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Actualités de 2025

Lucidité
Ecologie, décroissance, emprise de la technique sur nos vies : le penseur protestant français a devancé toutes les questions de notre siècle.

« Notre société est pire que celles où l’on vivait dans un univers religieux, car ces sociétés connaissaient le doute et les incertitudes, alors que le croyant en des solutions scientifiques et techniques est l’inexpiable bourreau collectif de notre monde, insensible aux remords autant qu’aux scrupules. »
Jacques Ellul, La Foi au prix du doute (1980)

Par sa biographie, Jacques Ellul est un homme du XXe siècle : il naît en 1912 et décède en 1994. Mais sa force visionnaire et la clairvoyance de son propos en font un penseur du XXIe siècle : les idées qu’il développe anticipent les grandes inquiétudes de notre temps. Et dans des domaines extrêmement diversifiés : Ellul a été à la fois professeur de droit et sociologue, théologien protestant et précurseur du mouvement écologiste, critique acharné de la technique et promoteur d’une espérance qui prend en compte toutes nos limites…

Apôtre de la décroissance
« On ne peut poursuivre un développement infini dans un monde fini. » Qui se souvient que c’est à ce protestant bordelais que revient la paternité de cette formule ? Pour Ellul, cette réalité constitue une évidence quand il voit notre mode de vie, notre système de croissance exponentielle et la finitude de notre planète : il entend donc lancer un signal d’alarme. Depuis les années 1930, il défend des positions qui pourraient être signées aujourd’hui par les écologistes : il y parle de sobriété, de révision des besoins, des dangers du productivisme… Et dans ces écrits affleure pour la première fois une autre formule qui a fait florès depuis : « Penser global, agir local. »

Mais d’où vient à Jacques Ellul cette intuition hors du commun ? Sans conteste de sa foi réformée, selon Frédéric Rognon, professeur de théologie à Strasbourg : « Le propre de la foi protestante est de relativiser toutes les œuvres humaines. Pour Ellul, ce qui est de l’ordre de la politique, de l’économie, de la technique ne doit donc pas être idolâtré. La conviction de se situer devant Dieu l’amène à un recul critique par rapport à tout ce qui enthousiasme ses contemporains. »

Dialogue théologique et sociologique
La foi chrétienne donne dès lors à Jacques Ellul la « lucidité prémonitoire » pour mettre en cause la religion de la croissance et la sacralisation de la technique. Car toute sa réflexion se situe dans une dialectique entre théologie et sociologie, dans un dialogue entre lecture de la Bible et analyse des mutations contemporaines.

Le juriste-théologien en est convaincu dès les années 1950 : notre société est déterminée par la technique. Celle-ci représente un système clos, qui étend sa puissance sur toute chose, réduisant même la politique à une illusion. Et tandis que la société découvrait les prémices d’internet, Ellul avait perçu depuis des décennies déjà que « par manque d’imagination et de volonté, l’homme s’est subordonné à l’information au lieu de la dominer ». Un constat implacable, mais combien réaliste à l’heure où l’intelligence artificielle effraie même les plus technophiles !

Pessimiste, Ellul ? Sans doute, mais « plein d’espérance », ajoutait-il. Car ce n’est que lorsque l’humain ne peut plus rien que Dieu peut enfin tenir ses promesses.

Christianisme subverti
Ellul se convertit à la foi chrétienne à 18 ans et choisit le protestantisme : « J’ai lu les théologiens catholiques, et je suis arrivé à la conclusion que les auteurs protestants étaient plus proches de ce que j’avais compris de la Bible. » Engagé dans l’Eglise réformée comme prédicateur, mais aussi durant quinze ans au sein de son Conseil national, il déplore pourtant la « subversion du christianisme », réduit à une morale et à des fêtes. Il l’assène : « Si le Saint-Esprit est, était, avait été avec les chrétiens et avec les Eglises, nous n’aurions pas assisté à cette terrible subversion qui a fait prendre pour christianisme exactement l’inverse. ».

En savoir plus sur jacques ELLUL : au Éditions Mennonites ICI

Par "Réformés" - le journal - Novembre 2024

Je pense souvent à Jean Calvin, j’ai bien des raisons de penser à lui.
Une de ces raisons, c’est l’affirmation que Dieu seul connait qui sont les siens (2 Timothée 22:19).
Que Dieu les connaisse, c’est simplement évident, mais qu’il soit le seul, c’est à proprement parler vertigineux. Car ainsi rien de ce que fera une Église, prières, cultes et solennités… ne lui permettra jamais d’avancer vers cette connaissance qui n’appartient qu’à Dieu, maintenant depuis toujours et pour toujours.

Ce commencement de réflexion nous fait arriver à une autre raison de penser à Jean Calvin. Une raison dont il lui est souvent fait reproche, la doctrine de la double prédestination : Dieu sait depuis toujours, c'est-à-dire dès avant la fondation du monde (Matthieu 25:34), qui sont ses élus, et qui sont les réprouvés.
Quoi que l’être humain fasse, il ne pourra rien changer au sort que Dieu lui a déjà choisi, l’éternelle béatitude ou l’éternel tourment.
Chaque fois que ce sujet est abordé, ce sont les mêmes protestations qui reviennent. « A quoi bon faire tout ce que nous faisons de bon dans notre vie humaine, si tout est décidé d’avance ? »
Et bien cela relève de la connaissance de Dieu, qui est Dieu.
Et là Jean Calvin, avec un brin d’humour, fait remarquer que ceux qui s’aventurent sur ce terrain risquent de n’y rien trouver de ce qu’ils recherchent, et risquent surtout d’attraper des maux de tête.
En fait, dans la pensée du 16ème siècle, lorsque l’être humain croyait en un au-delà béatifique ou infernal, et œuvrait sa vie durant pour mériter son paradis, la doctrine de la double prédestination était une prédication libératrice. Et ne pas savoir était synonyme de liberté.
Je pense ici très fort à lui : quelqu’un veut-il de cette liberté-là ?
Luther, avant Calvin, avait déjà repéré que, même chez certains de ses amis Réformateurs, cette liberté que donne la grâce seule était une ouverture à la vie tout simplement insupportable.
La servitude est plus facile à vivre que la liberté, nous le savons depuis le livre de l’Exode.

Si je pense encore à Jean Calvin après tout ça, c’est pour me dire que la doctrine de la double prédestination a aujourd’hui une conséquence que je trouve belle.
Elle supprime tout commerce avec Dieu.
Elle supprime toute image possible d’un Dieu commerçant.
Elle fait ainsi entrer le croyant dans sa majorité : penser et agir librement, et en répondre.
L’initiative est aux croyants.

Pasteur Jean Dietz

Je pense souvent à Martin Luther. Il y a plein de bonnes raisons de penser à lui. L’une, c’est l’Appel à la noblesse chrétienne de la nation allemande pour la réforme de l’état chrétien. Le titre est long, le texte date de 1520. On y trouve un projet de société basé sur l’égalité de tous devant la loi, du plus petit au plus grand. Et c’est de ce projet stupéfiant que jaillira l’idée du sacerdoce universel des croyants tous ensemble.

Je pense souvent à lui qui inspira son ami et collaborateur Philippe Melanchthon, rédacteur et défenseur de la Confession d’Augsbourg et de l’Apologie. Septième article : L’Église est présente là où l’évangile est purement enseigné et les sacrements droitement administrés. En une seule phrase il y a ce qui est peut-être le cœur de toute la Réforme. L’Église n’y relève pas de la soumission à un pouvoir pyramidal, mais du commun accord des fidèles. Bien sûr il faut s’entendre sur les adverbes ‘purement’ et ‘droitement’, mais nous ne sommes pas démunis. Lisez ce qui suit.

Je pense souvent à Martin Luther et à l’expérience personnelle qu’il relate, celle d’un homme qui cherchait en l’Évangile comment soulager craintes et angoisses et qui, tout à coup, vécut une sorte d’illumination en comprenant qu’en l’Évangile tout est grâce, et que c’est gratuitement que Dieu sauve. Il semble que sa méditation de Romains 1,16-17 ait été décisive sur ce point. L’adverbe ‘purement’ et l’adverbe ‘droitement’ prennent ici le sens de ce qui est gratuit.

Je pense à lui qui ne cessa jamais de veiller et de ferrailler pour que ce message bouleversant ne se perde pas, ne soit pas rabattu sur des obligations qui reviendraient s’imposer à ces chrétiens que la grâce divine aurait pourtant libérés. Oui, c’est par grâce seule que Dieu sauve, et non, l’homme ne peut en aucun cas contribuer à son propre salut.

Je pense à Martin Luther qui, pour que le message passe, écrivit deux catéchismes, l’un à destination des fidèles, l’autre à destination des catéchètes. Et qui fut aussi un commentateur infatigable et inspiré des Saintes Écritures, irremplaçable commentaire de l’Épître aux Galates, entre autres.

Enfin, je pense à lui dont l’un de mes maîtres disait qu’il est le seul protestant qui pourrait être canonisé. Un autre maître nous disait que chacun devrait lire le traité De la liberté du chrétien (1520) au moins une fois… par an.

Pasteur Jean Dietz

Le président américain, Donald Trump, a la volonté de juguler les contre-pouvoirs, mais parviendra-t-il à ses fins ?

Dans sa conception du gouvernement, le président américain, Donald Trump, aspire à un pouvoir autoritaire au même titre que Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan ou Xi Jinping. La différence entre les États-Unis, la Russie, la Turquie ou la Chine est que les premiers sont une démocratie dans laquelle demeurent des contre-pouvoirs, alors qu’ils sont muselés dans les trois autres. C’est dire les enjeux de notre article sur la vitalité de la démocratie étasunienne.

Pour penser l’importance des contre-pouvoirs, nous pouvons faire un détour biblique et revenir au livre de l’Exode, qui marque la libération du peuple et la constitution des enfants d’Israël en une nation. Pendant cette marche vers la liberté, Moïse a institué trois ordres : des juges, des prêtres et des anciens, ce qui correspond à une première séparation des pouvoirs entre le judiciaire, le religieux et le politique. Par la suite a émergé un quatrième pouvoir, celui des prophètes, qu’on peut assimiler au pouvoir d’interpellation au nom de la justice.

«Ton pouvoir ne tiendra pas»
Nous prendrons deux exemples sur les bénéfices du maintien de cette distinction. Le premier roi s’appelait Saül. Il a été choisi par Dieu, pourtant il a fait une faute qui a conduit à sa perte : alors qu’il se préparait à livrer une bataille contre les Philistins, comme le prêtre tardait à venir, il a offert un sacrifice pour demander à Dieu de bénir son armée. Quand Samuel est arrivé et qu’il a appris ce qu’avait fait le roi, il a prononcé la sanction : « Ton pouvoir ne tiendra pas » (1 S 13, 13-14). Saül a été déchu parce qu’il n’a pas respecté la séparation du politique et du religieux.

Le deuxième exemple concerne le rôle des prophètes, chargés de dénoncer les injustices et de rappeler aux rois qu’il existe une loi au-dessus d’eux. Parce que les prophètes gênaient, les rois ont eu tendance à susciter des prophètes de cour affirmant que tout ce qu’ils faisaient était juste. Les sages ont remarqué que lorsque le roi se laissait interpeller par le prophète – comme sous le règne de David – le pays prospérait alors que lorsque le souverain voulait contrôler la parole des prophètes, le royaume déclinait. Pour revenir à l’actualité, la vitalité d’une démocratie repose sur la juste place occupée par les différents pouvoirs au sein des institutions.
Le président Trump a la volonté de juguler les contre-pouvoirs, en a-t-il la possibilité ?
Sauront-ils résister ?
De la réponse à ces questions dépend l’avenir de la plus vieille démocratie du monde moderne.

Un éditorial du pasteur Antoine Nouis, directeur de Réforme.

Si l’on part du postulat d’André Malraux que « l’art est le plus court chemin de l’homme à l’homme » proposer de l’art-thérapie aux résidents du Diaconat s’imposait !

Nous croyons que l’art-thérapie offre de nombreux bienfaits pour la personne âgée. Nous proposons à nos aînés non seulement un accompagnement dans le soin mais aussi dans leur épanouissement personnel, même dans les dernières années de leur vie.

L’art-thérapie est une technique qui utilise la médiation artistique comme outil thérapeutique. Par divers outils artistiques, le résident s’exprime en laissant émerger ses émotions, son vécu et ses souffrances dans un but de mieux-être.

Elle est comme un tremplin vers les choses enfouies et non exprimées. Les troubles les plus caractéristiques que nous rencontrons chez nos aînés sont des troubles de l’expression, de l’altération de la mémoire, de la communication et de l’anxiété.

"L'art, c'est le reflet que renvoie l'âme humaine éblouie de la splendeur du beau." Victor Hugo

Pour en savoir plus c’est ICI

Fondation SONNENHOF.

Le décès du pape François suscite une vive émotion, largement partagée bien au-delà des frontières du catholicisme. Par sa parole, sa posture, et sa capacité d'écoute, il a su forcer un profond respect, y compris parmi les non-croyants. Dès les premiers hommages, les analyses s’affrontent pour tenter de le situer : avait-il une sensibilité de gauche ou était-il conservateur ? A-t-il été un réformateur répondant aux attentes de réformes de la Curie ? de l’Église ? Force est de constater que ces catégories apparaissent bien insuffisantes pour saisir l’originalité de son ministère.

Deux traits fondamentaux de sa personnalité offrent une clé de lecture de l’ensemble de son action. D’abord, sa conscience aiguë de l’unité du vivant. Le pape François percevait…

son ministère comme une responsabilité universelle, englobant l’humanité tout entière et la création. Il rappelait, à la suite de François d’Assise, que chaque être humain et chaque élément de la création possède une valeur inestimable. Ensuite, cette conscience s’accompagnait d’une empathie rare : chaque visage qu’il rencontrait illuminait le sien. Chaque drame humain le saisissait en son for intérieur.

Ces deux dimensions – conscience de l’unité et empathie – irriguent ses engagements majeurs : l’œcuménisme et le dialogue interreligieux, la solidarité avec les pauvres et les migrants, le plaidoyer en faveur d’une écologie intégrale car « tout est lié », sa lutte contre l’antisémitisme et toute discrimination, sa proximité concrète avec les chrétiens de Gaza, son incessant appel à la paix. Elles éclairent également ses critiques vigoureuses des systèmes économiques peu soucieux des humains et de la création, celles des discours populistes niant le bien commun de tous les vivants, celle de la guerre et de ses logiques mortifères.

Ces mêmes ressorts intérieurs ont guidé sa réforme de l’Église catholique et de la Curie romaine. Avec détermination mais sans rupture brutale, il a engagé l’Église sur un chemin d’écoute et de transformation. L’ampleur du processus synodal – impliquant les fidèles du monde entier – marque une inflexion irréversible dans la manière de discerner ensemble. En y associant les autres Églises chrétiennes, il a posé les jalons d’un cheminement commun, promesse d’un avenir œcuménique renouvelé. Ses réformes ne sont pas de l’ordre d’un aboutissement, mais plutôt de l’initiation d’un chemin et d’une promesse.

Le pape François fut un pasteur catholique habité par une conscience universelle. La conscience demeure toujours libre dans sa parole. Elle est un inconfort, car elle rappelle ce qui est juste, interroge les certitudes établies et conteste les logiques du malheur.

La Fédération protestante de France rend grâce à un homme de foi dont la parole, libre et audacieuse, a résonné bien au-delà des frontières ecclésiales. Porteuse d'espérance, de vérité et de paix, elle a su réveiller les consciences. Son héritage continue d’inspirer celles et ceux qui œuvrent pour la paix, la dignité de toute vie et la fraternité humaine.

Pasteur Christian Krieger, président de la FPF
Fédération Protestante de France

"L'Eglise ira de l'avant. Dans son histoire, je ne suis qu'un passage.
Si, aujourd'hui, les nouvelles générations déclarent avoir un rapport difficile avec la religion, nous devons nous interroger sur notre témoignage bien plus que sur la sécularisation.
Ce sont les témoins qui touchent les cœurs.

L'Eglise doit grandir dans la créativité, dans la compréhension des défis de son temps, s'ouvrir au dialogue, et non se refermer dans la crainte. Une Eglise fermée, effrayée, est une Eglise morte.  Il faut avoir confiance dans l'Esprit, qui est le moteur et le guide de l'Eglise, et qui fait toujours du bruit.

Nous devons sortir de la rigidité, ce qui ne signifie pas tomber dans le relativisme, mais aller de l'avant, parier. Nous devons échapper à la tentation de contrôler la foi, car on ne contrôle pas le Seigneur Jésus, Il n'a besoin ni d'auxiliaire de vie ni de gardien. L'Esprit est liberté. Or la liberté, c'est aussi le risque.

Nous devons avoir conscience que nous sommes passés d'un christianisme inséré dans un cadre social hospitalier à un christianisme « de minorité », ou mieux, de témoignage. Cela demande le courage d'une conversion ecclésiastique, non une crainte nostalgique. 

Nous avons le devoir d'être vigilants et conscients, et de vaincre la tentation de l'indifférence. Le contraire le plus quotidien de l'amour de Dieu, de la compassion de Dieu, de la miséricorde de Dieu, c'est l'indifférence. Le véritable amour est inquiet. Le chrétien tend la main.

Pour nous chrétiens, l'avenir a un nom, et ce nom est espérance.
Espérer ne signifie pas être des optimistes naïfs qui ignorent le drame des maux de l'humanité. L'espérance est la vertu d'un cœur qui ne s'enferme pas dans le noir, qui ne s'arrête pas au passé, ne vivote pas dans le présent, mais qui sait voir de manière lucide le lendemain.
Inquiets et joyeux, voilà comment nous devons être, nous chrétiens.

Là où se trouve vraiment l'Evangile, non son ostentation, non son instrumentalisation, mais sa présence concrète, il y a toujours la révolution. Une révolution dans la tendresse. 

La tendresse n'est pas une faiblesse : c'est une véritable force.
C'est la voie qu'ont parcourue les hommes et les femmes les plus forts et les plus courageux. Suivons-là, luttons avec tendresse et courage.

Suivez-là, luttez avec tendresse et courage... Je ne suis qu'un passage.

Le vent de l'Esprit n'a pas cessé de souffler.
Faites bon voyage, frères et sœurs."

Pape François
17 décembre 1936 - 21 avril 2025.
*Extrait de « Espère », sa dernière autobiographie parue en janvier 2025 chez Albin Michel.

Isabelle GERBER, nous présente l’ambitieuse démarche CAPS 2025-2035 : une réflexion collective sur la mission de l’Église dans les dix prochaines années.
Foi, jeunesse, écologie, solidarité, communication… autant de défis à relever pour une Église en mouvement, connectée aux enjeux d’aujourd’hui et de demain.
Episode à écouter dans son intégralité en cliquant ICI

Isabelle GERBER
Pasteure, présidente de l’Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (UEPAL), présidente de l'Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine (EPCAAL).

 

Une paraplégie plonge Pascale Haller-Jahn dans une réalité brutale et inattendue : celle du handicap et de l’impuissance. Elle est sidérée. L’impuissance lui inflige de nombreuses blessures. L’humiliation de la dépendance est la plus grande.
Un processus de deuil débute. Rien ne sera plus comme avant. L’espoir de guérir s’évapore, l’angoisse monte, la dépression jette son voile noir. Comment se débarrasser de cette gangue d’impuissance qui lui colle à la peau ?
Après une longue hospitalisation, Pascale se met en quête de légitimité en tant que personne handicapée. Le regard de l’autre est souvent source de déception…
La ténacité de Pascale l’incite néanmoins à se lancer des défis. Ils orientent son regard vers un horizon nouveau. Ce regard provoque un renversement inédit.
L’autrice nous entraîne à sa suite dans sa découverte lumineuse de profondeur et de puissance.

Vivre la puissance dans l’impuissance, Pascale Haller-Jahn. Édition Olivétan. Mars 2025.
Pascale Haller-Jahn est aumônier hospitalier protestant à la clinique de la Toussaint à Strasbourg

Chaque jour qui passe, nous sommes inondés de messages belliqueux, de contre-vérités et de nouvelles injonctions. Le discours du Président de la République à la nation, le ministère des armées, à travers la Fédération Protestante de France, nous commandent de nous préparer à un conflit de haute intensité, une éventuelle catastrophe naturelle, une possible nouvelle pandémie.
Tout ceci est effrayant et la peur distillée fait partie de la stratégie de communication à l’œuvre.
Médusés, angoissés, les citoyens sont plus à même d’accepter des sacrifices au profit d’un réarmement massif.
L’impréparation est rarement gage du meilleur, mais à quoi convient-il de nous préparer ?

Tout le message biblique nous met à cœur de ne pas nous laisser submerger par la peur. La peur fige. Elle risque d’enfermer dans la passivité. « C’est dans le calme et la confiance que sera votre force » (Esaïe 30,15).

Aujourd’hui, j’aimerais vous demander de témoigner, rayonner d’autre chose. Soyons prêts à relayer une autre voix ; celle des chrétiens qui vivent d’espérance. Nous croyons, forts des paroles du prophète Jérémie, que Dieu veut pour nous le bonheur. Il nous donne un avenir à espérer.
Nous répondons à l’angoisse et la détresse par la solidarité, la prière et l’action.

Nous sommes à mi-carême, dans ce temps mis à part pour nous préparer à Pâques. La liturgie prend en compte le besoin de travailler sa disposition, sa disponibilité pour accueillir ce qui vient.
A quoi sommes-nous prêts, comment nous préparons-nous ? Durant le Carême, les uns renoncent à la viande, d’autres au chocolat. Certains se disciplinent pour un temps de prière ou de lecture de la Bible plus long, plus fréquent, un acte de solidarité précis, un don pour les plus précaires.
Ces temps liturgiques forts ; Carême, la semaine sainte, Pâques, sont autant de repères pour combattre la paresse communautaire, autant d’occasions de renouer avec la communauté, de prendre conscience de notre force lorsque nous acceptons de faire et vivre les choses ensemble.

Le temps de l’information et de la désinformation s’accélère. Donald Trump sature l’espace médiatique. Nous sommes noyés par un flot de provocations permanent. Comment nous en protéger ? Comment nourrir notre engagement ?
En nous armant de patience, d’intelligence, de dialogue, de liens et de sens. L’Europe, sidérée, démunie, n’a d’autre alternative que de s’unir. Comme nous n‘avons d’autre choix que d’unir nos efforts devant l’urgence démocratique, climatique, spirituelle du moment.

Aujourd’hui, nous débattons des suggestions de la Commission d’amélioration, pour traduire de manière concrète notre préoccupation démocratique dans le processus électoral à la présidence du Directoire. Nous sommes bien petits pour faire face aux changements majeurs en cours sur le plan géopolitique, environnemental et sociétal, mais nous prenons notre part.
Je veux mentionner notre participation à la réflexion œcuménique sur la synodalité, en marge de la venue du patriarche Bartholomée 1er au Conseil de l’Europe et à la Cathédrale de Strasbourg. Je mentionne la signature, le 3 avril prochain, d’une convention UEPAL/ Chapitre de St Thomas sur la gestion des terres avec la ville et l’Eurométropole de Strasbourg. Je salue l’élaboration, par la CASPE, d’un programme ambitieux, pensé sur deux années, sur la thématique d’Église et démocratie.

Début avril, aidée par l’ACO (Action Chrétienne en Orient), la CPLR (Communion Protestante Luthéro-Réformée) organise à Lyon un forum sur Israël-Palestine pour déconstruire les discours de haine, comprendre les enjeux et découvrir les initiatives courageuses qui tentent de construire la paix pour que demain ne soit pas la répétition des humiliations et massacres d’hier et d’aujourd’hui.
Le 8 mai, nous fêterons, de manière transfrontalière, les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale en invitant à une prière pour la paix. D’ennemis héréditaires, la France et l’Allemagne sont devenues des pays amis. Un travail de réconciliation a eu lieu, chassant l’évidence du conflit.

Enfin, un mot pour dire merci à toutes celles et à tous ceux qui s’associent à la réflexion sur les caps à prendre et tenir pour les années à venir dans l’UEPAL. La situation se tend, avec le manque de pasteurs, les nombreux départs à la retraite. Les paroisses s’inquiètent. Nous devrons, ensemble renoncer à des modèles et en inventer d’autres pour redonner une perspective, redonner du souffle.
J’exprime ma plus vive reconnaissance envers les bonnes volontés qui partagent leur maison, leur presbytère, leur budget, leurs forces matérielles et pastorales pour venir au secours des personnes ou paroisses désorientées.
Les porteurs et porteuses d’Évangile manifestent qu’un autre monde est possible, où vivre ensemble, faire preuve de solidarité, est enrichissant et beau. Leur témoignage nourrit, quotidiennement, nos raisons d’espérer.

Isabelle GERBER
Pasteure, présidente de l’Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (UEPAL), présidente de l'Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine (EPCAAL).
22 Mars 2025 – ERSTEIN

Le pasteur Louis Pernot, rappelle que l'espérance chrétienne est au fond une folie face à la violence destructrice du monde.

« J’espère dans la victoire de la paix et de la douceur, j’espère que tout est toujours possible face aux prédictions de malheurs », lance-t-il.
Nous ne pouvons pas savoir de quoi demain sera fait, nous savons seulement que la vie n’est que changement et passera forcément par des chemins neufs.
La seule vertu essentielle est ici la patience.

Voir la vidéo ICI

Le 3 mars, dans deux articles, nous évoquions l’engagement des Églises évangéliques au côté du candidat, puis du Président, Donald Trump, et nous présentions les résultats d’une enquête de l’IFOP qui mesure l’importance des différents courants au sein du protestantisme en France. Ce mois-ci nous revenons sur ce qu’on qualifie « évangéliques ».

« Évangéliques », « pentecôtistes », « charismatiques » : autant d'étiquettes apposées à des personnes, à des mouvements ou à des Églises qu'il n'est pas toujours possible de distinguer clairement. La difficulté vient sans doute de ce que chacun de ces termes peut prendre des significations différentes selon la réalité théologique ou ecclésiologique à laquelle il s'applique.

Sur le plan historique, les Évangéliques sont les « aînés » avec leurs quelques 200 années d'existence en France. Ils ont commencé par le dur labeur d'évangélistes itinérants dans un paysage rural fort hostile. Ils se répartissent aujourd’hui dans différentes dénominations.

De son côté, le pentecôtisme vit dans sa quatrième génération. Les fondateurs du Mouvement de Pentecôte ont moissonné dans des villes moyennes parmi une population mécontente du catholicisme. Les premiers Pentecôtistes comptaient bien des ouvriers, petits commerçants et artisans. Le Mouvement évolue en deux branches principales : les Assemblées de Dieu et la Mission Évangélique Tzigane.

Quant aux charismatiques, ils figurent comme les « cadets » car leur mouvement ne compte que deux générations. Le Renouveau charismatique s’est structuré en communautés reconnues, mêmes si les Charismatiques se trouvent encore dans plusieurs Églises protestantes comme de petits courants minoritaires. C’est un Mouvement trans-confessionnel ayant une implantation forte dans les grandes villes. Il a touché relativement beaucoup d'intellectuels et employés du secteur tertiaire. Les Charismatiques se disent d'abord Réformés, Luthériens, Baptistes, Évangéliques avant d'être « Charismatiques ».

Quelles sont leurs sensibilités spirituelles ?
Les Évangéliques mettent l’accent sur la véracité de l'inspiration divine des Saintes Écritures, comme une réponse au « libéralisme » théologique issu des Lumières. Ils offrent une variété diversifiée d'enseignements, allant du calvinisme orthodoxe à la lecture darbyste des Écritures (approche littérale des textes bibliques), passant par ceux qui préfèrent des « vérités fondamentales » aux théologies globales.

Les Pentecôtistes, eux, se soucient de la réalité de l'expérience du baptême du Saint-Esprit dans le croyant, attestée par le don de parler en langues. C'est leur réponse au rationalisme englobant marqué par l'évolution des sciences. Comme les Évangéliques aiment parler de la « nouvelle naissance », œuvrant inlassablement pour l'évangélisation organisée, les Pentecôtistes aiment parler du « baptême du Saint-Esprit », cherchant avec ferveur à amener leurs proches dans cette expérience.

Autre manière d’être pour les Charismatiques, qui valorisent la participation charismatique des chrétiens priant ensemble, ce qui constitue une réponse à l’individualisme typique de notre temps. Ils aiment « faire la louange » en communauté de prière, y trouvant une piété chaleureuse pour eux-mêmes et attirante pour leurs contemporains.

Comment leurs pasteurs sont-ils formés ?
Les pasteurs évangéliques sont diplômés des facultés et écoles bibliques évangéliques, alors que les responsables pentecôtistes sont formés en principe « sur le terrain » par des « serviteurs de Dieu » expérimentés, nouant aussi les liens relationnels qui constituent la cohésion de l’ensemble. Aucun établissement ne forme officiellement de pasteurs charismatiques.

Combien sont-ils ?
L'ensemble des dénominations évangéliques en France compterait 100.000 personnes, les Églises pentecôtistes 130.000 personnes. Le nombre des Charismatiques en France est estimé à 15.000 personnes.

Quels sont leurs divers modes d’organisation ?
Les Églises Évangéliques sont dispersées, avec des dénominations nombreuses, qui se concurrencent parfois. Les unes sont relativement structurées, repérables sous forme d'unions d'Églises respectant une déontologie élaborée et d'autres sont individualistes dans des communautés locales quasiment autonomes. Les Assemblées de Dieu sont les plus soudées, mais elles sont aussi relativement enfermées en elles-mêmes. Leur mouvement offre sans doute une alternative réelle aux yeux des Français éloignés du catholicisme. Les liens informels mais solides entre les « serviteurs de Dieu » leur assurent une cohésion efficace. L'unité de la Mission Évangélique Tzigane provient de la spécificité culturelle propre à la population touchée. Les Charismatiques demeurent dans les marges, même si certains d'entre eux font partie de la Fédération Protestante, contrairement à la plupart des Évangéliques et Pentecôtistes.

Pasteur Evert VELDHUIZEN

La présidente de l'Union des Eglises protestantes d'Alsace et de Lorraine (UEPAL) revient sur la polémique qui entoure l'avenir de l'église de Zehnacker, les séquelles de la crise sanitaire sur les pratiques religieuses 5 ans après les confinements et la signature prochaine d'une convention avec l'Eurométropole de Strasbourg concernant les biens immobiliers et les terrains gérés par le Chapitre Saint Thomas.

Écouter l’interview ICI

La Fédération protestante de France publie une enquête de grande envergure. Elle met au jour une stabilité du taux de protestants (2%), toutes sensibilités confondues, en France. Ils ont en commun d’être favorables à la légalisation d’une aide active à mourir et à la constitutionnalisation de l’IVG.

Un sondage d’une telle ampleur n’avait pas été réalisé depuis mai 2010. Commandée par la Fédération protestante de France, l’enquête réalisée par l’Ifop a été rendue publique jeudi 23 janvier. Elle dresse le portrait d’un protestantisme en mutation, notamment marqué par la montée des évangéliques. Elle présente également dans le détail le nouveau paysage protestant.  Découvrez point par point les grandes lignes de cette très vaste étude sur laquelle Réforme reviendra plus longuement dans les prochains jours.

Stabilité. Représentant 2% de la population de la France métropolitaine, les protestants constituent le troisième groupe religieux après les catholiques et les musulmans. Premier constat, donc : la part des protestants reste stable, et ce malgré un contexte de sécularisation. La part de 2% qui signifie même une légère hausse, compte tenu de l’augmentation de la population française. “Sur les 66 millions d’habitants que compte la France métropolitaine, il y aurait donc 1 320 000 protestants”, précise Jean-Paul Willaime, directeur d’études honoraire à l’École pratique des hautes études.

Montée des évangéliques. Autre constat, la part des évangéliques progresse de 15 points, par rapport à 2010. Ils représentent désormais 33% des protestants. Précision terminologique : dans l’échantillon des “protestants”, le sondage distingue “protestant” et “évangélique”. Pourquoi ? “Parce que certains évangéliques, sans nier leur filiation protestante, préfèrent se définir comme “évangélique” plutôt que comme “protestant”, explique Jean-Paul Willaime, le qualificatif de “protestant” leur paraissant trop lié au protestantisme luthéro-réformé. Dès lors, pour obtenir un ensemble d’enquêtés représentatif de toutes les sensibilités protestantes, le choix a été fait de proposer évangélique à côté de protestant”. Résultat : 67 % choisissent l’identification “protestante” (-15 points par rapport à 2010) et 33 % l’identification “évangélique” ou “chrétienne évangélique” (+15 points par rapport à 2010).

Jean-Paul Willaime souligne par ailleurs une singularité de l’Alsace-Moselle par rapport à d’autres régions : « la forte proportion du choix de “protestant ”: 87 % et le faible taux du choix d’“évangélique” : 13 %. Singularité de cette région où les cultes luthérien et réformé font partie des cultes reconnus et où, pour les autres expressions du protestantisme non liées à l’État, l’on parle d’“églises libres”».

Paysage protestant. La question “De quelle sensibilité religieuse vous sentez-vous le plus proche ?” permet de dresser le paysage du protestantisme en 2025.  La sensibilité évangélique représente 33% (contre 22% en 2010), la réformée 25% (37% en 2010), la luthérienne 13% (19% en 2010), la pentecôtiste 11% (5% en 2010), la libérale 8%, la baptiste 7% (ces deux sensibilités n’étaient pas mesurées en 2010), la charismatique 5% (2% en 2010), une “autre” sensibilité 11% (9% en 2010). À noter que les réponses majoritaires dans cette catégorie “autre” ne mentionnent “aucune” sensibilité religieuse ou “protestante”. Le total est supérieur à 100, les sondés pouvant donner plusieurs réponses.

Néo-protestants”. 25% des personnes se disant protestantes dans l’enquête ne l’étaient pas auparavant (contre 22% en 2010). Elles étaient très majoritairement catholiques (72%) ou sans religion (22%).

Pratique différenciée. 33 % des sondés déclarent assister au culte au moins une fois par mois (dont 21 % une fois par semaine). “Les protestants se distinguent nettement des 5 % de pratiquants réguliers observables dans le catholicisme, observe Jean-Paul Willaime. La surprise augmente encore lorsque l’on découvre que les plus jeunes pratiquent davantage que leurs aînés : 49 % des moins de 35 ans assistent au culte au moins une fois par mois (dont 28 % chaque semaine) alors que c’est le cas de 27 % des 35 ans et plus (dont 18 % chaque semaine).”

Et la fréquence de l’assistance au culte est très variable selon la sensibilité religieuse : 64% chez les charismatiques, 48% chez les évangéliques, 17% chez les luthéro-réformés et 16% chez ceux qui s’identifient à la sensibilité libérale.

Ouverture sur les questions sociétales. Les protestants dans leur ensemble apparaissent majoritairement favorables à la constitutionnalisation de l’IVG ainsi qu’à la légalisation de l’aide à mourir. Dans le cas de cette dernière, 67% des protestants y sont favorables (56% des moins de 35 ans, 71% des 35 ans et plus). “Beaucoup seront sans doute surpris de découvrir que l’opinion des protestants sur cette question complexe et controversée est majoritairement favorable quelle que soit sa sensibilité religieuse”, commente Jean-Paul Willaime. Ainsi les luthéro-réformés (78%), les libéraux (78%), les évangéliques (56%) et les charismatiques (55%) se disent favorables “à la légalisation d’une aide active à mourir”.

Pour ce qui est de la constitutionnalisation de l’IVG, cette mesure adoptée en mars 2024 est bien acceptée par 84% des luthéro-réformés, 87% des libéraux, 63% des évangéliques et 60% des charismatiques.

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 700 personnes protestantes, évangéliques ou chrétiennes évangéliques âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine tirées d’un échantillon global de 32 612 personnes représentatif de la population française. Enquête Ifop réalisée du 18 novembre au 11 décembre 2024.

Source : reforme.net - janvier 2025
Par Cathy Gerig et Stéphane Lutz-Sorg

Pour le sociologue Philippe Gonzalez, le mouvement évangélique a basculé dans l’engagement politique pour défendre l’identité culturelle chrétienne qui est au fondement des États-Unis. Explications.

L’élection de Donald Trump a mis en lumière le rôle déterminant des évangéliques blancs dans le paysage politique américain. Depuis les années 1980, ce groupe, qui représente une base solide pour le Parti républicain, s’est fortement mobilisé en faveur de candidats conservateurs. En 2024, plus de 80 % des évangéliques blancs ont voté pour Trump, malgré des controverses sur des sujets tels que l’avortement. Ce bloc religieux, historiquement influencé par la « moral majority », considère que préserver les valeurs familiales et morales dans une société de plus en plus fragmentée est une priorité.

Cependant, tous les évangéliques ne soutiennent pas cette ligne politique. Une minorité significative, environ 20 %, s’oppose au trumpisme et à son projet de domination culturelle. Ces résistants, comme les Red Letter Christians, mettent en avant un christianisme centré sur les enseignements de Jésus, prônant la justice sociale et le pluralisme. Leur action inclut le rachat d’armes pour les transformer en outils agricoles, le soutien aux sans-abris, ou encore une opposition active à la peine de mort. Cette approche repose sur une théologie du témoignage, privilégiant l’exemple personnel à l’imposition par la loi.

Le débat interne chez les évangéliques reflète une fracture entre conservateurs pluralistes et réactionnaires. Alors que les premiers, comme Russell Moore ou Jerushah Duford, défendent une approche ouverte et respectueuse des diversités, les seconds optent pour une vision hégémonique et parfois théologisée du pouvoir. Ce courant réactionnaire, marqué par des influences néo-réformées et charismatiques, voit dans la culture une bataille spirituelle et politique.

Face à cette polarisation, des initiatives telles que Christians Against Christian Nationalism défendent la séparation de l’Église et de l’État et la liberté religieuse pour tous. Ces résistants rappellent que le pluralisme n’est pas synonyme de faiblesse, mais bien une force dans une démocratie moderne.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Philippe Gonzalez
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag

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Kairos est le mot grec qui signifie « moment opportun ou décisif ».
C’est un mouvement chrétien palestinien, né du Document Kairos, qui prône la fin de l'occupation israélienne et la recherche d'une solution juste au conflit.

Trahison de la justice : Kairos Palestine rejette la proposition de nettoyage ethnique faite par Trump et appelle à une action au niveau mondial.
« Malheur à ceux qui prescrivent des lois malfaisantes et, quand ils rédigent, mettent par écrit la misère. Ils écartent du tribunal les petites gens et privent de leurs droits les pauvres de mon peuple. » Ésaïe, 10,1-2.

Bethléem, 6 février 2025.
Le 4 février 2025, le président Donald Trump et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui est lui-même l'objet d'un mandat d'arrêt délivré par la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre présumés, se sont rencontrés à la Maison Blanche pour échanger sur la situation actuelle à Gaza et plus généralement au Moyen-Orient. Au cours de cette rencontre, le président Trump a proposé un plan selon lequel les États-Unis prendraient le contrôle de la bande de Gaza et a suggéré que les Palestiniens soient réinstallés de manière permanente dans des pays voisins, comme la Jordanie et l'Égypte. Il a décrit Gaza comme un « site de démolitions » et un « enfer », reconnaissant ainsi et même soulignant que Gaza n'est plus habitable. Il s'agit là d'un aveu public sur la gravité des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis à Gaza par Israël avec le soutien des États-Unis d'Amérique. Le président Trump propose ainsi un projet de style néocolonial consistant à « vider Gaza de sa population » en vue d’un réaménagement « de classe mondiale » visant à transformer la bande de Gaza en une « Riviera du Moyen-Orient ».
Cette proposition maléfique de crime de guerre a été largement condamnée et ne doit en aucun cas être acceptée. Les dirigeants palestiniens et de nations tant arabes que non arabes ont totalement rejeté cette idée, la considérant comme un nettoyage ethnique et une violation flagrante du droit international. Le représentant palestinien aux Nations Unies a souligné le droit des Palestiniens à rester dans leur pays d’origine, déclarant que « Nous n'accepterons aucun plan visant à déraciner notre peuple de sa terre ». Le Conseil œcuménique des Églises a, de son côté, appelé le président Trump à « reconsidérer ce projet honteux et respecter le droit international ainsi que la dignité et des droits humains de la population de Gaza ».
Cette proposition dangereuse et irresponsable vient en même temps qu’un fragile cessez-le- feu entre Israël et le Hamas qui a commencé le 19 janvier 2025. Ce cessez-le-feu prévoit un échange de prisonniers, qui reste encore incomplet. L'approbation par le président Trump d'un nettoyage ethnique à Gaza mettra le cessez-le-feu en péril et entravera les négociations en cours pour la seconde phase de cet accord. De telles propositions et actions encourageront Netanyahou et son gouvernement fasciste à reprendre leur guerre génocidaire contre la population civile de Gaza et risquent de déstabiliser encore davantage cette région déjà bien fragile.
En même temps M. Mike Huckabee, que le président Trump vient de nommer ambassadeur en Israël, ainsi que d'autres membres du Congrès ont fait des déclarations dans lesquelles ils nient l'existence-même des « Palestiniens » en tant que nation, ainsi que celle de « la Cisjordanie ». Ces déclarations sont le reflet d’une tentative dangereuse de mettre en œuvre un nettoyage ethnique en Cisjordanie. Une telle position politique a conforté le désir expansionniste d'Israël. Nous constatons que dans la ville de Jénine et dans son camp de réfugiés, une opération militaire israélienne de grande envergure a entraîné le déplacement forcé de milliers de Palestiniens. Les attaques sanglantes qui ont commencé fin janvier 2025 ont transformé le camp de réfugiés de Jénine en une « ville fantôme » avec la destruction de nombreuses infrastructures et maisons. Selon l'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), les normes essentielles pour pouvoir y vivre n’existent plus, et de nombreux résidents ne savent plus où aller.
Pendant ce temps, la situation ne cesse de se détériorer dans l’ensemble de la Cisjordanie, et tout particulièrement à Bethléem où les sévères restrictions de déplacements, les confiscations de terres et la violence grandissante des colons rendent la vie insupportable aux résidents palestiniens. La récente décision du gouvernement israélien de démolir les maisons du village voisin d'Al-Nu'man et de déplacer ses habitants, effaçant de fait leur présence, met en évidence la campagne de nettoyage ethnique en cours contre les communautés palestiniennes. Les Palestiniens chrétiens, qui ont toujours fait partie de l'identité-même de la ville de Bethléem, subissent en ce moment d'énormes pressions à travers les conditions de vie insupportables qui leur sont imposées par l'occupation israélienne pour les faire partir. Les Églises et institutions religieuses n’ont cessé de condamner ces actions, rappelant que le berceau-même du christianisme est systématiquement vidé de sa population chrétienne autochtone.
Kairos Palestine condamne et rejette catégoriquement les plans du président Trump qui visent au déplacement forcé et à l'éradication de notre nation tout entière. Nous considérons ce plan colonialiste réactualisé comme diabolique, comme « un péché contre Dieu et la personne humaine », comme nous l’avions déjà écrit dans le document Kairos Palestine en 2009. Nous tenons le gouvernement des États-Unis et les lobbies sionistes chrétiens pour responsables, à cause du rôle qu’ils jouent dans le nettoyage ethnique du peuple palestinien et de la communauté chrétienne autochtone. Nous lui demandons, ainsi qu'à son gouvernement et à ses alliés, de respecter les droits inaliénables du peuple palestinien, de défendre son droit à l'autodétermination, et de mettre fin à tous les efforts visant à saper son existence au sein de sa patrie. Toute initiative qui se dit de paix alors qu’elle ne se préoccupe ni de justice ni de dignité humaine n'est rien d'autre qu'une prolongation de l'oppression. Nous souscrivons également à l'appel du Conseil œcuménique des Églises qui invite « tous les gens de foi et de bonne volonté à s'opposer à cette violation flagrante de la dignité humaine et du droit international ».
Dans notre document Kairos Palestine « Un moment de vérité » de 2009, nous avons écrit au paragraphe 4.2.1 : « L’injustice imposée au peuple palestinien, c’est-à-.dire l’occupation israélienne, est un mal auquel il faut résister et qu’il faut écarter. Cette responsabilité incombe tout d’abord aux Palestiniens eux-mêmes qui subissent l’occupation… Elle incombe ensuite à la communauté internationale, car c’est la légitimité internationale qui gouverne aujourd’hui les rapports entre les peuples ».
Il ne faut pas que la communauté internationale reste passive face à ces crimes de guerre et à ces crimes contre l'humanité. Il est impératif que les Églises, les hommes politiques et les dirigeants mondiaux prennent une position définitive. Ils doivent faire pression sur Israël et sur le président Trump pour qu'ils respectent l'accord de cessez-le-feu, mettent fin à l'occupation israélienne de Gaza et de l'ensemble des territoires palestiniens, et s'engagent à reconstruire Gaza sans conditions. En outre, le droit des Palestiniens à l'autodétermination doit être respecté, et les États-Unis doivent adhérer au droit international et arrêter de menacer des institutions comme la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice (CIJ).

Kairos Palestine
Traduit par les Amis de Sabeel France

Le souci de l'unité

Notre quotidien résonne de divisions. Il suffit d’interroger les familles, les communautés villageoises, notre pays, et les réalités internationales. L’Europe est divisée, le monde est divisé.

Les tyrans de la planète ont bien compris que la stratégie consistait à diviser pour mieux régner.

Soyons lucides sur ce qui est à l’œuvre dans les divisions que nous subissons ou cultivons. Tout ne se vaut pas, et nous sommes, par nos appartenances et convictions, tous et toutes fondamentalement différents. Mais la différence n’est pas un mal, bien au contraire, la contradiction oblige à réfléchir, permet de mûrir.

C’est fort de cette conviction au cœur de notre foi au Dieu (Elohim, un mot hébreu au pluriel) que nous cultivons le dialogue, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos Églises. La semaine de prière pour l’unité des chrétiens fut particulière cette année avec les 1700 ans du symbole de Nicée qui réunit les théologiens pour définir ensemble ce que nous croyons, espérons, attendons, ainsi que la venue du patriarche de Constantinople à Strasbourg, le patriarche « vert », précurseur de la militance écologique, qui plaide pour une date commune de Pâques entre Église d’Occident et d’Orient. Orthodoxes, catholiques, anglicans et protestants se sont retrouvés pour parler de ce qui nous unit et prier ensemble à la cathédrale de Strasbourg.

Dans toutes nos communautés, nous avons ouvert les portes pour prier autrement, avec les frères et sœurs qui appartiennent à d’autres traditions ou sensibilités du christianisme. N’acceptons pas d’être tributaires des personnes. L’œcuménisme n’est pas optionnel. C’est aux communautés de réclamer que les portes restent ouvertes de sorte que la foi puisse se dire et se transmettre dans une multiplicité de langages comme ceci nous a été révélé à Pentecôte.

Dans un monde fragmenté, dans un Occident autocentré, ayons la curiosité et le réflexe vital de nous exposer à la différence. Ce faisant nous contribuons modestement au maintien de la démocratie attaquée, fragilisée de toutes parts.

L’évêque épiscopalienne Mariann Budde nous a montré que prôner l’amour des plus vulnérables, de l’étranger (l’extra-nos, celui qui est différent de nous), le simple rappel du cœur de l’Évangile retentit comme un acte de résistance. Là où règne la division, ayons le souci de l’unité. Là où règne la haine et le mépris de l’autre, allumons la lumière de la parole.

Isabelle GERBER
Pasteure, présidente de l'UEPAL, présidente de l'Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine.

Dans cette méditation sur la parabole du fils prodigue, le pasteur Louis Pernot nous invite à une lecture renouvelée de ce texte majeur de l'Évangile de Luc.
À travers sept questions, il explore les dimensions psychologiques, théologiques et symboliques de ce récit familier, tout en nous réservant une énigme finale inattendue sur la signification des caroubes.
Accompagné de June Kim-Legave, il dévoile notamment une fascinante connexion avec Jean-Baptiste, enrichissant notre compréhension de la repentance et de la renaissance spirituelle. De la jalousie du fils aîné à la posture du père, en passant par la symbolique du veau gras, cette analyse minutieuse offre un éclairage contemporain sur les thèmes universels de la liberté, du pardon et de la joie en Dieu.
Voir la vidéo de la prédication ici.

Une femme d’Eglise interpelle publiquement en chair Donald Trump sur les migrants et les homosexuels. Cette femme s’appelle Marianne Edgar Budde. Elle est de confession épiscopalienne. Et elle est évêque de Washington.

Mardi 21 janvier, pendant le service religieux célébré dans la cathédrale, pour l’entrée en fonction du nouveau président des Etats-Unis, elle a prononcé un sermon qui fera date.
En effet, devant Donald Trump et sa famille, et les représentants de la nouvelle administration américaine, elle a interpellé directement le nouveau chef de la Maison blanche sur le respect dû aux migrants et aux personnes homosexuelles et transgenres.

D’une voix ferme et non dénuée d’émotion, mais aussi de courage, elle a déclaré :
« Permettez-moi une dernière prière, Monsieur le président.
Des millions de personnes ont placé leur confiance en vous et, comme vous l'avez dit hier à la nation, vous avez senti sur vous la main providentielle d'un Dieu aimant.
Au nom de notre Dieu, je vous demande d’avoir de la miséricorde pour les habitants de notre pays qui sont à présent terrifiés.
Il y a des enfants et des jeunes gays, lesbiennes et transgenres dans des familles démocrates, républicaines et indépendantes. Et certains parmi eux craignent désormais pour leur vie.
Et puis il y a des personnes... ces personnes qui cueillent nos récoltes, qui nettoient nos immeubles de bureaux, qui travaillent dans les élevages de volaille et les usines de conditionnement de la viande, qui lavent la vaisselle après nos repas dans les restaurants et qui travaillent de nuit dans les hôpitaux... Peut-être ne sont-ils pas des citoyens en règle, avec les papiers adéquats. Mais la grande majorité des immigrants ne sont pas des criminels. Ils paient des impôts et sont de bons voisins. Ils sont des membres fidèles de nos églises, mosquées, synagogues, gurdwaras (lieux de culte des Sikhs) et temples.
Je vous demande d’avoir de la miséricorde, Monsieur le Président, pour les membres de nos communautés dont les enfants craignent que leurs parents leur soient enlevés, et d’aider ceux qui fuient les zones de guerre et les persécutions dans leur propre pays à trouver ici, en Amérique, compassion et accueil.
Notre Dieu nous enseigne que nous devons être miséricordieux pour l’étranger, car nous avons tous été un jour des étrangers dans ce pays.
Que Dieu nous donne la force et le courage d’honorer la dignité de chaque être humain, de nous parler les uns aux autres en vérité dans l’amour et de marcher humblement les uns avec les autres et avec notre Dieu, pour le bien de tout notre peuple, pour notre bien à tous, peuples de cette nation et du monde. Amen. »

Donald Trump a qualifié l’évêque de « radicale de gauche » et a estimé que ses propos étaient non seulement malvenus, mais aussi manquaient de pertinence. Selon lui, elle avait « ramené son église dans le monde politique » d’une manière qui était « désagréable et peu inspirante ». En outre, il a déploré que l’évêque n’ait pas évoqué les questions graves liées à l’immigration illégale, telles que la criminalité, et a estimé qu’elle devait des excuses publiques à la communauté.

Commentaire de Tribune Chrétienne :
« Dès lors, la question demeure : l’évêque Marianne Edgar Budde doit-elle s’excuser auprès de Donald Trump pour avoir politisé un moment de prière et pour avoir fait abstraction des préoccupations sécuritaires et des tensions sociales que soulève la question de l’immigration illégale, des droits des gays et des transgenres ?
Ou, au contraire, ses propos reflètent-ils une position morale légitime dans le cadre de son engagement en faveur des plus vulnérables ? Ce débat soulève des interrogations importantes sur le rôle des figures religieuses dans les discussions politiques et sociales actuelles. »

Commentaire de Michel Cool-Tadel :
« Puisse le courage de cette femme, de cette évêque, de cette chrétienne nous rappeler que la vocation chrétienne dans une société, n’est pas de s’écraser devant les puissants, politiques ou commentateurs en vogue, ou les majorités circonstancielles de l’opinion. Elle n'est pas non plus de prendre pour argent comptant la récupération idéologique qui peut être faite de la religion, de la foi même. Au contraire, à l'exemple de Marianne Edgar Budde on peut respectueusement, mais sans tergiverser, contredire et remettre à sa place un pouvoir, une politique, une idéologie même et surtout quand ceux-ci sont au zénith, jouissent de la gloire et de la popularité.
C'est l'honneur chrétien de faire entendre la liberté chrétienne quand la dignité humaine est menacée ou bafouée. 
Les réalités de notre temps dur, dangereux et difficile ne souffrent plus la naïveté, ni l’indifférence ou l’"aquoibonisme » (« à quoi bon ? ») fustigé naguère par Bernanos. L’heure est à la clairvoyance et au courage.
Pour reprendre la judicieuse métaphore de la truite, qu’employait souvent feu le cardinal Godfried Danneels (ancien archevêque de Malines-Bruxelles), le chrétien est appelé à nager souvent à contre-courant. Et que pour ce faire, il lui faut puiser de l'audace, de la liberté et de l'intelligence dans le seul trésor qu’il possède : l’Evangile, rien que l’Evangile, ni plus, ni moins. »