les condamnations, par centaines. Rabat accueille certains vols secrets de la CIA, l’agence centrale du renseignement américaine, destinés à transférer de présumés terroristes vers des sites où ils seront interrogés et torturés en toute discrétion. A la manœuvre, un trio qui est encore en place de nos jours. Fouad El-Himma, plus proche conseiller et ami d’enfance du roi, assure la coordination de l’architecture sécuritaire du pays, d’abord en tant que numéro deux du ministère de l’intérieur (1999-2007), puis comme conseiller principal de Mohammed VI. Yassine Mansouri, lui aussi issu du Collège royal, pilote depuis 2005 la direction générale des études et de la documentation, autrement dit le renseignement extérieur. Abdellatif Hammouchi agit en tant que patron de la direction générale de la surveillance du territoire, le renseignement intérieur, poste qu’il occupe depuis 2005 – il deviendra patron de la direction générale de la sûreté nationale (police nationale) en 2015.
Après les attentats de 2003, les mosquées sont reprises en main, et les confréries soufies, perçues comme un rempart à l’islamisme, remises au goût du jour. Tous les imams ne sont pas « fonctionnarisés », mais il leur faut tous obtenir une autorisation pour prêcher. Les prêches, sans faire l’objet d’une autorisation préalable, doivent respecter certaines « lignes rouges », à commencer par la légitimité de la monarchie. Un nouveau Conseil supérieur des oulémas – présidé par le roi en personne – est instauré en 2009, de même qu’un Institut Mohammed-VI de formation des imams, en 2014. Ce dernier sera renforcé en 2015 par la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, destinée à diffuser la version marocaine d’un islam du « juste milieu ». Au fil du règne de Mohammed VI, l’islam est ainsi devenu un outil du soft power marocain en Afrique.
Réforme du code de la famille
L’ouverture aux autres religions ajoute à la réputation internationale du Maroc. Depuis 1962, la Constitution édicte que l’Etat « garantit le libre exercice des cultes ». Certes, les lois fondamentales de l’Algérie et de la Tunisie en font de même. Mais, dans la pratique, le royaume s’est distingué en abritant, en 2012, un centre de formation théologique chrétien – fait unique dans un pays musulman. Installée à Rabat, cette institution, baptisée « Al-Mowafaqa » (« l’accord »), prépare à une licence de théologie en liaison avec l’Institut catholique de Paris et la Faculté de théologie protestante de l’université de Strasbourg. Ainsi se forme localement une partie du « personnel » religieux destiné à encadrer le réveil spectaculaire du christianisme dans le royaume, nourri par les flux de migrants subsahariens de confession catholique ou protestante. Avec des limites, tout de même : les cadres diplômés d’Al-Mowafaqa sont exclusivement des non-Marocains.
Le commandeur des croyants surveille de près le risque d’une « contagion » des nationaux musulmans par cette renaissance chrétienne aux couleurs africaines. Le prosélytisme est proscrit par la loi ; l’article 220 du code pénal prévoit des peines d’emprisonnement de « six mois à trois ans » pour quiconque « emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion ». Illustration de l’extrême sensibilité du sujet, le gouvernement avait expulsé, en 2010, plusieurs dizaines de missionnaires – principalement américains – d’Eglises évangéliques opérant, sous le couvert d’actions humanitaires, dans les villages pauvres du Moyen Atlas. Désagréablement surpris par cette décision, alors que les relations entre Washington et Rabat étaient étroites, l’ambassadeur américain avait protesté. Autre indice de la nervosité permanente des autorités face au risque d’« ébranlement de la foi » : à chaque célébration de Noël, un policier en civil filme l’assistance des fidèles rassemblés à la cathédrale de Rabat, au cas où des convertis ayant quitté l’islam s’y mêleraient. L’existence de cette communauté quasi clandestine de transfuges, évaluée entre 2 000 et 6 000 personnes, dont les représentants se plaignent de persécutions de la part de la police tout autant que de l’ostracisme de la société, demeure un tabou au pays du commandeur des croyants.
Mais, en deçà des fameuses « lignes rouges », bien des choses restent possibles, comme l’a montré le chantier des droits de la femme. Dès 2003, le roi avait défini ainsi sa marge de manœuvre : « Je ne peux autoriser ce que Dieu a prohibé ni interdire ce que le Très-Haut a autorisé. » Un an plus tard, il fait adopter par le Parlement la réforme de la Moudawana, ce code de la famille qui infériorise la femme. « Cette réforme correspond aux convictions profondes de Mohammed VI, c’est aussi une réponse aux attentats de Casablanca », analyse Youssef Belal. Il faut se rappeler que l’une des premières mesures de Mohammed VI à son accession au trône, en 1999, avait consisté à dissoudre le harem royal de son père.
La nouvelle Moudawana est audacieuse. Elle restreint la polygamie, relève à 18 ans l’âge minimum légal du mariage (contre 15 ans auparavant), supprime le statut de « chef de famille » accordé jusque-là au mari, permet à une femme de divorcer au cas où son mari souhaiterait prendre une deuxième épouse… Mais, dans les faits, elle est mal appliquée par une magistrature très conservatrice. Le symbole n’en reste pas moins important, autant que les dispositions. Sous l’impulsion du roi, une « Moudawana 2 » est d’ailleurs en préparation pour compléter et améliorer la réforme précédente. « L’idée est d’offrir une meilleure protection à la femme et aux enfants en cas de divorce, précise Rachid Benzine. Le roi aurait aimé aller plus loin, mais il faut tenir compte des tensions et pesanteurs de la société. » Ainsi sera-t-il difficile de remédier aux inégalités hommes-femmes en matière d’héritage, tant le texte coranique est précis sur ce point.
Au Maroc, comme ailleurs dans le monde arabe (Tunisie, Egypte), les premiers à avoir profité des « printemps arabes » de 2011 furent les islamistes, en particulier le PJD. Ce parti affilié aux Frères musulmans s’était tenu à l’écart, au nom de la stabilité du royaume, des manifestations étudiantes, de janvier à mars, réclamant plus de libertés et d’équité. Mais c’est lui qui a récolté les fruits de la contestation, puis de la réforme constitutionnelle de juillet, en arrivant largement en tête des législatives organisées au mois de novembre de la même année.
A l’époque, cette victoire est un coup de tonnerre. Pour la première fois, les islamistes sont le premier parti du Maroc. Le secrétaire général du parti, Abdelilah Benkirane, est nommé premier ministre, conformément à la nouvelle Constitution. A la tête d’un gouvernement de coalition dans lequel les islamistes tiennent le haut du pavé, il tranche avec ses prédécesseurs. C’est une « grande gueule », un personnage truculent, réputé pour son sens de la formule. « Ses discours étaient très suivis par la population, note un politologue. Le roi en a pris ombrage. » Tout en faisant allégeance au pouvoir royal, Abdelilah Benkirane multiplie les piques. Quand on lui demande s’il a sollicité l’autorisation du roi pour se représenter aux législatives de 2016, il répond, bravache : « Je n’ai besoin que de l’autorisation de ma mère. » L’homme a du caractère, il n’hésite pas à mettre sur la place publique ses désaccords avec le palais, qui portent sur les choix budgétaires et les orientations de politique générale. La religion n’est pas un terrain d’affrontement entre les deux hommes, du moins publiquement.
Jeu d’usure
Si le bilan du gouvernement Benkirane est assez décevant, la popularité de son parti demeure intacte. En 2016, le PJD remporte les législatives avec encore plus de voix qu’en 2011. Ce succès est un coup dur pour Mohammed VI. Décidé à imposer une guerre d’usure aux islamistes, le souverain commence par inciter ses alliés au Parlement à refuser toute nouvelle coalition tant que Benkirane sera en poste. Finalement, le PJD plie et désigne Saad-Eddine Al-Othmani chef du nouveau gouvernement. Plus terne et moins rétif que Benkirane, il va poser moins de problèmes au palais, qui regagne peu à peu toutes ses prérogatives d’avant la Constitution de 2011. « Mohammed VI a véritablement usé les islamistes, comme Mitterrand l’avait fait pendant la cohabitation avec Chirac », se souvient, en connaisseur, l’ancien ministre des affaires étrangères français (1997-2002) Hubert Védrine, qui a toujours gardé un œil intéressé sur les péripéties du royaume. Entre 2016 et 2021, le palais pousse le gouvernement à faire adopter quatre mesures qui minent profondément la popularité des islamistes : l’arrêt des subventions aux carburants, la légalisation du cannabis thérapeutique, le renforcement de la place du français dans l’enseignement public et, enfin, la normalisation des relations avec Israël.
« La stratégie de la monarchie consiste précisément à faire endosser le coût politique des décisions par un gouvernement bouclier, qui la met à l’abri de la contestation directe », écrivait déjà Youssef Belal dans un article sur « L’islam politique au Maroc » dans la revue Pouvoirs, en 2013. Après deux législatures éreintantes, le PJD perd largement les élections de 2021 au profit du Rassemblement national des indépendants, une formation pilotée par un proche du roi, l’homme d’affaires Aziz Akhannouch. En douceur et sans recourir à l’arme de la répression, Mohammed VI a su éteindre la flamme islamiste, du moins sa frange légaliste et partisane. Mais le feu couve toujours sous la cendre. Le mouvement Al-Adl wal-Ihsane, sans reconnaissance légale mais toléré par le pouvoir, reste un grand point d’interrogation.
En janvier 2015, après les attentats visant notamment l’hebdomadaire Charlie Hebdo, des policiers et un magasin Hyper Cacher, à Paris, Mohammed VI n’avait pu se permettre de s’afficher, avec les autres chefs d’Etat, à l’immense manifestation de solidarité organisée dans la capitale française, son statut de commandeur des croyants lui interdisant de défendre le droit au blasphème. On le dit aussi choqué et alarmé, en privé, par le tour que prend le débat sur l’islam en France, attisé par une partie de la droite et de l’extrême droite, ainsi que par certains médias de la sphère Bolloré. « Le rappeur Maître Gims, avec lequel il s’entretient de façon régulière, a pu le conforter dans cette vision d’une France de plus en plus raciste et islamophobe », assure un diplomate français.
Ironie de l’histoire : les partis qui attisent le plus les crispations identitaires autour de l’islam, le Rassemblement national et Les Républicains, sont les plus promarocains de l’espace politique français. Ils ont régulièrement reçu un bon accueil à Rabat. Nicolas Sarkozy, le premier à lancer le débat sur l’« identité nationale » en France, à la fin des années 2000, passe souvent des vacances dans des palais mis à sa disposition par Mohammed VI. Quant à Jean-Claude Martinez, ancien vice-président du Front national (1985-2008), il a publié, en 2015, une biographie dithyrambique du souverain marocain, Mohammed VI. Le roi stabilisateur (éditions Jean-Cyrille Godefroy). Ce n’est que le énième paradoxe de ce roi qui s’inquiète des extrêmes en France mais leur déroule le tapis rouge chez lui. Un roi plus modeste et accessible que son père, mais beaucoup plus riche et lointain que lui. Un roi qui s’autorise audaces et libertés, mais n’en accorde pas tant que ça à ses sujets. Un roi libéral qui a éteint toute forme d’opposition dans son pays. Un roi, enfin, qui n’aime guère gouverner, mais se délecte à régner.
Le Monde d’août 2025, Christophe AYAD et Frédéric BOBIN
Les Équipes Unionistes Luthériennes (EUL), mouvement de jeunesse protestante engagé depuis un siècle, célébreront leur centenaire les samedi 23 et dimanche 24 mai 2026 à Neuwiller-lès-Saverne.
Sous le thème « 100 ans pour grandir ensemble », cet événement unique sera l’occasion de revenir sur un siècle d’engagement au service des jeunes, autour des valeurs d'éducation populaire, de solidarité et d’ouverture.
Nous vous invitons chaleureusement à rejoindre cette grande fête conviviale et fédératrice, ouverte à toutes et tous : anciens, familles, jeunes et partenaires. Que vous souhaitiez simplement participer ou vous engager comme bénévole, votre énergie et votre enthousiasme seront précieux pour faire de ces journées un succès.
Dès la rentrée, vous pourrez retrouver toutes les informations sur le programme d’activités de l’année : week-ends pour catéchumènes, rencontres pour animateurs et animatrices bénévoles, participation à la rencontre internationale de Taizé à nouvel an, retraites de Pâques pour adultes et familles, et bien plus encore.
Toutes les informations pratiques, le programme détaillé du centenaire et les modalités de bénévolat seront disponibles dès octobre sur le site officiel : www.eul.alsace.
Réservez d’ores et déjà ces dates dans vos agendas, et préparez-vous à célébrer avec nous 100 ans d’histoire et d’avenir partagés !
Barbara Siéwé,
Pasteure secrétaire générale des EUL